Ce n'est certainement pas parce qu'il lui a souhaité le plus amicalement du monde la meilleure des chances que la LNH a imposé à Zenon Konopka, des Sénateurs d'Ottawa, une amende de 2500 $ pour «commentaires désobligeants» à l'endroit d'un joueur des Rangers qui accordait une entrevue lors de l'échauffement avant le match de samedi dernier au Madison Square Garden.

Je ne sais pas ce que Konopka a dit samedi. Je ne sais pas non plus sur quel ton il l'a dit. Mais il mérite certainement l'amende qu'il a reçue. En plus, 2500 $, c'est de la menue monnaie pour un joueur de la LNH. Même pour un Zenon Konopka.

J'espère toutefois que l'homme fort et joueur d'utilité des «Sens» sera épargné par la LNH pour ses commentaires reliés au fait que lui et les joueurs de sa catégorie sont victimes d'une politique évidente du deux poids, deux mesures lorsque vient le temps d'être pénalisés par les arbitres ou d'être sanctionnés par Brendan Shanahan. «Je ne suis pas d'accord avec cette réalité. Mais elle est là, elle existe», a lancé Konopka avant de défiler des explications.

«Si tu as la réputation d'être un salaud sur la glace, si tu affiches le plus de minutes de pénalité de ton équipe, c'est évident que les arbitres vont t'avoir à l'oeil. C'est même normal.»

Cette «normalité», les Konopka et Matt Carkner, des Sénasteurs, Byron Bitz, des Canucks, et Carl Hagelin, des Rangers l'ont encaissée depuis le début des séries.

Mais est-ce normal que l'excellent James Neal - auteur de deux buts dans le match Penguins-Flyers dimanche - s'en tire sans pénalité pour l'assaut et l'obstruction dont il s'est rendu coupable aux dépens de Sean Couturier, des Flyers, sur un même jeu?

Est-ce normal qu'Alexander Ovechkin s'en tire sans même une amende bien qu'il ait asséné un double-échec au visage de Dennis Seidenberg des Bruins de Boston plus tôt en séries?

«Je ne dis pas ce que c'est normal. Je ne dis pas que c'est bon, que c'est mauvais, que c'est acceptable ou non. Je dis que c'est une réalité. Peut-être que cela devrait être débattu avec les autorités de la Ligue. Sans doute, même. Mais d'ici là, un gars comme moi a la responsabilité d'assumer le rôle qu'on lui demande de remplir. Lorsque j'ai été ajouté à la formation samedi, les joueurs des Rangers ont compris ce que ma présence signifiait. Les arbitres aussi. C'était ma responsabilité de rester dans les limites du raisonnable. Surtout que mes limites sont plus serrées que celle de certains autres», a ajouté Konopka.

Pression, émotion, frustration

Joueur de centre qui excelle aux cercles des mises en jeu, mais qui sait aussi, et surtout, se servir de ses larges épaules et de ses poings impressionnants, Zenon Konopka est loin d'unir sa voix à celles des amateurs et observateurs qui décrient les excès de violence depuis le début des séries. Même qu'il a particulièrement apprécié le tumultueux match de dimanche entre les Penguins et les Flyers.

Photo: AP

Alexander Ovechkin et Dennis Seidenberg

«Je voulais regarder cinq minutes de la partie et je suis resté jusqu'à la fin. J'ai comme l'impression qu'ils n'ont pas vendu beaucoup de bière à "Philly" tellement les fans étaient rivés à leurs sièges pour ne rien manquer du spectacle. Ce sont les séries. C'est le plus beau temps de l'année. Il y a de l'émotion. De la frustration. Cela alimente les rivalités et ça donne ce que ça donne. Pourquoi pensez-vous que Sidney Crosby s'est battu avec Claude Giroux et qu'il a cherché le trouble comme il l'a fait? Parce qu'il n'a pas joué de l'année et qu'il sent les séries lui filer entre les doigts. C'est ça, la pression», a commenté Konopka.

Si Zenon Konopka reconnaît que la LNH affiche une politique du deux poids, deux mesures en matière de sanctions, son coéquipier Jason Spezza ne croit pas que cette réalité soit à la base des excès relevés au cours de la dernière semaine. Et il refuse d'interpréter comme un feu vert invitant les joueurs à revenir au hockey d'antan la décision qu'a prise Brendan Shanahan de fermer les yeux sur le geste de Shea Webber - l'excellent défenseur et capitaine des Predators de Nashville a pourtant envoyé le nom moins excellent Henrik Zetterberg des Red Wings tête première dans la baie vitrée trois fois plutôt qu'une.

«Les motifs sont beaucoup plus simples. Les équipes de 6e, 7e et 8e places peuvent surprendre les clubs favoris en première ronde en raison de la parité. Et quand tu croises les mêmes gars tous les deux soirs au lieu de les voir tous les deux mois ou les deux semaines, il se développe rapidement une rivalité. Une haine. C'est de cette haine que naissent les débordements. Sans oublier qu'une fois en séries, tout ce que tu fais de bien ou de moins bien a des répercussions beaucoup plus grandes qu'en saison régulière», analysait Spezza.

À Shanahan de jouer

S'il a commis une grave erreur à mes yeux en affichant une clémence complètement injustifiée à l'endroit de Shea Weber et aussi d'Alexander Ovechkin, Brendan Shanahan pourra se reprendre aujourd'hui.

Photo: Reuters

Sidney Crosby et Claude Giroux

Dans un premier temps, il mettra un terme avant le temps à la saison d'Arron Asham pour son coup de bâton au visage de Brayden Schenn. Convoqué au bureau de Shanahan à New York au lieu d'être assigné à une comparution téléphonique, Asham écopera d'au moins cinq matchs. Et ce sera pleinement mérité.

Mais j'ai hâte de voir ce qu'il fera dans le cas de James Neal. Non seulement l'attaquant vedette des Penguins a frappé sournoisement Sean Couturier, mais il s'est permis un assaut dangereux en visant la tête de Claude Giroux dès la présence suivante.

Neal se défendra par téléphone. Il écopera donc de moins de cinq matchs, mais il subira deux comparutions distinctes. Il y a donc un brin, ou deux, d'espoir...

Photo: Reuters

Brayden Schenn et Aaron Asham