Ragaillardi par un congé salutaire de deux jours et surtout grandement soulagé par les trois victoires consécutives qui ont muselé, du moins pour un temps, les critiques qui le lapidaient sur tous les fronts, le Canadien reprend le travail ce matin.

Car il reste encore beaucoup de travail à abattre pour que le soubresaut de la semaine dernière soit plus que la simple conséquence d'un électrochoc.

«Il fallait commencer quelque part et ces trois victoires prouvent que lorsque nous jouons comme nous devons le faire, nous sommes en mesure de rivaliser avec n'importe qui. Encore faut-il le faire sur une base régulière», a convenu le défenseur Josh Gorges.

L'un des leaders vers qui les joueurs du Tricolore se tournent, Gorges était loin de triompher samedi soir dans un vestiaire où la victoire était célébrée bien sobrement. Comme si les trois gains n'avaient pas complètement chassé le goût amer des six revers de suite encaissés avant la première poussée victorieuse de la saison.

Gorges ne s'est d'ailleurs pas gêné pour voler une pincée de tabac à chiquer à son copain Carey Price et la coincer dans un coin de sa bouche. «Oui c'est "dégueux"! Mais c'est la seule récompense que je vais m'accorder», a lancé Gorges en esquissant un semblant de sourire.

Martin blessé

Comme ils ont célébré l'Halloween en équipe après la victoire de samedi et avec leurs familles hier, Gorges et ses coéquipiers seront souriants à leur retour au boulot ce matin.

Il sera intéressant de voir si le congé aura eu le même effet sur leur entraîneur-chef. Malgré trois victoires qui ont peut-être sauvé son job, Jacques Martin affichait une humeur massacrante lors de son point de presse, samedi.

Visage sévère, réponses brèves, voire sèches, le coach semblait rugir en dedans. On le sentait encore profondément blessé par la décision de limoger son complice Perry Pearn.

Comme tout homme de hockey, Martin était convaincu que deux ou trois victoires apaiseraient la colère des partisans et la soif difficile à étancher des médias, qui réclamaient des changements de fond en comble à la tête de l'équipe.

Les victoires sont venues. Mais Perry Pearn n'était plus à sa droite pour recevoir les poignées de main échangées après les réussites. Il était clair, samedi, dans sa façon de répondre, dans sa façon de se dresser pour faire face aux questions, que Jacques Martin acceptait mal le fait d'avoir perdu un membre de son équipe au plus fort de la tempête qui la secouait.

Ladouceur: l'homme de la situation

Au-delà des conséquences désagréables provoquées par le limogeage de Perry Pearn, Randy Ladouceur mérite qu'on lui accorde le temps de prouver ses compétences. Il a d'ailleurs déjà commencé à les étaler.

La Presse aurait bien aimé lui demander ce qu'il entend faire maintenant qu'il n'est plus confiné à la galerie de presse et qu'il peut prolonger, pendant les rencontres, le travail amorcé lors des entraînements.

Fidèle à la politique de contrôle de l'information qu'il a instaurée dès sa nomination à titre de directeur général, Pierre Gauthier s'est opposé à tout entretien avec l'adjoint nouvellement débarqué derrière le banc.

Dommage!

Car à la lumière de réactions obtenues autour de la LNH, l'arrivée de Ladouceur représente une excellente nouvelle pour la jeune défense du Canadien.

C'est du moins la prétention de l'ancien défenseur Aaron Ward. Aujourd'hui commentateur au réseau TSN, Ward a passé 15 saisons dans la LNH. Cet ancien défenseur a évolué à Detroit, Boston et Anaheim, mais aussi en Caroline et à New York (Rangers), où il a été dirigé par Randy Ladouceur.... et Perry Pearn.

«N'oublie pas de dire aux fans du Canadien que je ne suis plus payé par les Bruins, mais par TSN. Je suis donc complètement neutre. De toute façon, je n'ai que de bonnes choses à dire de Perry. C'était l'entraîneur parfait pour un vétéran comme moi. Il connaît le hockey, ses directives sont claires et il t'accorde beaucoup de marge de manoeuvre. Le bonheur pour un vieux comme moi», assurait Ward lorsque joint par La Presse.

Aux yeux d'Aaron Ward, Ladouceur répond toutefois mieux aux besoins actuels du Canadien.

«Si P.K. Subban pense qu'il va avoir la vie facile à cause du changement, il se trompe. Randy ne le lâchera jamais. À l'entraînement, dans le bureau, sur le banc. Il lui répétera ce qu'il veut tant qu'il ne l'aura pas obtenu. Et quand il aura ce qu'il demande, il en demandera davantage. C'est un compétiteur féroce. Il l'était comme joueur - 930 matchs à vie à Detroit, Hartford et Anaheim -, il l'est comme coach et il l'est encore quand il patine avec les gars qui ne jouent pas les soirs de match. Il n'y a pas de zone grise avec Randy. Un joueur ne pourra jamais plaider qu'il ne savait ce que Randy attendait de lui. Il ferait rire de lui.

«Mais au-delà de ses gros yeux, de sa voix qui change vite de ton quand il n'est pas content, et ça arrive souvent, tu ne peux pas avoir un gars plus juste. Plus prêt à t'aider pour que tu réussisses. Quand je regarde P.K. et les jeunes défenseurs du Canadien, je me dis que Randy est exactement le gars dont ils ont besoin.»

Si le message de Ladouceur semble avoir été vite saisi avec les trois victoires de la semaine dernière, il aura trois jours pour le peaufiner avant d'être remis à l'épreuve vendredi, à Ottawa, et dès le lendemain à New York, dans un Madison Square Garden fraîchement rénové, contre des Rangers qui auraient eux aussi besoin d'être rafistolés...

Photo: Bernard Brault, La Presse

Randy Ladouceur est en plein le genre d'entraîneur dont les jeunes défenseurs du Canadien, comme P.K. Subban, ont besoin, foi de l'ancien arrière Aaron Ward, aujourd'hui commentateur au réseau TSN.