Oubliez le Canada. Oubliez l'Inde, la Russie. Oubliez même la Chine. Si les négociations climatiques sont actuellement dans l'impasse, la responsabilité incombe d'abord et avant tout aux États-Unis.

Le sommet des chefs d'État tenu à New York, mardi dernier, a complètement changé la dynamique des discussions internationales, à moins de 70 jours de la conférence de Copenhague. En ce sens, l'initiative du grand patron de l'ONU a été un franc succès. L'objectif était de donner un second souffle aux négociations, particulièrement celles qui se tiennent au sein du Major Economies Forum on Energy and Climate. Réunis depuis cinq mois pour préparer le terrain en vue de la conférence de décembre, les pays les plus puissants achoppent toujours sur l'engagement des pays émergents.

Or, le discours du président chinois, Hu Jintao, a certes déçu nombre d'environnementalistes et d'observateurs cette semaine, mais il n'en a pas moins débloqué les pourparlers.

La Chine s'est engagée à adopter un plan vert «contraignant», contenant de «nouvelles mesures» pour réduire «de façon notoire» ses émissions, à l'aide de cibles d'intensité, à l'horizon 2020. Elle a aussi confirmé sa volonté de s'alimenter à 10% en énergie renouvelable d'ici cinq ans, à 15% d'ici 10 ans.

Pas de cible précise, pas d'applaudissements, a répondu le Center for International Climate and Environmental Research, entre autres.

Mais comment exiger immédiatement un engagement ferme d'un pays dont une bonne partie vit dans la pauvreté, et qui est somme toute peu responsable de la saturation de l'atmosphère en CO2, quand les États-Unis sont eux-mêmes incapables de le faire?

Non seulement le président Obama propose-t-il une cible fort timide (retour au niveau de 1990), mais aucun objectif n'a reçu l'aval des législateurs américains. Pis encore, presque personne ne croit que le Sénat ratifiera le projet de loi sur le climat, actuellement à l'étude, avant la conférence de Copenhague.

Dans un tel contexte, l'absence de Stephen Harper au sommet de New York, le manque de volonté du gouvernement indien, voire la hauteur de la cible chinoise, apparaissent bien secondaires.

«Nous avons reçu des indications selon lesquelles la Chine est prête à en faire beaucoup plus, si jamais les négociations progressent de façon importante», a soutenu l'ancien vice-président américain Al Gore.

Traduction: si les États-Unis embarquent, la Chine suivra. Il n'y a rien là de bien surprenant. Aucun pays ne souhaite que son concurrent prenne une longueur d'avance dans l'économie verte de demain. C'est pourquoi le Japon s'est hissé de zéro à héros cette semaine, en se fixant la plus ambitieuse cible de réduction d'émissions des pays riches (25%).

Faisons un parallèle avec l'industrie automobile: Toyota s'est fait ridiculiser lorsqu'elle a pris le virage hybride, avec sa Prius. Aujourd'hui, aucun fabricant n'est en mesure de s'approcher du géant japonais, qui possède une expertise unique qu'elle pousse chaque année un peu plus loin.

La Chine ne souhaite absolument pas se retrouver ainsi à la traîne, que ce soit dans la mise au point de l'auto électrique, des panneaux solaires ou de quelque technologie environnementale que ce soit.

Il ne s'agit donc plus d'un objectif uniquement environnemental qui devra être officialisé à Copenhague, mais aussi économique. Le président Obama le sait très bien. Il reste maintenant à convaincre ses collègues du Congrès, vers qui tous les yeux sont désormais tournés.

Photo Reuters

Le discours du président chinois, Hu Jintao, a déçu nombre d'environnementalistes.

Pas d'affiches

Contrairement à Projet Montréal, Union Montréal et Vision Montréal ne s'afficheront pas au cours de l'actuelle campagne électorale qui s'amorce, pour « des raisons environnementales ». On s'entend, le meilleur déchet est celui qu'on ne produit pas. Mais était-il nécessaire d'éliminer complètement les affiches, sachant qu'elles sont faites d'un matériau réutilisable et recyclable (Coroplast)? Elles ont en outre le mérite de rappeler à tous que des élections se tiendront bientôt, tout en assurant une visibilité aux candidats inconnus. En se contentant d'examiner la pertinence environnementale d'un tel geste, ne passe-t-on pas à côté de quelque chose de plus important encore?

Photo La Presse

Le parti de Richard Bergeron, Projet Montréal, s'affichera dans les rues de la ville pendant dans la campagne municipale.

Gorbatchev.eco?

Une guerre froide oppose depuis quelques semaines Al Gore et l'ex-président soviétique Mikhaïl Gorbatchev. Qui, des deux puissants hommes, mettra la main sur le futur nom de domaine .eco ? Voilà le litige. Pour les spécialistes, ce nom de domaine pourrait bien valoir une petite fortune dès sa mise en ligne, peut-être l'an prochain. Alors que Gore s'est rangé derrière l'alliance Dot Eco LLC, son vis-à-vis russe a choisi Big Room, une organisation canadienne. L'Internet Corporation for Assigned Names and Numbers devrait prochainement trancher. À suivre.

Photo Reuters

Al Gore.

Calendrier climatique

Après New York et Pittsburgh, la communauté internationale doit se rencontrer à au moins deux reprises pour poursuivre les négociations sur le climat d'ici la conférence de Copenhague. Voici les prochains rendez-vous:

Bangkok: du 28 septembre au 9 octobre.

Barcelone: du 2 au 6 novembre.

Paris: Sarkozy propose une rencontre en novembre.

Copenhague: du 7 au 18 décembre.