De mal nécessaire, l'emballage est devenu source de frustration. Les médias font de plus en plus référence au «wrap rage». Les autorités américaines ont dénombré pas moins de 25 000 blessures liées au désemballage depuis 2004. Et le magazine Consumer Reports remet chaque année le «prix de l'huître» à l'emballage le plus difficile à ouvrir.

À cela s'ajoute une autre frustration, sur laquelle les pansements n'ont aucun effet : le suremballage. Et par la bande, l'augmentation effrénée des quantités de déchets générés.Mais il y a de la lumière au bout du tunnel. Un document de consultation est actuellement à l'étude dans les provinces du pays, en vue de l'élaboration d'une «stratégie pancanadienne sur l'emballage écologique».

Élaboré par le Conseil canadien des ministres de l'Environnement (CCME), un organisme parapluie qui chapeaute les provinces, ce document de travail d'une quarantaine de pages surprend par son ambition : il vise carrément l'objectif «zéro déchet», en adoptant une approche très progressiste, celle «du berceau au tombeau».

Autrement dit, on prend le problème dans son ensemble, depuis l'acquisition des matières premières jusqu'à l'élimination, en passant par la fabrication, le transport et la consommation de l'emballage.

«Le CCME, écrit-on, imagine un Canada où l'emballage est sûr et bénéfique pour la population, l'économie et l'environnement, et où aucun déchet n'est généré tout au long du cycle de vie de l'emballage.»

Pour que le producteur devienne (enfin) responsable, matériellement et financièrement, de son produit, on propose une série de mesures incitatives et coercitives : initiatives de reprise des emballages, comme cela existe pour les pneus et les huiles usées au Québec ; bonus financiers aux entreprises qui réduisent les déchets avant leur création ; malus aux producteurs d'emballages problématiques.

Plus surprenant encore, on suggère la création d'un poste d'ombudsman, qui aurait pour mandat d'entendre «les plaintes spécifiques des consommateurs sur les emballages jugés excessifs». Cela, pour aider l'industrie à réduire au minimum l'emballage... et les frustrations.

Si la stratégie est adoptée (et le Québec y est favorable), cela signifie que les entreprises n'auraient d'autres choix que de revoir l'ensemble de leurs procédés d'emballage : y a-t-il moyen de réduire la quantité de matériaux utilisés ? Ces derniers sont-ils recyclables ? Existe-t-il des installations pour les recycler ? Proviennent-ils de matériaux recyclés ? Peuvent-ils être plus légers ? Prendre moins de place ? Etc.

«Les initiatives actuelles de détournement des déchets ne prévoient pas assez d'incitatifs pour que les producteurs modifient la conception de leurs produits», note-t-on dans le document de consultation.

Seul bémol dans ce tableau : les cibles et échéanciers. On propose un plan dont la seule implantation nécessiterait six ans, puis de timides cibles subséquentes : croissance nulle des emballages pendant trois ans, puis début de réduction dans les deux années qui suivent.

«Le plan proposé est quasi parfait, selon Sylvain Allard, professeur à l'École de design de l'UQAM. Il contient presque mot pour mot ce que j'enseigne dans mes classes. Par contre, avec un tel échéancier, on est bien loin de la coupe aux lèvres.»

L'objectif «zéro déchet» n'étant pas pour tout de suite, le sac à poubelle et les ciseaux ont encore de beaux jours devant eux.

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50 millions

C'est le nombre total de lecteurs du National Geographic, donc le nombre de personnes qui verront le dossier accablant sur les sables bitumineux canadiens. Cela rendra-t-il le pétrole d'ici moins attrayant aux yeux du président Obama? Peu de chance. Car lever le nez sur ce pétrole sale, l'obligerait à lever le nez sur le charbon sale, qui fournit la moitié de l'électricité aux États-Unis.

Délocaliser la pollution

La Chine a vu ses émissions polluantes augmenter rapidement ces dernières années, ce qui a poussé certains chefs d'État occidentaux, notamment Stephen Harper, à montrer du doigt ce pays. Or près de la moitié de ladite hausse des émissions est imputable... aux Occidentaux, révèle une étude à paraître dans le Geophysical Research Letters. Dans le protocole de Kyoto, les émissions sont calculées selon la production, non la consommation. Des experts tentent de faire changer cela. Le Canada verrait-il ses émissions augmenter? Au contraire, la quasi totalité du pétrole albertain est consommé aux États-Unis...

Montréal le cancre

La métropole québécoise se classe au dernier rang des grandes villes canadiennes en terme de développement durable, selon le dernier Sustainable Cities Report du magazine Corporate Knights. Montréal fait piètre figure dans plusieurs domaines, en particulier la consommation d'eau, la protection du territoire et l'architecture verte. En revanche, la ville de Québec se classe deuxième de sa catégorie, derrière Halifax. La plus verte d'entre toutes : Edmonton.