Si personne ne doutait des chances de réussite de «Sid the Kid» lors de son retour au jeu le 21 novembre dernier, tout le monde redoutait les contrecoups des premières mises en échec qu'il encaisserait.

Après seulement huit parties sous les projecteurs, revoici «Sid the Kid» plongé dans l'ombre et dans le silence qui règne tout au fond du grand trou noir où s'entassent les victimes de commotions cérébrales. Un grand trou noir où Crosby a croupi pendant près de 10 mois avant de refaire surface, il y a 20 jours à peine.

Combien de temps y sera-t-il confiné cette fois? Crosby ne le sait pas. Ses médecins non plus. De fait, personne ne le sait vraiment.

Tout ce que l'on sait, c'est que l'imposition de ce répit est guidée par la prudence. Et bien que la prudence soit de mise dans le cas de Crosby comme dans celui de tout athlète souffrant de ce grand mal méconnu, mais ô combien pernicieux, elle témoigne aussi d'un recul dans le cadre du grand retour du fer de lance des Penguins, du porte-étendard de la LNH.

Un recul très inquiétant

Car bien que Crosby tende à minimiser les symptômes qui l'affectent, ces damnés symptômes sont bel et bien revenus le hanter. Sans jamais avoir été invités.

Quand on analyse le dernier match disputé par Crosby, on se rend compte que les deux impacts dont il a été victime sont, somme toute, mineurs. La première mise en échec vient de l'épaule de David Krejci, des Bruins de Boston, un petit attaquant qui fait dans la dentelle, loin, très loin d'un Milan Lucic ou d'un Zdeno Chara. Quant au deuxième, il est le résultat d'une collision accidentelle avec son coéquipier Chris Kunitz au centre de la patinoire.

La reprise démontre clairement que Crosby n'a jamais vu Kunitz approcher. Il n'a donc pu se protéger. Cela ne l'a certainement pas aidé. Mais l'impact était loin d'être fracassant.

D'où l'inquiétude liée aux conséquences de ces deux collisions. Et la reprise des spéculations liées au fait que sa carrière pourrait être menacée. Des spéculations alarmistes, c'est vrai. Mais des spéculations qu'on ne peut non plus balayer du revers de la main.

Penguins décimés

Avec des succès presque inespérés sur la patinoire - il ne faut pas oublier qu'Evgeni Malkin a lui aussi manqué la seconde moitié de saison en raison d'une intervention chirurgicale à un genou -, les Penguins ont permis à Sidney Crosby de prendre tout son temps, l'hiver dernier.

Ils lui ont offert ce luxe avec un excellent début de saison encore cette année.

Mais avec leur capitaine qui replonge dans l'incertitude pour une période indéterminée, les Penguins se retrouvent bien mal en point.

Car quelque part au milieu du méandre des commotions, Sidney Crosby risque de croiser son copain et coéquipier Kristopher Letang, qui n'en mène pas large lui non plus.

Revenu au jeu pour marquer le but gagnant, en prolongation, au Centre Bell le 26 novembre dernier, après une mise en échec à la tête de Max Pacioretty qui l'avait laissé avec un nez fracturé, Letang s'est effacé depuis.

Il n'y a pas encore l'ombre d'un début de signe de retour au jeu dans son cas. Et personne n'ose spéculer là-dessus.

Comme si ce n'était pas assez, Jordan Staal est une fois encore sur la touche. Il a raté le dernier match, ne s'est pas entraîné hier et représente un cas douteux en vue de l'affrontement d'aujourd'hui alors que les Red Wings feront escale à Pittsburgh.

Contre Detroit sans Crosby, Letang et Staal, Marc-André Fleury et les autres Penguins devront être vites et solides sur leurs patins...

Foster méritait beaucoup plus

Depuis qu'il a entrepris sa croisade visant à réduire au minimum - à défaut de pouvoir les éliminer - les coups sournois et dangereux, Brendan Shanahan jouit de nombreux appuis. Dont le mien.

Même si j'aimerais voir le responsable de la sécurité des joueurs de la LNH se montrer plus sévère et intransigeant, j'ai fait contre mauvaise fortune bon coeur depuis le début de la saison. J'encaisse toutefois bien mal ses deux dernières décisions importantes.

Pourquoi se contenter de huit matchs de suspension à l'endroit d'Andy Sutton alors que le défenseur des Oilers en était à une septième récidive?

Pis encore, comment diable se limiter à quatre matchs de suspension à l'endroit de Kevin Porter, de l'Avalanche du Colorado, qui a peut-être mis un terme à la saison de David Booth, des Canucks, en sortant le genou sournoisement devant lui.

Avec les coups à la tête et les mises en échec par-derrière, ces attaques directes au genou d'un adversaire devraient être considérées comme les pires crimes commis sur une patinoire. Qu'il en soit à une première offense ou non, l'auteur d'un coup de genou dévastateur et visiblement prémédité comme celui qu'a donné Porter la semaine dernière devrait écoper de 10 matchs. Minimum!

David Booth s'est fait ridiculiser par la LNH lorsque celle-ci a fermé les yeux sur l'assaut dont il a été victime de la part de Mike Richards, en 2009. Un assaut qui l'a plongé dans une profonde commotion. Un assaut qui a contribué au changement de la garde qui s'est soldé par l'embauche de Brendan Shanahan. Le nouveau v.-p. de la LNH aurait dû saisir l'occasion pour réparer l'erreur de son prédécesseur en offrant à Booth le réconfort d'une sentence sévère à l'endroit de son dernier agresseur. Il ne l'a pas fait. Dommage!