On rêve tous du jour où les voitures n'émettront que de la vapeur d'eau. Mais cette technologie, malgré tous les beaux discours de l'industrie de l'hydrogène, semble confinée aux livres de science-fiction, avec la téléportation et les autos volantes.

De nombreux experts rappelaient en effet dans La Presse, mercredi, les nombreuses promesses non tenues par cette filière depuis 20 ans. Ils qualifiaient alors les 400 millions de dollars investis dans cette aventure à ce jour par Ottawa de «folie furieuse» et d'«hérésie».

Bien que ces critiques soient balayées du revers de la main par l'industrie, force est de constater que cette dernière aussi constate, sans le crier trop fort, le peu de progrès accompli dans le développement des véhicules équipés de piles à combustible.

Au cours des dernières années, de nombreuses entreprises canadiennes ont carrément cessé d'investir dans la recherche et le développement orientés vers les marchés à long terme dans le secteur automobile.

«Ça avance moins vite qu'on le voudrait, je ne vous le cacherai pas», confie le professeur Jacques Goyette, de l'Institut de recherche sur l'hydrogène de l'UQTR.

Les problèmes non résolus, comme le stockage et la sécurité, sont en effet légion. L'hydrogène est aujourd'hui produit à 96 % à partir de combustibles fossiles, ce qui rend les autos dotés de piles à combustibles plus polluantes qu'une Prius. Et si on privilégie les énergies renouvelables, elles consomment alors trois fois plus d'électricité...

Ajoutons à cela le coût de la technologie, tant pour les consommateurs (le plein d'hydrogène coûterait au moins cinq fois plus cher que le plein d'électricité) que pour les entreprises (un réseau mondial d'approvisionnement coûterait 2000 milliards $).

Cela dit, l'hydrogène a néanmoins de l'avenir, mais il ne se trouve pas là où on le cherche. Si l'horizon semble bouché côté transport, il semble en effet infini dans plusieurs autres domaines.

L'hydrogène répondra par exemple, sous peu, à l'un des grands défis de notre époque : produire des batteries pour portables et cellulaires qui offrent une longue durée même avec les fonctions énergivores de dernières générations, tout en nécessitant un temps de charge très court.

Preuve que cette technologie est à nos portes, l'Organisation de l'aviation civile internationale a donné le feu vert au transport par les passagers de petits systèmes de stockage de l'hydrogène.

Autre débouché prometteur: les chariots élévateurs utilisés 24h sur 24 dans les grands entrepôts. Wal-Mart et GM sont deux entreprises qui utilisent déjà cette technologie, en raison de la puissance constante des piles à combustible et de leur rapidité de recharge.

L'hydrogène peut aussi être utilisé comme alimentation d'appoint en cas de catastrophes naturelles, ou comme alimentation principale générée par des éoliennes, dans les régions éloignées. «Les villages dans le Nord du Québec, où l'électricité est produite à partir de diesel transporté par bateau, pourrait bien profiter de cette technologie», note le Dr Goyette.

Voilà pourquoi bon nombre d'experts s'opposent à la recherche sur l'hydrogène comme carburant de substitution, mais pas à la recherche fondamentale ni au développement de produits à court terme.

Oui aux subventions de recherche donc, si elles ne servent pas alimenter les auteurs de romans fantastiques...

Pour en savoir plus :

- Le texte de La Presse qui fait le tour de la question.

- La «carte routière canadienne» de l'hydrogène.

- Un texte fouillé de l'auteur de Rouler sans pétrole.

- Pour mieux comprendre l'hydrogène, comme élément chimique.

 

 

 

Photo: archives AFP

La première station-service à offrir de l'hydrogène en Californie a été inaugurée à Los Angeles en 2008.

Le Canada en reste...

L'entreprise de location d'autos Hertz a annoncé qu'elle offrirait à ses clients la Nissan Leaf dès le début de l'année prochaine. Présentée par Nissan comme la «première voiture électrique abordable et réaliste au monde», la Leaf sera disponible dans certaines succursales d'Europe et des États-Unis, mais malheureusement pas au Canada, si l'on se fie au communiqué de presse des deux entreprises concernées. L'introduction de la Leaf, une voiture ayant une autonomie de 160 km, marquera néanmoins un grand pas vers la commercialisation à grande échelle des autos électriques.

 

 

 

Photo: AFP

La Nissan Leaf.

La Bloom boîte

La Bloom Box est en quelque sorte une excroissance de l'industrie de l'hydrogène. Dévoilée en grande pompe mercredi dernier, à San Francisco, la petite boîte est une pile à combustible individuelle qui, en mariant hydrogène et oxygène, produit suffisamment d'électricité pour alimenter une maison. Mais sans nécessité de platine, matériau qui rend les piles à combustible d'autos si onéreuses. Google, eBay et Coca-Cola sont adeptes. Trop beau pour être vrai? Plusieurs experts croient que oui, voyant là une autre start-up plus habiles en relations publiques qu'en commercialisation. À suivre.

 

 

 

Photo: Reuters

Cinq boîtes Bloom sont exposées à San José.

L'anti-jetable

Les révélations touchant la toxicité des bouteilles de plastique enduites de BPA ont donné un second souffle à l'industrie de la bouteille réutilisable. En témoignent la toute nouvelle Bobble, qui tente à elle seule de répondre à toutes les préoccupations de la population : produite en Amérique du Nord, elle ne contient ni BPA ni phtalate, elle est abordable, conçue à partir de matériaux recyclés et dotée d'un filtre intégré qui permet de purifier l'eau du robinet... Un chausson aux pommes bio, avec ça?

 

 

 

Photo fournie par Bobble

La nouvelle bouteille Bobble.