La première moitié de saison du Canadien a été à l'image de la réhabilitation de son défenseur étoile Andrei Markov: un échec!

De belles paroles, de belles promesses, mais en fait de résultats: rien, ou si peu. Certainement pas assez.

Pour les belles paroles, commençons par le cas Markov. Chaque fois qu'il a pris la parole depuis septembre, le directeur général Pierre Gauthier nous a assurés que les opérations subies par Markov avaient été de francs succès, que son genou était plus fort que jamais, que tout allait bien dans le meilleur des mondes. Si tout va aussi bien que monsieur Gauthier le prétend dans le dossier Markov, comment se fait-il qu'on attende encore son retour au jeu? Qu'on ne soit pas convaincu que ce retour sera célébré en janvier, en février ou en mars? Et qu'on ne sache surtout pas combien de temps ce retour durera...

Des questions auxquelles il aurait été important de connaître les réponses avant de lui offrir un contrat de trois ans et les 17,25 millions de beaux dollars qui viennent avec.

Pour les promesses, difficile de surpasser celles de Scott Gomez, qui promettait de racheter sa saison de misère de l'an dernier grâce à un entraînement estival acharné et une forme physique digne de ses bonnes saisons. Parce que oui, Gomez a déjà connu de bonnes saisons.

Avec ses blessures, une production qui se limite à 4 passes en 13 matchs et avec le fait qu'on célébrera le 5 février prochain le premier anniversaire du dernier but du joueur le mieux payé du Canadien - 7,5 millions cette année, 5.5 millions l'an prochain et 4,5 millions dans deux ans -, on ne peut pas vraiment parler d'amende honorable. Vraiment pas!

Quant aux résultats: le Canadien étant 12e au classement dans l'Est, Jacques Martin ayant été congédié, tout comme son adjoint Perry Pearn avant lui, il est bien plus facile de parler de manque de résultats qu'autre chose.

54 points en 41 matchs

Au chapitre des bonnes nouvelles, le Canadien n'a pas encore perdu en 2012. Il n'a battu que Tampa Bay et Winnipeg. Mais s'il avait perdu ces deux matchs, ce serait la panique au Centre Bell. On va donc lui accorder le mérite qui lui revient d'avoir aligné ces deux victoires. Surtout que ce n'est pas arrivé bien souvent cette saison.

Autre bonne nouvelle, en dépit d'une première moitié de saison désolante, Montréal n'est qu'à sept points du huitième rang et d'une place en séries... ou à peu près.

Sept points d'écart, ça semble peu. Ça semble même facile à combler. Mais quand on prend les 39 points du Canadien et qu'on les soustrait aux 93 dont les Rangers ont eu besoin l'an dernier pour accéder aux séries, on réalise que le Tricolore devra en ajouter 54 en 41 matchs pour égaler la récolte des Blue Shirts l'an dernier.

La colline devient soudainement une montagne. «Si on regarde le défi qui nous attend dans son ensemble, on se cassera la gueule. On ne le relèvera pas. C'est trop gros. C'est pour ça qu'on doit vraiment y aller un match à la fois. C'est un damné cliché. Mais c'est notre seule planche de salut. On n'a pas de marge de manoeuvre. On s'est mis dans la merde, on doit s'en sortir», assurait Josh Gorges après la victoire de samedi.

Avec la série actuelle de 11 matchs à domicile sur 15 que le Tricolore a amorcée avec deux victoires, on saura rapidement si le Canadien peut vraiment lorgner les séries au lieu de simplement en rêver.

Pourquoi se rendre en séries?

Cela dit, le Canadien doit-il suer sang et eau pour se rendre aux séries? Si vous êtes Pierre Gauthier, vous répondez oui, bien sûr. Car si le Canadien pique du nez rapidement et qu'il devient évident qu'il vaut mieux échanger les Moen, Gill, voire Cammalleri pour obtenir des choix au repêchage, il est impensable de donner ce mandat à Pierre Gauthier. Pourquoi? Parce que Gauthier et Bob Gainey, qui en mène plus large en coulisse qu'on le réalise au grand jour, ont raté leur coup. Pourquoi alors leur donner l'occasion de rater une fois de plus?

Si vous êtes Randy Cunneyworth, vous tenez aussi à accéder aux séries. Condamné par un propriétaire qui a déjà amorcé sa quête pour le remplacer afin de faire oublier le pied de nez relié à l'embauche d'un coach unilingue anglophone, Cunneyworth s'assurerait d'obtenir un emploi ailleurs dans la LNH dès l'an prochain s'il arrivait à orchestrer pareille remontée de la part du Canadien.

Si vous êtes Carey Price, vous voulez accéder aux séries pour éviter les critiques dont le gardien sera victime si le Canadien perd plus souvent qu'il ne gagne en deuxième moitié de saison.

Accéder aux séries permettrait de sauver la face. C'est un fait. Mais cela fausserait aussi les données. Comme ce fut le cas il y a deux ans avec l'ascension du Tricolore jusqu'en finale d'Association.

Le Canadien sera parmi les meilleurs clubs de la LNH lorsque Carey Price aura 27 ou 28 ans. Lorsque Josh Gorges sera le capitaine. Lorsque les Pacioretty, Eller, Desharnais, Subban et Kostitsyn, s'ils n'ont pas été échangés pour obtenir un gros joueur de centre de la trempe de Ryan Getzlaf, seront des vétérans aguerris et que les Leblanc, Gallagher, Beaulieu, Bournival et Tinordi seront bien installés dans la LNH et que les millions gaspillés par le duo Gainey-Gauthier sur les Gomez, Cammalleri et Markov ne seront plus que de mauvais souvenirs.

Si on adhère à cette deuxième façon de voir les choses, le Canadien serait bien mieux d'échanger ses vétérans susceptibles d'intéresser des équipes qui peuvent vraiment aspirer aux grands honneurs dès cette année, faire le ménage dans les comptes et construire sur des bases plus jeunes et plus solides dès la saison prochaine. S'il y a une saison l'an prochain...

Photo: André Pichette, La Presse

Le Canadien doit-il suer sang et eau pour se rendre aux séries?