Ce n'est pas l'an prochain que la ligne rouge sera réinstaurée dans la LNH ou qu'une prolongation supplémentaire à trois contre trois précédera la séance de tirs de barrage.

Ces idées ont été mises en terre, hier, dans le cadre de la réunion des directeurs généraux. Mais il faudra beaucoup plus que le soleil de la Floride pour les faire germer. Il faudra du temps. Combien de temps? Beaucoup si l'on tient compte du degré de satisfaction des directeurs généraux croisés à leur sortie de la première journée de réunion.

«La LNH offre le meilleur hockey de son histoire, il n'est donc nullement nécessaire d'adopter des changements majeurs», a dit avec son éloquence habituelle Brian Burke, directeur général des Maple Leafs de Toronto, dont les propos résumaient la position de l'ensemble de ses homologues.

Sidney Crosby est pourtant toujours à l'écart du jeu. Le capitaine des Penguins n'a disputé que huit matchs depuis le 5 janvier 2011. Ce qui n'aide en rien la cause de la LNH dans la guerre qu'elle livre aux coups à la tête et à leurs conséquences.

Commotions: équilibre atteint?

«Il est impossible d'éliminer les commotions. Le hockey demeure un sport rude et les joueurs qui atteignent la LNH n'ont jamais été aussi costauds, rapides et forts. Nous avons la responsabilité de trouver le meilleur équilibre possible entre leur sécurité et la robustesse sans laquelle le hockey ne serait plus le hockey, et je crois que nous l'avons pratiquement atteint», a lancé Ken Holland, directeur général des Red Wings de Detroit.

Bien que ses Flyers de Philadelphie aient été sérieusement frappés par les commotions - Claude Giroux, Chris Pronger, Daniel Brière et James van Riemsdyk en ont tous souffert cette année -, Paul Holmgren a offert un vote de confiance inconditionnel à Brendan Shanahan et à la LNH pour contrer ce fléau.

«Le nombre de matchs perdus en raison des commotions a augmenté parce que tous les clubs affichent plus de prudence. Ils font des diagnostics rapides et prolongent la période de convalescence. Le fait que le nombre de matchs perdus et non celui des commotions soit à la hausse représente donc à mes yeux une bonne nouvelle», a souligné le DG des Flyers.

Shanahan prépare ses séries

Appuyé de statistiques et de bandes vidéo, Shanahan a profité de la journée d'hier pour préparer les séries éliminatoires. Exemples à l'appui, il a justifié ses décisions de suspendre ou de blanchir des joueurs accusés de collision avec un gardien, de mise en échec par-derrière, ou de coups dangereux.

«J'ai volontairement fait le point à six semaines des séries. Ils respectaient tous les décisions que nous avons prises cette saison. J'espère que ça m'évitera des appels à 23h30 les soirs de matchs éliminatoires», a dit, ironique, le vice-président responsable de la sécurité des joueurs.

Loin de triompher et bien conscient qu'un geste disgracieux effaçait à lui seul cinq ou six semaines de jeu propre, Shanahan a assuré que l'attitude de respect était de plus en plus apparente sur la patinoire. Il a présenté plusieurs séquences démontrant un changement de direction ou carrément un freinage de dernière seconde pour éviter de frapper un joueur en situation vulnérable ou pour atténuer la force de l'impact.

Le préfet de discipline a aussi dévoilé que les pénalités pour coups à la tête, pour avoir fauché un adversaire et pour des collisions avec les gardiens étaient stables par rapport aux saisons précédentes.

Tout comme le nombre moyen de mises en échec, qui oscille autour de 45 par partie. Une moyenne identique à celle de l'an dernier lorsque plusieurs observateurs soutenaient que les suspensions imposées pour contrer les coups à la tête chasseraient les mises en échec du hockey.

Passes avec la main

S'ils refusent d'envisager des changements majeurs, les directeurs généraux tablent sur des ajustements mineurs qui pourraient entrer en vigueur dès l'an prochain.

L'adoption des dégagements hybrides (voir autre texte) pour éviter les blessures au terme des courses folles qui précèdent des dégagements refusés devrait être confirmée cette semaine.

Il est possible aussi que les DG endossent la proposition de leur collègue Mike Gillis, des Canucks de Vancouver, qui prône l'abolition des passes avec la main en zone défensive.

«Nous avons créé un monstre. Certains joueurs imitent maintenant des joueurs de centre au football. Ils se laissent tomber lors des mises en jeu et redirigent la rondelle avec leur main. Ça n'a pas de sens», a expliqué Jim Rutherford, des Hurricanes de la Caroline.

Rutherford va plus loin. «J'aimerais qu'on impose une pénalité mineure au joueur qui, en tentant une passe avec la main en zone défensive, atteindrait un de ses coéquipiers dans le cadre d'une relance en attaque.»

Bon! On est encore loin de l'adoption d'une pénalité. Mais il est possible que ce type de passes soit interdit dès l'an prochain. On devrait en savoir davantage aujourd'hui ou demain.

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Photo: archives Reuters

Les passes avec la main en zone défensive pourraient être interdites à compter de la saison prochaine.

Un compromis: les dégagements hybrides

À défaut d'éliminer tous les risques de blessures liées aux courses souvent très dangereuses entre deux joueurs lors des dégagements, la LNH est sur le point d'adopter une solution de compromis: les dégagements hybrides. Selon le projet qui semble faire l'unanimité parmi les directeurs généraux actuellement réunis dans le sud de la Floride, ces dégagements hybrides élimineront deux tiers des situations dangereuses.

Le règlement actuel oblige les juges de lignes à attendre de voir qui, du joueur en défense ou de l'attaquant, touche le premier à la rondelle avant de siffler un arrêt de jeu ou d'accepter le dégagement.

Le règlement une fois modifié obligerait les juges de lignes à stopper le jeu lorsqu'un défenseur devancerait ou serait à égalité dans la course l'opposant à un adversaire une fois rendu à une ligne imaginaire reliant les deux points de mise en jeu.

Les juges de lignes laisseraient toutefois le jeu se poursuivre dans le cas où un attaquant serait en avance dans cette course.

«Nous devons prendre des moyens pour diminuer le nombre de blessures, surtout que dans ce cas, les blessures subies sont souvent très sérieuses», a indiqué le directeur général du Canadien, Pierre Gauthier.

Bien que d'accord sur les grands principes de ce projet soumis par le patron des Maple Leafs de Toronto, Brian Burke - il était à Anaheim à l'époque - il y a déjà six ans, les directeurs généraux tiennent à s'assurer que les paramètres du nouveau règlement soient clairs et précis afin que l'application soit facile une fois en situation de match.

Les dégagements hybrides seront à l'ordre du jour encore aujourd'hui. Il semble acquis que les DG leur accorderont un appui unanime demain, mandatant ainsi la LNH de l'inclure au livre des règlements dès la saison prochaine.