Depuis le temps qu'il attendait, qu'il trépignait, qu'il en rêvait, il était clair que Sidney Crosby ne tarderait pas à s'imposer une fois de retour là où il est roi: sur la patinoire.

Mais aussi vite? Avec autant d'éclat?

On pouvait l'anticiper, l'espérer même si on était partisan des Penguins de Pittsburgh ou si on avait eu le courage de le sélectionner dans le cadre d'un pool de hockey.

Mais franchement: deux buts, deux passes, une fiche de "3, huit tirs cadrés sur les 11 décochés, une mise en échec assénée, une rondelle volée, 14 mises en jeu gagnées sur les 21 disputées (67%), tout ça en 15:54 d'utilisation dont presque la moitié (7:10) est venue en première période dans le cadre d'une victoire sans appel de 5-0 aux dépens des Islanders de New York, ces statistiques dépassent les rêves les plus fous.

Elles confirment toutefois que le meilleur joueur de la LNH est remis, complètement remis, des contrecoups de la commotion cérébrale qui le tenait à l'écart du jeu depuis le 6 janvier dernier.

Sur les traces du grand Mario

Sidney Crosby aurait-il pu revenir au jeu plus vite? Peut-être. Mais il n'avait pas l'intention de courir le moindre risque. Ses médecins non plus.

Et s'il s'est laissé désirer au cours des dernières semaines, Crosby a vite, très vite, récompensé la patience de ses fans et de ses coéquipiers, qui lui ont donné tout le temps nécessaire pour se remettre. Pour se remettre complètement.

Vingt-huit secondes après avoir remporté la première mise en jeu du match devant John Tavares, Sidney Crosby a vu son compagnon de trio Chris Kunitz frapper la barre horizontale.

Quelques centimètres plus bas et Crosby damait le pion à son propriétaire Mario Lemieux, qui avait mis 33 secondes, le 27 décembre 2000, à récolter son premier point dès son premier match après une retraite de trois ans et demi.

Il faut dire que c'est un Jaromir Jagr au faîte de sa carrière et non Chris Kunitz qui avait reçu la passe acheminée par Lemieux.

Acteur principal du retour au jeu le plus attendu dans la LNH depuis cette partie du 27 décembre 2000, Crosby a pu se reprendre. Et de brillante façon. Rejoint par le Québécois Pascal Dupuis, «Sid the Kid» a amorcé une poussée longue et rapide en direction du filet des Islanders. Il a habilement contourné le défenseur Andrew MacDonald avant de loger la rondelle dans la lucarne gauche du filet défendu par le gardien Anders Nilsson. À son deuxième match en carrière dans la LNH, le gardien suédois de 21 ans ne pouvait espérer sortir gagnant d'un duel aussi inégal face au meilleur joueur de hockey du monde. Un joueur qui tenait à démontrer à quiconque pourrait en douter qu'il sera bientôt en mesure de reprendre sa place au sommet de la LNH. Une place qu'il occupe déjà!

Le pauvre Nilsson pourra se consoler à l'idée que son nom est à jamais associé à un exploit grandiose et à la question piège dans l'histoire de la LNH. On se console comme on peut...

Trois cent vingt-quatre jours après avoir subi une commotion dans le cadre de la Classique hivernale opposant les Penguins aux Capitals de Washington, Crosby marquait après 324 secondes de jeu.

Il imitait ainsi le Grand Mario, qui avait souligné lui aussi à son retour au jeu en 2000, mais après 10:33 de jeu.

En ajoutant un but et une passe, Crosby pourra faire un pied de nez à son propriétaire, qui s'était contenté de trois points (un but) dans une victoire de 5-0 aux dépens des Maple Leafs de Toronto.

Mario Lemieux a marqué son retour au jeu en 2000 avec une récolte de 76 points (35 buts) en 43 parties. Avec encore 61 matchs à disputer, Crosby devrait logiquement rejoindre et dépasser cette récolte du Grand Mario.

Au grand plaisir des Penguins, de leurs fans et de tous les amateurs de hockey des quatre coins de la LNH.

En espérant bien sûr, que la nouvelle philosophie celle-ci a adoptée puisse prévenir Crosby et le hockey d'un désolant coup à la tête qui pourrait avoir des conséquences qu'on ne veut pas même imaginer.

Pendant ce temps, à Montréal

Jamais n'avait-on assisté à un duel Canadien-Bruins suscitant aussi peu d'intérêt. Sur la galerie de presse, on n'en avait, ou presque, que pour Sidney Crosby. Il faut dire que le spectacle qu'il offrait à 1000 kilomètres du Centre Bell éclipsait à lui seul celui offert par les Bruins et le Tricolore 25 mètres plus bas.

Mais bon! Il n'y a qu'un enfant prodigue dans la LNH. Et heureusement pour les fans du Tricolore et malheureusement pour leurs favoris, il sera au Centre Bell dès samedi. Dans l'uniforme des Penguins!

Photo: AP

Combien de temps a passé entre la dernière présence au jeu de Sidney Crosby, le 5 janvier, et celle d'hier? 320 jours ou 468 000 minutes, a rappelé cette jeune partisane des Penguins.