Patrick Roy est certainement un candidat vedette pour hériter du job d'entraîneur-chef du Canadien. Sans doute le candidat le plus populaire. Peut-être aussi le meilleur en lice malgré son inexpérience dans les rangs professionnels.

Mais s'il est plausible, voire probable, que l'ancien gardien devienne le 37e entraîneur-chef de l'histoire du Tricolore, son embauche n'est pas encore chose faite.

Sur les médias sociaux hier, on laissait entendre que Geoff Molson et Patrick Roy s'étaient déjà entendus sur les modalités d'un contrat et de la façon dont ils entendaient s'y prendre pour relancer cette jadis glorieuse équipe.

La nouvelle a donné lieu à une séance de téléphone arabe étourdissante. Elle a soulevé des tas de questions et commentaires sur Twitter. Il ne manquait qu'une page de «bienvenue Patrick» sur Facebook pour compléter le portrait médiatique. Remarquez qu'elle a peut-être été créée et que c'est moi qui ne suis pas arrivé à la trouver.

«Si je me fie aux rumeurs, Patrick a même déjà acheté sa maison sur la Rive-Sud et les photos circulent sur internet», m'a lancé, avec une ironie évidente, une source digne de foi avec laquelle j'ai pris contact dans la belle ville de Québec hier.

Cette source et les autres appelées hier ne sont pas obligées de me dire la vérité, seulement la vérité et d'ajouter qu'elles le jurent en posant la main droite sur le coeur.

Mais les informations que j'ai obtenues hier m'indiquent ceci: si le téléphone arabe a fonctionné toute la journée, et Dieu sait qu'il a fonctionné, le vrai téléphone, lui, celui qui se trouve sur le coin du bureau de Patrick Roy au Colisée Pepsi, ou l'autre, le cellulaire qu'il traîne dans ses poches, n'ont pas sonné ou vibré hier.

Pas plus qu'avant-hier ou que la semaine dernière. Ils sonneront peut-être aujourd'hui. Demain. Bientôt. Mais ils n'ont pas encore sonné.

Cela dit, encore échaudés par le fiasco médiatique entourant la nomination de Randy Cunneyworth en remplacement de Jacques Martin le 17 décembre dernier, Geoff Molson et le Canadien auraient pu réaliser un coup fumant dimanche. Imaginez la vague le long de la rue Sainte-Catherine, s'ils avaient confirmé le retour de Saint-Patrick en le faisant défiler sur une grande plateforme bleue, blanche et rouge - avec une touche de vert - en pleine parade de la Saint-Patrick.

Ils essaieront peut-être lors du défilé de la Saint-Jean-Baptiste. Où celui de la fête du Canada. Ça aidera à patienter jusqu'au prochain défilé de la Coupe Stanley.

Qu'est-ce qu'on fait du directeur général?

Loin de moi l'intention de ridiculiser les informations qui ont déferlé hier quant à l'embauche de Patrick Roy.

Mais un détail m'agace: qui sera le boss de Patrick Roy? À moins que Geoff Molson n'ait décidé d'ajouter le rôle de directeur général aux rôles de proprio, gouverneur et président qu'il occupe actuellement, il me semble qu'il serait important de choisir le prochain DG avant de lui mettre dans les pattes un coach aussi flamboyant que Patrick Roy.

Vous ne pensez pas?

Et si Geoff Molson avait décidé de garder Pierre Gauthier en poste et de lui imposer ce choix, que vous demandez?

Je doute fort que Geoff Molson gracie Pierre Gauthier une fois l'une des pires saisons de l'histoire du Canadien sur la glace comme dans l'opinion publique terminée. Mais je doute encore davantage que Pierre Gauthier accepterait d'être le pantin de son propriétaire.

Julien? Vigneault? Muller?...

Parce que Geoff Molson a reconnu son erreur, ou celle de son équipe, dans le tumulte qui a suivi la nomination d'un entraîneur-chef unilingue anglophone, le prochain «coach» du Canadien sera bilingue. Un critère qui hisse Patrick Roy au-dessus de la mêlée.

Mais si les Bruins de Boston devaient passer de champions de la Coupe Stanley à club éliminé dès la première ronde et que Cam Neely arrivait finalement à avoir la tête de Claude Julien, est-ce que celui qui a fait le saut dans la LNH à Montréal pourrait revenir à la barre du Canadien?

Est-ce qu'Alain Vigneault deviendrait lui aussi un candidat de premier plan dans l'éventualité d'un congédiement attribuable à une sortie aussi hâtive qu'inexcusable des Canucks en séries?

Six entraîneurs du Canadien ont fait deux séjours derrière le banc déjà. Ce ne serait donc pas un accroc à l'histoire. En plus, il est très clair que Julien, tout comme Vigneault et on pourrait facilement ajouter les noms de Michel Therrien et de Guy Carbonneau à cette liste, seraient de bien meilleurs entraîneurs demain, qu'ils ne l'étaient lors de leurs premiers séjours à Montréal.

Et si le Canadien avait gardé Kirk Muller dans son giron l'an dernier. Si Pierre Gauthier lui avait confié les Bulldogs à Hamilton au lieu de le laisser filer avec les Predators de Nashville d'abord, et les Hurricanes de la Caroline ensuite, peut-être que le Tricolore aurait un candidat intéressant à soumettre à ses fans en Kirk Muller.

Oui! «Captain Kirk» ne parle pas français. Et le français est plus qu'important à Montréal. Il est essentiel. Mais la question mérite d'être posée. Car en Muller, le Canadien compterait sur un candidat populaire qui aurait peut-être pu louvoyer entre les écueils reliés à la barrière de la langue.

En plus, Muller prouve sa valeur à titre d'entraîneur dans la LNH. Il n'a pas hérité d'une puissance lorsque Jim Rutherford lui a confié les Hurricanes. Que non! Mais après un début difficile en Caroline - dossier de 10-11-5 après 26 matchs - Muller présente une fiche de 11-5-6 depuis la pause du match des Étoiles.

Ce n'est pas rien.

Mais bon! Muller étant sous contrat pour les trois prochaines saisons, on en reparlera une fois ce contrat écoulé. À moins qu'il ne soit congédié d'ici là, permettant ainsi au téléphone arabe de se remettre à sonner...

Photo: Martin Roy, Le Droit

Il n'y a pas encore eu de coup de fil du Canadien à Patrick Roy pour le poste d'entraîneur-chef du Tricolore.