Cela fera un an ce soir que David Perron est prisonnier des contrecoups de la commotion cérébrale qui l'obligera à rater une 84e partie consécutive.

Quatre-vingt-quatre matchs qui seront malheureusement suivis de bien d'autres. Car s'il a repris l'entraînement avec ses coéquipiers, le Sherbrookois refuse de spéculer sur la date de son retour au jeu.

Cela dit, le 10 janvier est déjà encerclé sur le calendrier. «C'est la fête de ma mère et c'est aussi le jour de notre visite à Montréal, au Centre Bell, contre le Canadien. C'est bien évident que ce serait un moment rêvé pour revenir au jeu», a candidement reconnu Perron lors d'un entretien avec La Presse, hier.

Le 10 janvier, c'est toutefois dans plus de deux mois. Les Blues auront disputé 29 autres parties d'ici là. La première moitié de saison sera déjà envolée. Perron ne voudrait-il pas revenir plus tôt?

«Ça fait un an que je réalise que ce que je veux ne compte pas. Je me sens très bien depuis la fin de l'été. Je suis heureux d'avoir rejoint les gars sur la glace et je les ai même accompagnés lors du dernier voyage dans l'Ouest canadien. Mais au lendemain de l'envolée St. Louis-Vancouver, j'étais à plat. Complètement vidé. Je n'avais pas disputé un match difficile la veille. J'étais resté assis pendant quatre heures à bord d'un avion.»

Malgré les 365 jours qui se sont écoulés depuis que Joe Thornton lui a servi la mise en échec illégale à la tête qui a valu au capitaine des Sharks une suspension de deux matchs, Perron ne perçoit pas d'impatience de la part de ses coéquipiers ou de ses patrons.

Il trouve aussi une grande source de réconfort dans le fait que Sidney Crosby affiche une patience extrême avant de reprendre sa place au sein de l'alignement des Penguins.

«Sidney a repris l'entraînement bien avant moi. Il met toutes les chances de son côté. Si le meilleur joueur de hockey au monde affiche autant de prudence, ça doit être parce que c'est la bonne façon de faire.»

Troisième choix (26e sélection) de première ronde des Blues en 2007 - le Canadien avait réclamé Max Pacioretty et Ryan McDonagh aux 22e et 12e rangs -, Perron n'a jamais reçu d'excuses de la part de son agresseur. Il n'en attend pas non plus. De fait, Perron considère que la sévérité nouvelle affichée par la LNH est plus significative que toutes les plates excuses imaginables.

«Je suis bien d'accord avec les suspensions imposées cette année. J'ose espérer qu'à un moment donné, les gars vont comprendre. Surtout avec l'argent qui se perd en salaire. Si on est venu à bout de l'accrochage, on devrait y arriver avec les coups à la tête. Du moins, j'espère...»

Les mains plus rapides que la tête

Comme tous ceux qui doivent composer avec les conséquences d'une commotion, David Perron s'accroche aux petits plaisirs de la vie pour ne pas sombrer dans le découragement. «Ma blonde m'aide énormément. Mais j'ai aussi profité de mes deux chiens - Lucky, un labrador brun, et Jack, un chien miniature qui se croit toutefois plus gros qu'un husky - pour garder le moral. C'est plate, ce que je vis. Mais je suis quand même un gars choyé. Je me le répète tous les jours au lieu de m'apitoyer sur mon sort.»

Son retour sur la patinoire lui a aussi offert une bonne dose d'encouragement. Dès ses premiers exercices, Perron (53 buts et 131 points en 235 matchs dans la LNH) s'est remis à faire mouche. Rien de tel que des tirs vifs et précis qui déjouent les gardiens et des passes qui touchent la lame des bâtons au lieu de celles des patins pour vous remonter le moral. «Si seulement ma tête répondait aussi vite et bien que mes mains...»

Dans l'ombre des Cards

Limité à un rôle de spectateur, David Perron trouve difficile de voir son équipe vivoter en ce début d'année. «C'est facile pour moi de parler, mais le temps des excuses est terminé. Ça fait deux ans de suite qu'on les rate. Il faut que ça change», assurait Perron à La Presse.

De fait, les Blues ont raté les séries à cinq reprises lors des six dernières années. En 2009, lors de leur seule présence, ils sont tombés dès la première ronde. Une réalité bien difficile à faire avaler à leurs fans alors qu'ils n'ont raté les séries que trois fois lors de leurs 37 premières saisons dans la LNH.

Heureusement pour Perron et sa bande, ce timide début de saison est tapi dans l'ombre des Cards, qui ont enlevé les honneurs de la Série mondiale.

Chef d'orchestre de cette conquête, le gérant Tony LaRussa sera d'ailleurs au Scottrade Center ce soir pour faire la mise en jeu protocolaire avant le duel opposant les Blues aux Canucks de Vancouver.

Comme l'ensemble de ses coéquipiers, David Perron a vécu pleinement cette conquête. Surtout le sensationnel match numéro 6 alors que les Cards ont nivelé les chances en neuvième et dixième manches pour l'emporter finalement en 11e après être passés, deux fois plutôt qu'une, à une prise de la défaite.

«On était rendu à Calgary. J'étais dans ma chambre et je suivais le match. Je ne voulais pas déranger les gars parce qu'on jouait le lendemain. Mais quand ils ont égalé le score en fin de neuvième, j'ai lâché un grand cri. Il a été suivi de plusieurs autres sur l'étage parce que nos chambres étaient regroupées. Quand ils ont gagné, c'était le party. C'est à notre tour maintenant...»

Photo: David Boily, archives La Presse

David Perron, des Blues de St. Louis, ratera un 84e match consécutif ce soir.