Après avoir passé sa carrière à soulever les foules partisanes du Stade olympique, du Shea et du Dodger Stadium à New York et Los Angeles ainsi que du Candlestick Park à San Francisco, Gary Carter a salué vendredi ses fans dans le calme et la douceur de l'église Chris Fellowship de Palm Beach Gardens.

Son église. L'église que cette super étoile dans sa vie professionnelle, mais homme de foi profonde dans sa vie de tous les jours, visitait toutes les semaines avec les membres de sa famille.

Sur l'autel transformé en scène, trois grandes photos de Gary Carter et des couronnes de fleurs accueillaient les quelque 1500 personnes venues saluer le «Kid» une dernière fois.

Sur ces photos, on voyait un Carter amoindri par la maladie, mais néanmoins souriant, avec tous les membres de sa famille; le grand receveur qu'il était dans l'uniforme des Mets de New York, avec qui il a remporté la Série mondiale en 1986, et une dernière en compagnie de sa femme Sandy.

«Gary serait heureux de vous voir tous ici réunis. Il vous remercierait un à un et dirait «merci beaucoup» aux partisans de Montréal», a lancé son ami et ancien coéquipier avec les Expos Tommy Hutton, qui a rendu l'un des hommages au cours de la cérémonie.

Une cérémonie où la religion occupait une place aussi importante que les faits saillants de la brillante carrière du receveur qui est devenu le premier membre des anciens Expos à faire son entrée au Temple de la renommée du baseball, à Cooperstown, en 2003.

Un père d'abord et avant tout

Les hommages les plus touchants sont venus de ses enfants, qui l'ont décrit dans le quotidien d'un père avec ses enfants et non celui d'un des plus grands receveurs de l'histoire du baseball avec ses fans.

«Pour le moment, j'ai l'impression que tu es simplement sur la route avec ton équipe dans le cadre d'un trop long voyage durant la saison, a imagé sa fille aînée Christy. Je me console à l'idée que tu es au paradis, où je vais aller te rejoindre un jour.»

«Il doit déjà être en train de faire le tour du paradis et de satisfaire ses deux passions: trouver des surnoms pour tout le monde et réorganiser le réfrigérateur», a pour sa part témoigné Kimmy, qui a réussi à tirer des sourires autant que des larmes aux amis, anciens coéquipiers et légendes du baseball qui avaient fait le voyage pour assister à la cérémonie.

«Je n'avais que 8 ans lorsqu'il a pris sa retraite. Tout le monde pleurait. Moi, j'étais le plus heureux des gamins, car je savais qu'à compter de ce jour, j'aurais mon père avec moi tous les jours. Ce n'est que longtemps après sa retraite, lorsqu'il m'a permis d'aller assister à un match de la Série mondiale au Yankee Stadium, que j'ai réalisé à quel point il était connu de tous. Il avait signé des autographes et pris des photos durant tout le match. Mais au-delà de cette image publique, papa n'était que papa, un père dévoué, aimant, qui a fait de moi l'homme que je suis devenu aujourd'hui», a lancé son fils D.J., dont le visage permettait de revoir un tout jeune Gary Carter.

Bench-Carter: rôles inversés

Meilleur receveur de son époque, Johnny Bench est venu rendre hommage à celui qui lui a succédé à titre de meilleur de sa profession.

«Je crois que je peux dire sans fausse modestie que Gary m'idolâtrait quand il est arrivé dans le baseball. Je le sais, car il me l'a dit. Je peux même comprendre sa réaction», a lancé le receveur de la grande époque de la «Big Red Machine» des Reds de Cincinnati, qui a allégé un peu l'atmosphère avec cette blague.

«Mais devant vous ce soir, je n'arrive par à comprendre comme cet homme à pu me rendre un si bel hommage, car en fait d'être humain, je ne suis pas dans la même ligue que Gary. C'était un joueur spécial. Mais l'individu l'était plus encore. Il ne m'a jamais appelé Johnny. Jamais. Il m'appelait J.B. comme le gamin qu'il était lorsque je l'ai connu, comme le gamin qu'il a toujours été. Il portait le surnom de «Kid» pour une seule et très bonne saison.

«Je n'ai qu'un seul regret à partager avec vous. Celui relié au fait que pas un seul dirigeant du baseball majeur n'a été assez intelligent pour lui permettre de réaliser le rêve qu'il chérissait: diriger une équipe dans les grandes ligues. Comme vous tous, je vais m'ennuyer de son sourire. Mais quand une personne nous quitte, on pleure. Je veux simplement te dire, ce soir, Gary, que je ne pleure pas pour toi. Je pleure pour moi, en raison de la perte immense que ton départ entraîne dans nos vies», a ajouté Bench.

Logan Thomas, l'un des joueurs des Sailfish de la Palm Beach Atlantic University que Gary Carter dirigeait, a rendu un homme à son skipper. «Nous le savions malade et personne ne l'attendait pour notre premier match de la saison. Il était pourtant là. Il nous a dit: «Let's get a win tonight boys». C'est à mon tour, ce soir, de lui lancer un message. Je suis certain qu'il joue déjà au baseball au ciel avec Dieu, qu'il qualifiait de membre du seul véritable Temple de la renommée. Eh bien skipper, je te demande ce soir d'aller gagner à ton tour le premier match de la saison qui commence dans ta nouvelle ligue.»