Mes parents m'ont enseigné tout jeune qu'il n'y avait rien de beau et de glorieux à jouer les paniers percés. Que c'était même laid et lâche. Le traitement réservé aux «bavasseux» dans les cours d'école a complété cette portion d'éducation selon laquelle le silence est d'or.

Tout ça est bien beau.

Mais la condamnation de Graham James, plus tôt cette semaine, a fait la preuve par mille que ce grand principe doit parfois être transgressé. Elle a également mis en évidence qu'il faut de très grandes doses de courage et de fierté pour permettre aux victimes de dénoncer les auteurs d'actes aussi abominables que les agressions sexuelles dont cet homme s'est rendu coupable. Un monstre qui, avant de se cacher sous une cagoule rouge à son entrée au palais de justice de Winnipeg, était camouflé dans un habit d'entraîneur-chef au hockey mineur. Un monstre qui a gâché des vies et des carrières.

Combien? On ne le sait malheureusement pas.

Les histoires de Theoren Fleury et de Sheldon Kennedy, ses deux victimes les plus médiatisées, et celles de leurs amis qui les ont devancés ou suivis dans le bureau de leur bourreau permettent de croire que la liste est longue. Trop longue.

La peine de deux ans imposée à Graham James a été ridiculisée par ses victimes. On les comprend facilement. Aucune sentence «civilisée» ne pourrait rendre justice à ces hommes qui étaient encore des enfants lorsqu'il a abusé de leur confiance et de sa position d'autorité pour ensuite les agresser sexuellement.

Mais bien au-delà de cette sentence, c'est la victoire, aussi mince soit-elle, des victimes aux dépens de leur bourreau que l'on doit mettre en évidence. Que l'on doit propager comme une très bonne nouvelle.

Pourquoi?

Pour qu'un jeune Theoren Fleury qui vit le double drame de l'agression et de la crainte de dénoncer son bourreau, pour que tous les jeunes, garçons et filles, qui sont dans cette terrible situation sachent que cette dénonciation ne sera pas ridiculisée, mais bien récompensée.

Tous les Graham James doivent être jugés. S'ils sont coupables, ils doivent être punis le plus sévèrement possible. Mais pour y arriver, on doit d'abord les dénoncer.

Racheter Gomez? S'il est en santé!

Parce que le Canadien est éliminé et que tous les gens concernés se tournent maintenant vers les solutions à apporter pour relancer l'équipe l'an prochain, le rachat du contrat de Scott Gomez s'est retrouvé au centre de l'attention médiatique cette semaine. Rien de plus normal.

Ce qui l'est moins, c'est qu'on prétende à droite et à gauche que ce rachat est chose faite. Victime des contrecoups d'une commotion cérébrale, Gomez a raté un cinquième match consécutif, hier. Le 37e cette saison. Dans toutes les spéculations lancées cette semaine, on a oublié de spécifier que pour faire l'objet d'un rachat - entre les 15 et 30 juin prochain -, Scott Gomez devrait d'abord être en santé. S'il est toujours blessé, le Canadien ne pourra se prévaloir de l'opportunité de racheter son contrat aux deux tiers du salaire qu'il doit lui verser au cours des deux prochaines années. Cela représente une somme de 6,666 millions.

On a aussi oublié de dire qu'un rachat n'est pas nécessairement à l'avantage du Canadien. Car s'il économisera autour de 3 334 000 dollars, le Tricolore traînera pendant quatre ans les conséquences de ce rachat. Même quand Gomez sera parti - et jouera sans doute au rabais pour une autre équipe -, le Canadien lui consacrera 3 523 810 dollars sur sa masse salariale l'an prochain, 4 523 810 dans deux ans et 1 666 667 dollars pour les 3e et 4e années de cette période d'amortissement.

Ce n'est pas rien.

La meilleure façon de se «débarrasser» de Scott Gomez, et surtout de son contrat, serait de l'échanger. Un scénario envisageable si l'on considère que l'équipe qui ferait son acquisition - une équipe «pauvre» qui aurait besoin d'un contrat gonflé pour atteindre le plancher salarial - n'aurait que 5,5 et 4,5 millions à payer lors des deux prochaines années, tout en inscrivant une moyenne de 7 357 153 dollars annuellement sur sa masse.

Méchante aubaine! Ne riez pas...

Si ce scénario ne se réalise pas, le Canadien pourra toujours offrir Gomez au ballottage à la fin du prochain camp d'entraînement. Toutes les équipes lèveront le nez sur lui. Le Tricolore pourra alors le céder à son club-école ou le prêter à une autre formation de la Ligue américaine ou d'un circuit européen. Geoff Molson devra bien sûr lui verser son plein salaire, mais il libérera 7 357 153 dollars sur la masse salariale de son équipe. Une marge de manoeuvre dont le prochain directeur général - si Pierre Gauthier est remplacé à la fin de la saison - devra s'assurer de profiter, et non de la gaspiller comme l'a fait Bob Gainey lorsqu'il a eu l'idée de génie de libérer les Rangers du fardeau financier que représentait Gomez - les Blue Shirts en ont profité pour acquérir Marian Gaborik - et de leur donner en prime l'excellent jeune défenseur Ryan McDonagh. Et dire que Monsieur Bob est toujours avec l'équipe et qu'il a son gros mot à dire sur les grandes orientations et les grands objectifs de l'équipe et des moyens à prendre pour les atteindre.

Simonac!