Parce qu'il les comble depuis son entrée dans la LNH en 1995, il était acquis que les partisans des Sénateurs d'Ottawa sélectionneraient Daniel Alfredsson en vue du match des Étoiles qui sera disputé demain après-midi à la Place Banque Scotia.

Malgré ses 39 ans bien comptés et le fait qu'il complète sa 17e saison dans la LNH, Alfredsson ne doit pas à la seule sympathie de ses fans sa sixième participation au week-end des Étoiles. Troisième marqueur de son équipe avec 38 points, dont 17 buts, le valeureux capitaine des Sénateurs affiche presque sa forme de recrue.

«C'est la première fois en deux ou trois ans que je peux me donner à fond autant lors des matchs que des entraînements», assurait Alfredsson, avec qui je me suis entretenu avant le repêchage de jeudi au Casino du Lac-Leamy à Gatineau.

«Pour avoir du succès, je dois jouer à plein régime. J'y arrive enfin cette année. Mon dos et mes jambes tiennent le coup. Je peux disputer deux matchs en deux soirs ou trois en quatre et avoir la même puissance en troisième période du dernier match. C'est un gros changement par rapport à l'an dernier», a ajouté Alfredsson, qui s'est contenté de 14 buts et 31 points en 54 matchs. Sa pire saison en carrière autant au plan de sa production offensive que du nombre de parties ratées en raison de blessures.

À Ottawa pour y rester

Alfredsson sera accueilli en héros par ses partisans ce soir lors du concours d'habileté et encore plus demain lors du match. Il trônera au milieu des autres vedettes de la LNH, dont ses coéquipiers Jason Spezza, Milan Michalek et Erik Karlsson qui ont eux aussi été élus par les fans.

Ironiquement, ce triomphe déjà assuré aurait pu avoir des allures d'adieux. Car, n'eût été les succès aussi retentissants qu'imprévus des Sénateurs que plusieurs observateurs voyaient tout en bas du classement, loin, très loin, d'une place en séries, Alfredsson aurait pu changer d'adresse pour la toute première fois de sa carrière avant le 27 février, date limite des transactions.

«Je ne crois pas que j'aurais été capable de réclamer une transaction. Les Sénateurs sont mon équipe. Ottawa est ma ville. Bibi (sa femme) et moi avons eu nos quatre enfants ici. Notre vie est ici. D'ailleurs, lorsque viendra le temps de mettre un terme à ma carrière, nous resterons ici. Nous retournerons peut-être un jour en Suède, mais pour le moment, c'est ici qu'on vit et qu'on vivra encore longtemps», plaide le Suédois que les Sénateurs ont sélectionné au 133e rang au repêchage de 1994.

De surprise en surprise

Mais parce que gagner la Coupe Stanley demeure l'objectif ultime, Alfredsson reconnaît que l'idée qu'il soit échangé lui a traversé l'esprit. Ne serait-ce que pour lui donner la chance de soulever la Coupe qu'il a lorgnée au printemps 2007 lorsque les Sénateurs se sont inclinés en grande finale devant les Ducks d'Anaheim. Sa plus grande déception en carrière.

Ottawa étant bien campé en sixième place dans l'Est, six points derrière les Rangers de New York et du premier rang, et cinq points devant les Devils du New Jersey qui sont huitièmes, Alfredsson écarte tout scénario le concernant dans une transaction.

La saison a bien mal commencé à Ottawa, où les Sénateurs ont subi cinq revers lors des six premiers matchs, dont des raclées de 7-1 et 7-2 aux mains de l'Avalanche du Colorado et des Flyers de Philadelphie.

Les choses se sont ensuite replacées. Une séquence de six gains consécutifs et une autre de 10 victoires en 12 matchs (10-1-1) ont servi de tremplin à la remontée des Sénateurs au sein du groupe de tête.

«Je me suis bien gardé de réagir aux prédictions qui nous plaçaient très loin en début de saison, car cela faisait bien mon affaire. Nous n'avions pas la moindre pression de réussir. Mais avec un nouvel entraîneur (Paul MacLean) et des jeunes de grand talent, dont Erik (Karlsson) qui est phénoménal, je croyais vraiment en nos chances de surprendre. Je me voyais remplir un rôle de leader cette année afin de préparer l'avenir de notre club. Mais l'avenir, c'est maintenant. Si nous pouvons rester en santé et continuer à jouer comme nous le faisons, nous atteindrons les séries. Et une fois en séries, tout peut arriver», assure Alfredsson en esquissant un large sourire.

Étapes importantes

Capitaine des Sénateurs depuis plus de 12 ans, Alfredsson a franchi des étapes importantes cette année: le cap des 1100 matchs en carrière (1102) et des 400 buts (406) cette saison. «C'était un bonheur de marquer le 400e devant ma famille, mes amis et les partisans qui m'appuient depuis mon arrivée ici.»

Des moments de bonheur, Alfredsson en a vécu plusieurs depuis son arrivée à Ottawa. Il a mis la main sur le trophée Calder, il a touché - ô sacrilège - au trophée Prince de Galles lorsque les Sénateurs ont éliminé les Sabres de Buffalo pour se rendre en grande finale au printemps 2007 et a pris part à 13 séries éliminatoires dont 12 consécutives. Des séries qui ont trop souvent été écourtées par des défaites surprises et crève-coeur aux mains des Maple Leafs de Toronto.

«Notre première présence en séries - au printemps 1997 - demeure l'un de mes plus beaux souvenirs avec les Sénateurs. Nous avions battu les Sabres lors du tout dernier match pour accéder aux séries. Ils nous avaient ensuite battus lors du septième match, mais c'est là que nous sommes passés d'une équipe ordinaire à un bon club de hockey. Quand je regarde tout ce que j'ai vécu depuis le début de ma carrière, je ne peux m'empêcher d'être fier et heureux. Tout ce qui manque, c'est la Coupe Stanley.»

Daniel Alfredsson écoule la troisième année d'un contrat de quatre ans qui lui rapportera 19,5 millions. Il ne touchera que 1 million l'an prochain dans ce qui pourrait bien être sa dernière saison en carrière.

«Je ne sais pas combien de temps il me reste, mais je rêve toujours de pouvoir remonter la rue Elgin bordée de partisans dans le cadre d'un grand défilé qui se terminerait en soulevant la Coupe Stanley devant le Parlement. Ce serait fantastique. Ce serait surtout une façon magique de terminer ma carrière.»