Parce qu'il met en vedette Sidney Crosby, parce qu'il oppose les deux meilleures attaques de la LNH cette saison et trois des meilleurs joueurs de centre en Crosby, Evgeni Malkin et Claude Giroux, parce qu'il souligne les retours de Jaromir Jagr et de Maxime Talbot à Pittsburgh en séries éliminatoires, mais dans le camp ennemi, le duel Flyers-Penguins s'annonce comme le meilleur des huit affrontements en première ronde. Le plus intéressant. Le plus relevé. Le plus spectaculaire.

«Ce sera aussi le plus intense», dit avec conviction l'ancien gardien Gilles Meloche, entraîneur et parrain de Marc-André Fleury chez les Penguins.

Le mot intensité n'est pas assez fort pour qualifier la haine qui oppose les joueurs des deux équipes. Le costaud et robuste attaquant Scott Hartnell a d'ailleurs parlé de «bain de sang» pour illustrer ce à quoi pourrait ressembler la guerre dont les premiers assauts seront lancés ce soir - 19h30 à RDS et à TSN - à Pittsburgh.

«On se déteste autant que le Canadien et les Nordiques dans le temps. Les gens des deux villes se détestent. Les journalistes se détestent. Pittsburgh, c'est comme Québec, la petite ville, alors que Philadelphie, c'est la grande ville», explique Meloche qui a suivi, de loin, la bataille de la 20 à la belle époque des Bleus et du Tricolore.

Les deux équipes ont donné un aperçu de l'ampleur d'un éventuel «bain de sang» le 1er avril dernier lorsque la fin du match Flyers-Penguins - victoire de 6-4 des Flyers à Pittsburgh - s'est terminée dans le tumulte le plus complet avec des bagarres et des assauts contre Sidney Crosby et Daniel Brière.

Même les entraîneurs Dan Bylsma (Pittsburgh) et Peter Laviolette (Philadelphie) se sont montrés du doigt avant de s'insulter et de se menacer.

Le hockey dans tout ça?

Est-ce que toute cette haine latente dans l'ADN des joueurs des deux équipes ternira le spectacle enlevant que les amateurs de hockey - pas juste ceux qui vénèrent la robustesse - sont en droit d'attendre?

«Ça va être dur. Surtout si les Flyers pensent qu'ils pourront nous intimider. Nous sommes solides physiquement nous aussi. On a des gars capables de distribuer de solides mises en échec et aussi de s'imposer si jamais ça tourne mal. Mais ça fait trois jours que lors des entraînements, des réunions et des rencontres, nous insistons sur la discipline et sur l'importance de ne jamais se laisser attirer dans les échauffourées après les coups de sifflet. C'est ce qui a été le plus difficile lors des matchs entre nous cette année», a convenu Gilles Meloche.

Quant au hockey?

«Ce sera toute une série», promet l'entraîneur des gardiens des Penguins. Un entraîneur qui affiche la plus grande confiance à l'endroit de son protégé.

«Marc-André vient de terminer sa meilleure saison en carrière. Et je ne parle pas seulement de ses 42 victoires qui le placent deuxième dans la Ligue, de sa moyenne (2,36) ou de son efficacité (91,3%). Je parle de lui. De son attitude. Du fait qu'il a été constant du début à la fin de l'année. Il a minimisé les mauvaises sorties. Mieux encore, il a réussi à mettre de côté un moins bon match, ou un mauvais but.»

Deux clubs en santé

Plus encore que les promesses d'une série physique, le fait que les deux clubs soient en bonne santé est un gage de la qualité du hockey qu'ils devraient offrir.

Malgré les absences des Sidney Crosby (60 matchs), Kristopher Letang (31 matchs), Tyler Kennedy (22 matchs), Jordan Staal (20 matchs) et Evgeni Malkin (7 matchs), les Penguins ont su gagner et surtout marquer 273 buts. Le plus haut total de la LNH, 13 buts de plus que les Flyers et les Bruins de Boston.

En plus de compter sur les trios de Malkin et de Crosby, les Penguins miseront sur Jordan Staal pour freiner le premier trio des Flyers.

Autre facteur important favorisant les Penguins: l'expérience. Onze joueurs qui ont transporté la Coupe Stanley en 2009 sauteront sur la patinoire du Consol Energy Center ce soir.

Dans le camp des Flyers, on retrouvera six recrues: six joueurs qui devront composer avec la pression des séries pour la première fois. Ils ont donné 64 buts aux Flyers. Matt Read (24 buts, 47 points), Sean Couturier (13 buts, 27 points) et Brayden Schenn (12 buts, 18 points) ont fait largement leur large, mais l'expérience ne s'achète pas.

Parlant d'expérience, les Flyers ont gagné quatre des six matchs en saison régulière entre les deux équipes.

«Ça ne nous intimide pas du tout, car nous avons été dans le coup dans toutes ces rencontres», a plaidé Gilles Meloche.

En séries, les Penguins ont gagné les deux dernières séries en six (2009) et en cinq (2008). Les Flyers ont toutefois remporté les trois premiers duels printaniers opposant les deux clubs.

La logique et la très grande majorité des observateurs favorisent les Penguins. Les prochains jours leur donneront sans doute raison. Mais parce qu'il y aura au moins une ou deux surprises en première ronde, je crois que les Flyers en réaliseront toute une.

Bonnes séries!

Photo: Reuters

Une série de bagarres, d'empoignades et d'altercations a marqué la fin du match entre les Flyers et les Penguins le 1er avril.