Au milieu de toutes les déceptions qui ont marqué la saison du Canadien, et la liste pourrait s'allonger avec le séjour qui s'annonce difficile dans l'Ouest, les performances de P.K. Subban servent de baume.

Les performances du nouveau P.K. Subban. Depuis le match du 20 janvier dernier, le jeune défenseur joue avec l'aplomb d'un vétéran. Non seulement il est le défenseur de confiance, celui qui passe le plus de temps sur la patinoire soir après soir, mais la qualité du jeu qu'il offre est diamétralement opposée à celle qu'il offrait avant cette escale à Pittsburgh.

Ce soir-là, Subban s'était rendu coupable d'un revirement coûteux alors qu'il avait tenté une passe à l'aveuglette dans le fond de son territoire. Sa bévue avait ouvert la voie à un but des Penguins. But qui a avait propulsé Pittsburgh vers une victoire en tirs de barrage... ou le Canadien vers un autre revers en fusillade. C'est selon.

Cherchant du regard un coupable, ou un complice avec qui partager la responsabilité de cette erreur, Subban s'était fait rabrouer avec vigueur une fois au banc. L'entraîneur des défenseurs Randy Ladouceur l'avait invité à prendre son trou, refusant net d'écouter ses justifications. Randy Cunneyworth était venu en rajouter par la suite. Quelques jours plus tard, lors d'un entraînement à Brossard, Subban s'était fait savonner une fois encore à cause de son manque de rigueur sur la patinoire.

Depuis, Subban est sans tache et sans reproche. Ou presque. Il a mis de côté le spectaculaire pour l'efficacité. Un changement qui plaît au principal bénéficiaire, son partenaire de jeu Josh Gorges.

Si c'est bon pour Lidstrom... «C'est le résultat de beaucoup de discussions. Avec les coachs bien sûr, mais aussi avec Hal (Gill), qui a investi beaucoup de temps avec P.K. et j'ai pris la relève», a indiqué Gorges avant l'envolée du Canadien vers Calgary hier.

«Notre message est simple. P.K. a ce qu'il faut pour s'élever parmi les meilleurs défenseurs de la Ligue. On se sert donc du meilleur, Nicklas Lidstrom, comme exemple. Lidstrom multiplie-t-il les «spin-o-ramas» à la ligne bleue quand personne n'est derrière pour veiller? Non! Lidstrom met-il ses coéquipiers dans le pétrin et se lance-t-il d'un bout à l'autre de la patinoire sans considérer les risques d'un tel jeu? Non! Même s'il est le meilleur de la profession, il se contente de passes d'une dizaine de pieds qui atteignent toujours la cible. Il favorise le jeu simple. Il s'assure que les rondelles qu'il tire du point d'appui se rendent au filet. Si c'est bon pour le meilleur défenseur de la LNH, ce devrait l'être pour tous les autres. Je crois que P.K. l'a réalisé, car il joue le meilleur hockey de sa carrière», assurait Gorges avec conviction.

À titre d'entraîneur-chef, Randy Cunneyworth sait qu'il doit répéter 10, 20, 100 fois plutôt qu'une les mêmes choses avant qu'un joueur comprenne. Son expérience, comme joueur d'abord et entraîneur ensuite, lui a permis de réaliser que c'est plus difficile encore dans le cas de jeunes talentueux qui se croient en mesure de jouer avec le feu sans risquer de se brûler.

C'est pour cette raison que Cunneyworth était «heureux» le 20 janvier dernier lorsque Subban a plongé son équipe dans le trouble avec un jeu dangereux et coûteux.

«Je peux dire aujourd'hui que je suis heureux, même si ce soir-là je ne l'étais pas du tout. Sauf que cette bévue nous a permis de placer P.K. devant le fait accompli. Le plus difficile dans l'aiguillage d'un jeune qui a autant de talent, c'est qu'il comprenne que l'attention que nous lui portons et que ses coéquipiers lui portent n'est pas un châtiment, mais un outil dont il devrait profiter.»

Avec deux buts et sept points à ses 19 derniers matchs, P.K. Subban ne casse rien au chapitre de la production offensive. Mais le fait qu'il ait connu 16 rencontres de plus de 20 minutes d'utilisation et un match de 30:48 la semaine dernière contre le Minnesota illustre la qualité générale de son jeu et la confiance renouvelée que lui témoignent ses entraîneurs. Une confiance partagée par ses coéquipiers.

Les deuxièmes dans l'oubli

Samedi, dans le cadre de la chronique que je vous proposais sur les gagnants, les perdants et les éternels deuxièmes qui sombrent rapidement dans l'oubli, j'ai commis une erreur que plusieurs lecteurs m'ont aimablement soulignée. Une erreur que je corrige avec empressement ce matin et aussi avec un petit sourire en coin, puisqu'elle a bien involontairement appuyé mon propos. J'avais raison d'écrire que le dernier match du tournoi à la ronde des Jeux olympiques de 1980 à Lake Placid opposait les États-Unis et la Finlande alors que dans la mémoire collective, plusieurs croient encore que ce match opposa les USA à l'Union Soviétique (que j'ai trop hâtivement décrite comme la Russie).

Mais l'erreur, la vraie, était reliée au fait que j'ai accordé la médaille d'argent aux Finlandais, qui avaient perdu aux dépens des Américains. Pourquoi? Parce qu'en faisait simplement confiance à ma mémoire - ce qu'il ne faut jamais faire et encore moins à l'aube de la cinquantaine, quand il est clair que la mémoire, comme la vue, perd de son acuité -, j'ai associé une défaite lors du dernier match à une médaille d'argent. C'est vrai aujourd'hui. Mais ce ne l'était pas à l'époque alors que les médailles étaient décernées selon le classement obtenu dans le cadre du tournoi et non en fonction de matchs décisifs. Ainsi donc s'il est très vrai - et personne n'oubliera cette conquête historique - que les Américains sont montés sur la plus haute marche du podium, ce sont les Soviétiques, et non les Finlandais, qui occupaient la deuxième marche. De fait, la Finlande n'occupait même pas le podium. C'est la Suède qui avait terminé troisième.

Photo: Bernard Brault, La Presse

P.K. Subban et l'entraîneur des défenseurs Randy Ladouceur.