Si les Américains ont clairement déchanté, un an après l'accession de Barack Obama à la présidence, ce n'est pas le cas des principaux groupes environnementaux, qui ont passé les derniers jours à vanter les mérites de celui qu'ils considèrent comme un des leurs.

«C'est de loin la meilleure première année en environnement de tous les présidents américains, incluant Teddy Roosevelt», a lancé Carl Pope, grand patron du Sierra Club. «Il s'agit d'un bilan extraordinaire», a renchéri Frances Beinecke, directrice du Natural Resources Defense Council (NRDC). On le félicite de s'être entouré d'une «Green Dream Team», d'avoir redonné aux scientifiques l'importance qui leur revient dans la prise de décision, d'avoir bonifié les fonds de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) et d'avoir mis de l'avant une norme d'efficacité des véhicules nationale.

Tout est vert dans le plus vert des mondes, donc? Pas tout à fait. Il faut lire dans le détail les argumentaires des différents groupes pour constater que l'enthousiasme des écologistes ne s'appuie pas autant sur ce que représente Obama, mais sur ce qu'il ne représente pas: George W. Bush.

La plupart des décisions applaudies sont plutôt des contre-décisions, des holàs mis sur les projets les plus controversés de son prédécesseur: Obama a restitué à l'EPA sa mission perdue; il a retiré aux motoneigistes la permission qui leur avait été accordée de circuler dans le parc protégé Yellowstone; il a dépouillé les pétrolières de leurs droits de forer dans les parcs nationaux de l'UTAH, etc.

Si George W. Bush a eu droit à un D - dans le bulletin de la League of Conservation Voters, son successeur s'est ainsi mérité un très honorable B +.

C'est bien. Mais comme dans de nombreux autres dossiers, ce n'est tout simplement pas à la hauteur des attentes suscitées il y a un an.

En témoignent de façon éclatante ce que les groupes écolos présentent comme ses plus importantes réalisations: il s'agit dans les faits de demi-réalisations, au mieux.

Le président Obama a réussi à embarquer son pays et la Chine dans les négociations sur le climat... mais il n'a pu empêcher l'échec de la Conférence de Copenhague. Il a convaincu la Chambre des représentants d'adopter le projet de loi Markey-Waxman sur la réduction des gaz à effet de serre... mais celui-ci a frappé un mur au Sénat, pourtant à majorité démocrate en 2009.

Obama a versé des milliards pour les transports en commun... mais le gros du montant sert à réaliser d'énièmes études pour l'implantation éventuelle de lignes ferroviaires à grande vitesse. Il a lancé avec le Canada un «dialogue sur l'énergie propre»... mais depuis, rien.

Ajoutons à cela de nombreux dossiers où les observateurs déplorent non plus des demi-réussites, mais carrément des échecs. Le Center for Biological Diversity, par exemple, se désole qu'Obama n'ait accordé le statut «menacé» qu'à deux nouvelles espèces, le plus petit nombre pour une première année de présidence depuis la prise de pouvoir de Reagan en 1981. Ou encore, qu'il n'ait toujours pas décidé de s'attaquer à l'acidification des océans et à la dévastation de montagnes par les producteurs de charbon.

Évidemment, l'administration américaine a eu les mains pleines avec certaines crises comme l'économie, l'Afghanistan, la santé. Élevés au rang de priorités, ces dossiers ont visiblement relégué l'environnement au rang de ... demi-priorité.

Le GIEC se goure

Doit-on tirer sur le scientifique? Ou sur le journaliste? Le Groupe d'experts sur le climat de l'ONU, nobélisé en 2007, a reconnu avoir inclus dans son dernier rapport une prévision non fondée. Les glaciers de l'Himalaya fondent si vite, qu'ils menacent de disparaître d'ici 2035, affirmait-on. Or cette évaluation, en plus de n'avoir rien de scientifique, est fausse: elle provient de la citation, dans le New Scientist, d'un chercheur indien... qui nie avoir affirmé une telle chose. «Les normes claires et bien établies requises par le GIEC n'ont pas été appliquées de manière adéquate», s'est excusé le groupe.

 

 

 

Photo: AFP

La fonte des glaciers de l'Everest est au coeur d'une nouvelle controverse qui secoue les experts du climat.

Ottawa coupe les fonds

Après les scientifiques du climat, au tour des chercheurs des sciences polaires de crier à l'aide. La revue Nature, l'une des plus crédibles au monde, publie dans sa dernière livraison un texte condamnant la réduction du financement fédéral de la recherche. Après avoir versé quelque 156 millions de dollars pour l'«année» internationale polaire (2007-2009), «l'appui financier aux chercheurs en zone éloignée a chuté», lit-on. Cela est déplorable, ajoute-t-on, compte tenu que les fonds des dernières années ont suscité une recrudescence de l'activité scientifique dans ce domaine.

 

 

 

Menace contre Haïti?

Les ouragans seront moins nombreux dans l'Atlantique au cours des prochaines décennies, mais ils seront beaucoup plus dévastateurs, conclut une équipe de chercheurs du National Oceanic and Atmospheric Administration. Les plus récents modèles climatiques montrent en outre que «les ouragans les plus forts se concentreront sur l'ouest de l'Atlantique, de sorte que Haïti, les Bahamas et la côte sud-est des États-Unis pourraient être encore plus à risque», prévient-on. Rien de bien réjouissant alors que les secours laisseront tranquillement place aux chantiers à Haïti. Des chantiers qui seront bien vulnérables.

 

 

 

Photo AP