Pas question de frapper sur un club qui a déjà les deux genoux rivés dans la glace. Mais on peut lancer sans grand risque de se tromper que le Canadien sera évincé des séries éliminatoires l'an prochain encore, si Scott Gomez est toujours à Montréal.

Le gaspillage en temps et en argent dans le cas de Gomez est tellement documenté qu'il est temps de tourner la page. Grand temps. Et tant qu'à le payer à ne rien faire à Montréal, aussi bien le payer à ne rien faire dans les ligues mineures. Le Canadien pourra ainsi libérer 7,357 millions sous le plafond salarial pour payer Carey Price et P.K. Subban qui attendent de nouveaux contrats. Pour payer aussi les autres joueurs qui seront nécessaires pour permettre au Canadien de se sortir du dernier rang dans l'Est et d'amorcer son ascension vers les séries.

Et il en faudra plusieurs...

Car si l'on peut prévoir l'élimination du Canadien l'an prochain dans l'éventualité d'un retour de Gomez, on peut aussi avancer que le même sort guettera le Tricolore si Petteri Nokelainen, Mike Blunden, Blake Geoffrion, Aaron Palushaj, Brad Staubitz ou Andreas Engqvist sont du nombre des 12 premiers attaquants. Et que Raphael Diaz, Yannick Weber ou Chris Campoli sont de la formation à la ligne bleue lors du premier match de la saison 2012-2013.

Tomas Kaberle? Le Canadien est prisonnier de son contrat. Et à moins que Geoff Molson accepte de payer Kaberle en plus de Gomez à ne rien faire l'an prochain, le défenseur tchèque sera à Montréal.

Manque criant de profondeur

Pourquoi souhaiter que tous les autres joueurs ont vidé leurs casiers pour de bon hier?

Parce qu'ils sont en partie responsables des déboires du Canadien au cours de la dernière saison. Mais surtout parce qu'ils n'apportent rien en guise de solution pour l'an prochain.

Ces joueurs sont des cols bleus. Des gars des ligues mineures qui devraient apparaître dans le vestiaire du Canadien pour pallier des blessures. Sans plus. Des joueurs qu'on veut voir le moins souvent possible et surtout le moins longtemps possible.

Photo: Olivier PontBriand, La Presse

Le Canadien ratera encore les séries la saison prochaine si Scott Gomez est encore dans les parages.

Ryan White pourrait occuper la liste des attaquants superflus. Je l'ai gardé à l'écart parce qu'il pourrait piloter un quatrième trio flanqué de Travis Moen et Mathieu Darche.

Je préférerais voir White dans un rôle de 13e attaquant, mais comme le Canadien aura bien d'autres trous à combler, des trous plus imposants, peut-être que White se retrouvera avec un rôle de partant en octobre prochain.

Mais ce ne sera pas une bonne nouvelle.

Car s'il débute la saison au centre du 4e trio, ça voudra dire qu'on devra lui offrir des responsabilités accrues aussitôt qu'il y aura des blessés.

Et comme il y aura encore des blessés, le Canadien battra encore de l'aile et glissera au classement si White doit encore évoluer au sein d'un troisième, voire d'un deuxième trio, comme cela a été le cas trop souvent cette année.

Ça prend des bons joueurs pour gagner. Et le Canadien devra en trouver au moins un à l'attaque et un autre en défense pour se sortir du merdier dans lequel il a patiné tout l'hiver.

Mais ça prend aussi de la profondeur pour combler les absences de ces bons joueurs qu'elles soient attribuables à des blessures ou à des soirées de congé prises de temps en temps...

Et de la profondeur, le Canadien n'en avait pas cette année. Et il est loin d'être acquis qu'il en aura beaucoup l'an prochain.

Respecter les étapes

Oui, le Canadien profitera de l'un ou l'autre des quatre premiers choix au repêchage. Ça lui permettra de mettre la main sur un prospect de premier plan. Mais aucun des jeunes susceptibles d'être réclamés si tôt à Pittsburgh en juin ne pourra évoluer à Montréal l'automne prochain.

Pas plus que les autres prospects du Canadien. Oui, Brendan Gallagher, Nathan Beaulieu, Jarred Tinordi ont fait bonne impression lors du dernier camp d'entraînement. Oui, ils ont connu de bonnes saisons dans les rangs juniors. Tout comme Danny Kristo dans les rangs collégiaux américains. Mais il serait périlleux de leur demander de faire le grand saut en octobre. Car plusieurs dépisteurs croisés au cours des dernières semaines, des professionnels qui les ont vus évoluer cet hiver, assurent qu'ils ont encore besoin de se faire la main dans la Ligue américaine avant de venir aider le Canadien.

Même Louis Leblanc bénéficierait d'un tel séjour de formation. Une formation dont il a été privé cette année parce que les joueurs qui gravitaient autour du vestiaire du Canadien étaient déjà moins bons que lui.

Leblanc a la vitesse, la fougue et le talent pour jouer dans la LNH. Mais il n'a pas encore l'expérience et la force nécessaire pour y bien jouer soir après soir. Mais, comme dans le cas de Ryan White, il obtiendra peut-être un passe-droit en raison des autres problèmes du Tricolore.

Car avant de penser à remplacer Leblanc au sein d'un troisième trio qu'il pourrait compléter avec Lars Eller et Rene Bourque, il faudra un attaquant solide pour appuyer Tomas Plekanec et le capitaine Brian Gionta au sein du deuxième trio l'an prochain. Si Gionta peut assumer ce mandat encore l'an prochain. Ce qui n'est pas acquis.

Pas de temps à perdre

Propriétaire du Canadien, Geoff Molson a indiqué que lui et son conseiller Serge Savard prendront le temps nécessaire pour sélectionner le prochain directeur général, les membres de l'équipe qui l'entourera. On veut bien. Mais avec un nouvel entraîneur-chef et sans doute de nouveaux adjoints à embaucher et tous les trous à combler au sein de la formation du Canadien, il n'y a pas de temps à perdre afin de compléter la longue liste de choses à faire dont le prochain DG héritera.

À moins que la saison soit retardée de quelques semaines, voire de quelques mois, ou qu'elle soit carrément annulée en raison d'un conflit qui pourrait découler des négociations qui s'annoncent difficiles dans le but de signer une nouvelle convention collective.

Une menace aussi sérieuse qu'une éventuelle absence du Canadien en séries éliminatoires l'an prochain encore si l'alignement n'est pas renfloué au cours de l'été.

Photo: Olivier PontBriand, La Presse

Ryan White pourrait piloter un quatrième trio flanqué de Travis Moen et Mathieu Darche, l'an prochain.