Le Canada a été traîné dans la boue au cours des dernières semaines en raison de sa position dans le dossier climatique. Rien de nouveau sous le soleil? Sauf que cette fois-ci, les critiques ne venaient pas que des écolos canadiens.

Le grand patron de l'ONU, Ban Ki-moon, a soutenu que la communauté internationale attendait plus d'Ottawa. Al Gore a déclaré que les sables bitumineux représentent une des plus sérieuses menaces pour l'espèce humaine.

Le chroniqueur George Monbiot, du quotidien britannique The Guardian, a qualifié le Canada de «pays pétrolier corrompu» (corrupt petro-state), dont le travail de sape à Copenhague annulera «un siècle d'actions positives».

La tendance devient indéniable quand on rappelle la décision de bon nombre de pays en développement de quitter la salle, au moment où le Canada prenait la parole lors de la rencontre de Bangkok. Ou encore, quand on aperçoit la publicité des écolos internationaux à l'aéroport de Copenhague, qui accuse Stephen Harper de bloquer les négociations.

Mais le Canada, qui n'émet pas plus de 2% des gaz à effet de serre de la planète, est-il à ce point important sur la scène internationale? Peut-il vraiment, à lui seul, bloquer les efforts de quelque 190 pays?

La réponse que m'a donnée Jacques Bilodeau il y a deux ans est éclairante. Diplomate de carrière, il est bien placé pour mesurer l'importance du pays, ayant été l'ambassadeur du Canada à la Conférence climatique de 2005.

«Nous avons perdu beaucoup de crédibilité sur la scène internationale, a-t-il indiqué. Or je peux vous dire que tout tourne justement autour de la crédibilité. Un pays qui en a peu ne peut pas jouer un rôle important dans les négociations.»

Un instant! Un pays sans crédibilité ne peut pas jouer un rôle important, mais en même temps, le Canada, dont la crédibilité est quasiment nulle selon ses détracteurs, a le pouvoir de bloquer les pourparlers internationaux...

Relativisons les choses. Si la communauté internationale a une grande volonté d'agir, comme on le laisse entendre, ce n'est pas le Canada qui l'en empêchera. Tout au plus, ce dernier pourrait affaiblir une entente internationale pour l'après-2012, en y ajoutant la cible la moins élevée des pays industrialisés.

Ce qui est en jeu, ce n'est donc pas l'adoption d'un futur traité, mais la crédibilité du pays. Pourquoi, dans ce cas, autant de gens dépensent-ils autant d'énergie à dénoncer le Canada?

En raison de son isolement, d'abord. Depuis que le Japon, l'Australie et surtout les États-Unis ont changé de régime, le Canada est réduit au rôle de l'unique vilain.

Ensuite parce que le pays a le deuxième plus haut taux d'émission de gaz à effet de serre par habitant au monde (20,6 tonnes par habitant), loin devant la Chine (3,8) et l'Inde (1,2).

Enfin, en raison de l'existence des sables bitumineux, qui ont détrôné le charbon dans la liste des principaux coupables à abattre.

Pour toutes ces raisons, donc, le Canada revêt une importance plus grande que celle que lui confère son poids démographique ou économique. D'autant qu'il fait partie des pays qui ont reconnu, en ratifiant Kyoto, leur responsabilité historique dans le réchauffement planétaire.

Photo: Reuters

Le grand patron de l'ONU, Ban Ki-Moon, estime que la communauté internationale attend plus d'Ottawa.

Météo vs climat

Les écolos sont les premiers à dénoncer la confusion que certains entretiennent entre météo et climat. La première fait état des prévisions à court terme, le second, des tendances à long terme. Un hiver froid ne signifie donc pas que la Terre se refroidit. Il faut regarder les tendances pour tirer des conclusions, répètent-ils. Mais il semble que cela ne tient que pour les autres... Le site Treehugger utilise en effet le temps clément de cet automne pour ironiser: «Après ça, peut-on lire, on dira que la planète ne se réchauffe pas!» Deux poids, deux mesures...

Treehugger.com

Photo: La Presse

Un hiver rigoureux n'implique pas que la Terre se refroidit.

100% renouvelables en 2030

Après Al Gore, qui promettait d'offrir de l'énergie propre à tous les Américains d'ici 2020, voilà que deux chercheurs américains proposent un plan pour que la planète ne carbure qu'aux énergies renouvelables en 2030... Possible? Théoriquement, oui, écrivent-ils dans le Scientific American, rappelant que les États-Unis ont réussi à mettre de l'avant un plan aux proportions similaires lorsqu'ils ont réorienté leur économie en pleine guerre mondiale. Le plan: installer 3,8 millions d'éoliennes et 90 000 installations solaires, en plus d'une panoplie d'autres technologies vertes comme les turbines marémotrices. Le hic: certaines technologies ne sont pas encore commercialisables...

ScientificAmerican.com

Photo: archives La Presse

Les chercheurs proposent d'installer 3,8 millions d'éoliennes.

Verte, la radio?

Une petite radio alimentée par l'énergie solaire, fabriquée en papier plutôt qu'en plastique... Un gadget vert? Pas sûr. Offerte par la compagnie Yanko Design, qui a des bureaux au Canada, la radio vient dans une boîte... Ou plutôt, les radios viennent dans une boîte. Car chacune d'entre elles ne peut syntoniser qu'un seul poste. Il faut donc plusieurs radios pour écouter plusieurs postes. Il faut aussi acheter plusieurs boîtes si on souhaite l'écouter dans plus d'une ville, car les postes ne sont pas les mêmes. Toujours vert, le bidule?

YankoDesign.com