L'un a pris tout son temps, l'autre a brûlé les étapes. Mais peu importe les trajets qu'ils ont empruntés et le temps qu'ils ont mis à les compléter, revoici Dale Hunter et Kirk Muller dans la LNH.

L'ancienne peste des Nordiques de Québec et «Captain Kirk» succèdent aux entraîneurs-chefs Bruce Boudreau et Paul Maurice, congédiés à quelques heures d'intervalle hier matin par les Capitals de Washington et les Hurricanes de la Caroline.

L'entrée en scène de Hunter était prévisible. Elle était même attendue. De fait, au cours des 11 saisons passées derrière le banc des Knights de London dans la Ligue de l'Ontario, Hunter a plusieurs fois été pressenti par des équipes de la LNH. Il n'était pas prêt ou n'aimait pas les offres qui lui été présentées.

Remarquez qu'il pouvait se permettre d'être patient, car en plus de connaître beaucoup de succès sur le plan sportif, Dale Hunter et son frère Mark faisaient fortune avec les Knights, qu'ils ont conduits à la Coupe Memorial en 2005.

Mais cette fois, Hunter pouvait difficilement refuser. Ancien capitaine des Capitals, il hérite d'une très bonne équipe. D'un club qui devrait se battre pour soulever la Coupe Stanley et non pour se tailler une place en séries. D'un club qui, pour l'instant, est loin de jouer à la hauteur des attentes des dirigeants et des partisans. À commencer par le capitaine, Alexander Ovechkin, qui n'est plus que l'ombre du joueur qu'il était.

Fort d'une riche expérience dans les rangs juniors comme le confirment ses 451 victoires en 662 rencontres (,691) et surtout de ses 19 saisons dans la Ligue nationale, Hunter débarque bien équipé pour relever le défi qui s'offre à lui.



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Dale Hunter

Muller: trop vite?

Bien qu'il ait lui aussi connu une brillante carrière dans la LNH, on ne peut pas dire la même chose de «Captain Kirk».

Après cinq saisons à titre d'adjoint derrière le banc du Canadien, cinq saisons au cours desquelles il a beaucoup appris et accompli du gros travail, Muller s'amène en Caroline avec une grosse expérience de 17 matchs à titre d'entraîneur-chef dans les rangs professionnels.

C'est très peu. Surtout pour un gars, comme Muller, qui était très près des joueurs en tant qu'adjoint. Qui était presque «one of the boys» parce que les joueurs le considéraient bien plus comme un ancien joueur que comme un entraîneur adjoint.

Ce double rôle, Muller ne pourra plus l'endosser. Car à compter de demain, c'est lui qui serrera la vis, qui coupera privilèges et temps d'utilisation au lieu d'être celui qui consolait les joueurs en se rangeant souvent de leur côté.

Ce serait toutefois très mal connaître Kirk Muller que de croire qu'il aurait laissé filer l'occasion de réaliser son rêve de diriger dans la LNH.

Estimant qu'il avait appris tout ce qu'il avait à apprendre aux côtés de Guy Carbonneau et de Jacques Martin, Muller avait décidé, l'hiver dernier, qu'il quitterait le nid.

Loin d'être toujours d'accord avec Jacques Martin, il respectait le côté rigide et préparé de son patron. Une facette que Muller a d'ailleurs su ajouter à son arsenal en travaillant avec cet entraîneur d'expérience. Muller souhaitait toutefois une meilleure communication avec les joueurs, et il se sentait en mesure d'en faire davantage avec le Canadien que les tâches qu'il partageait avec Perry Pearn. D'où sa décision de partir.

Mais Muller souhaitait faire directement le saut dans la LNH l'été dernier. Il était d'ailleurs déçu de ne pas avoir obtenu l'un ou l'autre des postes disponibles à Ottawa, Dallas, au Minnesota et au New Jersey.

Il a donc fait contre mauvaise fortune bon coeur en acceptant l'offre de diriger le club-école des Predators de Nashville à Milwaukee dans la Ligue américaine. Convaincu que ce passage obligé n'était pas nécessaire, Muller peut scander qu'il avait raison, maintenant que les Hurricanes lui confient leur équipe malgré une expérience minime. Une expérience positive toutefois, puisqu'il quitte Milwaukee avec une fiche de 10-6-1.

Contrairement à Dale Hunter, Kirk Muller hérite toutefois d'une équipe ordinaire. Les Hurricanes comptent sur un bon gardien en Cam Ward, sur un jeune attaquant sensationnel en Jeff Skinner et sur un brillant joueur de centre en Eric Staal. Un brillant joueur de centre que Muller devra relancer. Comme Hunter devra relancer Ovechkin à Washington.

Le défi de Muller sera donc doublement difficile à relever. Mais il a les atouts pour réussir. Il ne lui manque qu'un brin de chance. Ou deux...

Qui sera le prochain?

L'entrée en scène de Kirk Muller en Caroline a relancé les débats sur la pertinence de garder Jacques Martin à la barre du Canadien.

Ses détracteurs - et ils sont nombreux - ont dénoncé le fait que le Tricolore vient de perdre un autre candidat de premier ordre après Guy Boucher, qui s'est retrouvé à Tampa Bay l'an dernier.

Bien qu'elle soit populaire, cette critique est facile et aussi injuste. Jacques Martin a bien sûr des défauts. Des petits, des moyens, des gros. Il ne serait toutefois pas au 7e rang des entraîneurs comptant le plus d'expérience dans la LNH (1286 matchs) et à six gains de Jacques Lemaire au 8e rang (616) des coachs les plus souvent victorieux s'il n'avait pas aussi des qualités: petites, moyennes, grandes.

Encore faut-il se donner la peine de les relever.

Cela dit, Jacques Martin doit gagner. Et s'il n'y arrive pas, il aura à répondre des insuccès de son équipe. Mais quand on regarde autour de la LNH, on se rend vite compte que les Randy Carlyle (Anaheim), Brent Sutter (Calgary), Joe Sacco (Colorado), Jack Capuano (Uniondale) et Scott Arniel (Columbus) sont, pour l'instant, bien plus menacés que le coach du Canadien.

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Kirk Muller