Exception faite des débats entourant les noms qui coifferont chacune des quatre nouvelles divisions et des modalités entourant les deux dernières rondes des séries, le grand réaménagement approuvé par les gouverneurs de la LNH semble faire l'unanimité.

Et c'est tant mieux!

Vrai que les fans du Canadien ne verront Sidney Crosby et les Penguins qu'une fois par saison au Centre Bell plutôt que deux. Mais ils sont maintenant assurés des visites annuelles des Red Wings de Detroit et des autres grosses équipes de l'Ouest que les amateurs pourront redécouvrir.

Ils y gagnent donc au change.

Comme les amateurs de l'Ouest canadien qui sont d'ardents partisans du Tricolore. Remarquez qu'ils le sont peut-être un peu moins s'ils ont assisté à la piètre performance de leurs favoris, mardi, contre les Blue Jackets de Columbus. Une honte!

Ce réaménagement fait plus de gagnants que de perdants. Des perdants qu'on retrouve surtout dans la grande région de New York, alors que les Rangers, Islanders, Devils et leurs voisins de Philadelphie devront prendre l'avion plus souvent pour leurs escapades annuelles dans l'Ouest canadien et américain.

Il s'agit toutefois d'un juste retour des choses. Car, dans le système actuel, ces clubs jouissent d'un avantage marqué en rapport avec la fatigue reliée aux déplacements imposés à leurs adversaires.

Et, malgré la refonte votée cette semaine, ils continueront d'effectuer la majorité de leurs voyages intradivision en autobus ou en train. Ils ont donc bien peu de raisons de se plaindre.

Ce réaménagement sourit aussi aux Capitals et aux Hurricanes qui n'auront plus à se rendre en Floride aussi souvent pour y croiser leurs autres rivaux de la division Sud-Est.

Les Snowbirds

Ces visites, ce sont le Canadien et les autres formations du Nord-Est - Boston, Ottawa, Toronto, Buffalo - qui se les taperont. Au grand plaisir des propriétaires des Panthers et du Lightning qui profiteront de ces visites supplémentaires - trois visites à compter de l'an prochain et non deux comme c'est le cas actuellement - pour remplir leurs gradins de «snowbirds».

Geoff Molson, propriétaire du Canadien, et plusieurs directeurs généraux croisés à Pebble Beach en début de semaine se disaient prêts à voyager davantage. Ils ont toutefois ordonné à la LNH d'être plus efficace dans l'élaboration de son calendrier.

Ces clubs tiennent à faire des escales successives à Tampa et à Sunrise chaque fois qu'ils mettront le cap sur la Floride.

Il en va de même pour l'Ouest canadien et la Californie, alors que les équipes tiennent à ce que la LNH évite des itinéraires en dents de scie comme celui que le Canadien s'est farci lors de son récent voyage en Californie, allant d'Anaheim à San Jose, pour ensuite revenir à Los Angeles.

Rivalités accrues

Comme les Red Wings et les Blue Jackets, les Predators de Nashville auraient bien aimé passer à l'Est.

Directeur général des Preds, David Poile, comme ses homologues de Detroit et Columbus, est toutefois reparti très heureux de Pebble Beach. Un peu parce qu'il a eu la chance d'y jouer une mémorable ronde de golf, mais surtout parce que le réaménagement suscitera des rivalités accrues en saison régulière et lors des deux premières rondes des séries. Des rondes qui seront disputées au sein même de chacune des quatre divisions.

«C'est le meilleur aspect de tout ce chambardement. L'an dernier, en séries, nous avons affronté les Ducks d'Anaheim en première ronde. On a ensuite fait des aller-retour à Vancouver. Si nous avions atteint la finale, c'est sur San Jose que nous aurions mis le cap. En grande finale, nos joueurs auraient donc été beaucoup plus éprouvés par les déplacements que nos rivaux de l'Est.»

Dorénavant, ce n'est qu'une fois au sein du carré d'as que les équipes quadrilleront le Canada et/ou les États-Unis.

La LNH n'a pas encore arrêté sa décision quant aux modalités de ces deux dernières rondes. J'espère qu'elle ne conservera pas les notions géographiques actuelles en associant les deux équipes de l'Ouest et celles de l'Est.

Pour donner plus d'importance à la saison régulière, la Ligue devrait reclasser les quatre finalistes selon le classement général. En opposant les clubs de 1re et 4e places et ceux de 2e et 3e rangs, elle maximiserait les chances de voir les deux meilleures équipes en grande finale.

Géographie ou histoire?

Quels noms donner à ces quatre divisions? Ceux de Bobby Orr, Wayne Gretzky, Mario Lemieux et d'autres grands de l'histoire de la LNH ont été avancés.

Bien que louable, cette idée n'apporterait que des ennuis: comment imaginer que les partisans du Canadien accepteraient de retrouver leurs favoris dans la division Orr? Les fans des Bruins ne seraient pas plus chauds à l'idée de voir leur club dans une division coiffée du nom d'un fantôme du Forum.

Si ce n'était de la division des «Snowbirds», de simples regroupements géographiques feraient l'affaire avec les divisions Ouest, Mid-Ouest et Atlantique. Mais comment parler d'une division Nord-Est avec deux clubs de la Floride?

Si c'est là le seul problème, il n'y aura pas lieu de perdre temps et énergie là-dessus. Il serait d'ailleurs préférable de les conserver en vue des prochaines négociations avec l'Association des joueurs afin d'éviter tout risque de conflit de travail. Des négociations qui débuteront après la pause du match des Étoiles.