Neuf secondes seulement après la mise en jeu initiale, Max Pacioretty avait volé la rondelle au géant défenseur Tyler Myers, obtenu deux tirs du revers et forcé Ryan Miller à s'imposer devant sa cage.

Le ton était donné.

Et ce ton, le Canadien l'a maintenu tout au long de la première période qu'il a outrageusement dominée.

Mené par David Desharnais, Max Pacioretty et Andrei Kostitsyn qui avait décidé de jouer au hockey au lieu de regarder ses coéquipiers aller, le Canadien a accéléré le rythme en début de deuxième.

Et comment!

De 21-7 qu'il était à un moment donné, le chiffre des tirs au but s'est gonflé à 24-7 en faveur du Canadien. Et même après que les Sabres eurent nivelé les chances en profitant d'un rebond généreux accordé par Carey Price, le Canadien n'a pas levé le pied.

On le sentait en plein contrôle jusqu'à ce que le ciel lui tombe sur la tête. Car c'est exactement ce qui est arrivé lorsque Josh Gorges a effectué un dégagement refusé avec 5,9 secondes à écouler à la période médiane.

Le match s'est joué là.

Paul Gaustad n'a fait qu'une bouchée de David Desharnais sur la mise en jeu et Thomas Vanek a marqué à l'aide de son puissant tir.

En trois secondes, trois petites secondes, le match venait de basculer. Il n'est jamais revenu du bord du Canadien.

Jacques Martin aurait-il dû réclamer un temps d'arrêt pour laisser reposer ses joueurs confinés à la patinoire après ce dégagement?

Peut-être.

Mais aussi coûteuses qu'aient été ces trois secondes, il serait injuste de leur imputer tout le poids de la défaite. Ce ne serait pas seulement injuste, ce serait surtout malhonnête, puisque cela passerait sous silence la performance magistrale offerte par Ryan Miller devant la cage des Sabres hier.

On peut débattre pendant des heures de son rang au sein des trois ou cinq meilleurs gardiens de la LNH. Mais au cours des 60 minutes du match d'hier, Miller était le meilleur point. Et comme cela arrive très souvent aux gardiens qui excellent, la chance lui a souri quelques fois.

Les joueurs du Canadien et leurs partisans devraient d'ailleurs le savoir puisqu'ils ont été les témoins oculaires de vols aussi sensationnels commis par Carey Price et Jaroslav Halak avant lui.

Jacques Martin et ses joueurs se réjouissaient à l'idée qu'ils ont frappé 41 fois à la porte contre une très bonne équipe hier. On va leur donner raison. Mais il faudrait cesser de se contenter de frapper à la porte et vite trouver les moyens à prendre pour la franchir...

Photo: Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Thomas Vanek a déjoué Carey Price avec un puissant tir dans le haut du filet alors qu'il ne restait que trois secondes à jouer en deuxième période.