Il n'a pas été question des Nordiques et du retour du hockey de la LNH à Québec à la réunion annuelle des gouverneurs en Californie.

Mais avec le réaménagement des divisions, la construction d'un nouveau Colisée, l'entente liant la Ville de Québec et Quebecor dans le cadre de l'exploitation de ce nouveau Colisée, la mise en onde du réseau TVA Sports et les ennuis financiers prolongés des Coyotes à Phoenix, la liste de conditions favorables au retour de la LNH à Québec s'allonge.

Bras droit de Gary Bettman dans les opérations financières et stratégiques de la LNH, le commissaire adjoint Bill Daly a toutefois soulevé beaucoup de curiosité en indiquant qu'aucun groupe n'avait la tête dans le dossier du hockey à Québec.

«Plusieurs personnes nous ont fait part de leur intérêt dans ce dossier, mais nous n'avons pas à faire des négociations précises avec des groupes précis dans la vente des Coyotes de Phoenix», a précisé Daly, qui a refusé d'accorder un statut particulier à Pierre Karl Péladeau dans la liste des «personnes intéressées».

Ça ne veut pas dire toutefois que la candidature de Québec soit moins bonne que celles de Seattle et/ou Kansas City qui ont signifié elles aussi un intérêt à l'endroit de la LNH. Sans oublier les intentions clairement évoquées des hommes d'affaires torontois qui construiront prochainement un amphithéâtre digne de la LNH à Markam, en banlieue nord-est de Toronto, afin d'y établir une équipe pour rivaliser avec les Maple Leafs.

Cela veut simplement dire que tant qu'il n'y a pas de club disponible, il n'y a pas lieu de déposer d'offres concrètes. Il suffit de garder des liens avec la LNH afin d'être prêt à sauter dans la mêlée lorsque l'occasion se présentera.

La stratégie de Mark Chipman qui, tapi dans l'ombre, a orchestré le retour des Jets à Winnipeg est un exemple éloquent d'efficacité.

Un exemple que Pierre Karl Péladeau ou tout autre investisseur intéressé par la grande aventure d'un retour de la LNH à Québec aurait grand intérêt à suivre.

Appui inconditionnel de Geoff Molson

Si les commentaires de Bill Daly et les appels répétés au calme de Gary Bettman évoquent une certaine tiédeur à l'endroit du projet de Québec, ceux du propriétaire du Canadien sont sans équivoque à l'égard d'un ennemi qui reviendrait s'installer à l'autre bout de l'autoroute 20.

«Ce serait une excellente nouvelle», a lancé Geoff Molson en tournant ainsi le dos à ses prédécesseurs qui avaient mis des bâtons dans les roues des Nordiques à leur entrée dans la LNH en 1979.

«J'ai vécu cette rivalité comme amateur quand j'étais petit et ce serait formidable de la revivre. Je n'ai pas encore été abordé par les propriétaires potentiels de Québec pour obtenir mon appui. Ils font sans doute leur lobby auprès de Garry (Bettman). Mais cet appui, ils l'ont déjà, je vous l'assure.»

Phoenix d'abord, Québec ensuite

Avant de penser à Québec, les gouverneurs de la LNH doivent d'abord penser à Phoenix et aux pertes financières des Coyotes qu'ils épongent à même leurs revenus depuis que la LNH assume la tutelle de cette franchise.

Des pertes qui totalisent plus de 200 millions en tenant compte du prix d'achat (140 millions) et des déficits d'exploitation depuis l'imposition de la tutelle.

«Les gouverneurs ne nous ont pas fixé d'ultimatum. Mais cela fera 30 mois que nous dirigeons l'équipe à la fin de la saison. Je ne crois pas que ce soit sain pour la Ligue, pour les Coyotes et pour la Ville de Glendale de prolonger indûment cette intervention. Nous avons bon espoir d'en arriver à une entente avec l'un ou l'autre des groupes intéressés à acquérir les Coyotes. Si ça ne fonctionne pas, nous étudierons d'autres options», a convenu Daly.

Le montant estimé de la vente des Coyotes fluctue autour de 170 millions. Et c'est ici que le dossier de Québec devient intéressant.

Moribonds sur le plan financier, établis dans une banlieue fantôme et sous une tutelle à laquelle la LNH tient à mettre fin le plus vite possible, les Coyotes sont loin d'être attrayants. Au lieu de se livrer à une surenchère, les acquéreurs potentiels - Jerry Reinsdorf, propriétaire des White Sox et des Bulls de Chicago, et Greg Jamison, ancien président des Sharks de San Jose - restent campés sur leur offre. Certains observateurs croient même qu'ils espèrent obtenir cette équipe à rabais.

D'où l'importance pour le ou les groupes intéressés à Québec d'avoir le dossier à l'oeil. Car s'il ne fait pas de doute que les futurs Nordiques engrangeront des revenus plus importants que les Coyotes, ils pourraient, avec une offre plus généreuse que celles de Reinsdorf ou de Jamison, faire pencher la balance de leur côté.

«Je vois où vous allez avec ça, mais je n'ai pas l'intention de vous suivre. On va régler le dossier des Coyotes pour le bien de tout le monde. Et nous ne le réglerons pas à rabais», a simplement conclu Daly.