Gilles Meloche a concédé 2756 buts au cours de sa carrière de 18 saisons dans la LNH. Deux mille sept cent cinquante-six buts! Ce sont des buts en Simonac! Et oui: c'est un record. Un triste record que le gardien qui s'est retrouvé devant le filet d'équipes aussi moribondes que les Golden Seals de la Californie, les Barons de Cleveland, les North Stars de Minnesota et les Penguins de Pittsburgh, avant qu'ils ne soient bons, partage avec Grant Fuhr.

Grant Fuhr a cinq conquêtes de la Coupe Stanley et cinq bagues qui les commémorent pour faire contrepoids à ce record.

Gilles Meloche? Il a l'expérience d'avoir accordé tous ces buts. Une expérience auréolée de 351 revers en carrière. Un autre total astronomique qui le place au troisième rang dans l'histoire de la LNH derrière Martin Brodeur (371), Gump Worsley et Curtis Joseph (352).

Quand tu accordes autant de buts, que tu encaisses autant de défaites, mais que tu demeures sain d'esprit, c'est que tu as une «dureté du mental» exceptionnelle et qu'à l'exception de la fin du monde, pas grand-chose ne peut t'ébranler.

Quand il a vu Marc-André Fleury perdre ses repères devant son filet, perdre les trois matchs de la série et aussi perdre sa confiance, Gilles Meloche est loin d'avoir paniqué. Même qu'après avoir passé deux jours à remodeler sa technique qui en avait pris un coup et à rebâtir une confiance qui en avait pris un plus gros encore, Gilles Meloche a lancé un message sans équivoque à Marc-André Fleury avant le quatrième match de la série.

«Je lui ai dit qu'il lui était encore possible de gagner le Conn-Smythe cette année», lance l'entraîneur des gardiens des Penguins.

Rien que ça!

«On est encore dans le trouble. Mais si on passe à travers, que Marc-André garde les buts comme il est capable de le faire et qu'on se rend jusqu'au bout, les trois premiers matchs de la série contre les Flyers seront un mauvais souvenir et oui, il pourrait gagner le Conn-Smythe», a insisté Meloche lorsque j'ai souligné qu'il plaçait la barre un peu haut pour son gardien qui affiche une moyenne de 5,43 buts accordés par match et une efficacité de 81,7% jusqu'ici en séries.

Sans oublier que son gardien et le reste de l'équipe feront face à l'élimination encore ce soir.

Supplice de la goutte

Pour appuyer sa source de motivation sur des bases solides, Gilles Meloche a assis son jeune gardien devant un écran. Il a ensuite fait défiler tous les buts accordés lors des trois premiers matchs.

Tous les buts? Tous les buts. Une tactique qu'on pourrait associer au supplice de la goutte.

«Au contraire, plaide l'entraîneur des gardiens des Penguins. On a perdu le premier match 4-3 en prolongation. Sur les quatre buts, Marc-André ne pouvait rien. Dans les deuxième et troisième parties, ça s'est mis à ressembler à une machine à boules. Marc-André bougeait trop, il donnait des retours et les dirigeaient mal. Mais en regardant tout ça calmement, on a déterminé qu'il avait donné quatre mauvais buts, que quatre autres ne seraient pas entrés s'il avait été au sommet de sa forme et qu'il ne pouvait se blâmer sur les autres. Au lieu d'être écrasé sous le poids des 17 buts, on a travaillé sur ceux qu'il fallait racheter», a expliqué Meloche qui a aussi rappelé une chose essentielle à son poulain.

«Je lui ai surtout dit de s'amuser. Marc-André a besoin d'avoir du plaisir pour être à son meilleur. Quand il sourit, je suis confiant. Je sais que ça va aller. Il a retrouvé son sourire mercredi. C'est ça de gagné.»

Temps d'arrêt salutaire ou incendiaire?

Si Marc-André Fleury et son entraîneur personnel ont retrouvé le sourire, l'entraîneur-chef des Flyers, Peter Laviolette, a perdu le sien lors de la dégelée de 10-3 encaissée mercredi.

Il dissimulait d'ailleurs très mal la rage qui l'a envahi lorsque Dan Bylsma, malgré une avance de sept buts, a réclamé un temps d'arrêt en fin de troisième période.

Ce temps d'arrêt n'avait rien à voir avec un quelconque affront à l'endroit des Flyers, assurait-on dans le camp des Penguins hier.

Comment le justifier alors?

«Dan a simplement protégé Marc-André, a plaidé l'entraîneur des gardiens Gilles Meloche. Notre quatrième trio était sur la patinoire. Il venait de commettre un dégagement refusé. Les Flyers sortaient leurs gros canons et Dan a simplement réclamé le temps d'arrêt pour reposer nos gars afin de minimiser les risques de but. Marc-André n'ayant pas concédé de but depuis la première période, on voulait simplement qu'il termine le match sur une note positive.»

Des Flyers en confiance

Malgré la défaite de la veille, malgré les 10 buts accordés par leurs gardiens Ilya Bryzgalov et Sergei Bobrovsky, malgré l'éveil de la machine offensive des Penguins, les Flyers affichaient une confiance solide avant de mettre le cap sur Pittsburgh.

Statistiquement, les Flyers ont raison d'être confiants. Ils n'ont encore jamais perdu une série après s'être offert une avance de 2-0.

Et bien que les Penguins soient capables d'enfiler des victoires en séries - ils ont d'ailleurs connu des séquences de huit et onze gains consécutifs au cours de la saison régulière -, les Flyers n'ont jamais encaissé plus de deux revers de suite en temps réglementaire cette année. Ils ont connu six séquences de deux défaites consécutives et une seule de trois revers alors qu'ils ont ajouté une défaite en fusillade de 1-0 aux mains des Islanders de New York après deux revers consécutifs contre les Rangers et les Devils.

«Nous sommes encore au bord du précipice. Mais il fallait commencer par en gagner une. On l'a fait. On doit profiter de notre retour à la maison pour ajouter une victoire et soudainement, la pression commencera à les rattraper. La série n'est pas finie», a conclu Gilles Meloche.

Photo: Reuters

Marc-André Fleury