Quelles universités attirent les étudiants les plus forts ? Quels sont leurs critères d'admission ? L'UQAM est-elle aussi faible que certains le croient ?

Alors que des milliers d'étudiants font leur demande d'admission d'ici le vendredi 1er mars, j'ai cherché à comparer les exigences pour être admis dans trois des principaux programmes offerts par les universités, soit l'administration, le droit et le génie.

Deux éléments ressortent clairement. Le premier, c'est que l'Université McGill est l'établissement qui attire les étudiants les plus doués, et de loin.

Le deuxième, plus étonnant, c'est que l'Université Laval ouvre ses portes à des étudiants plus faibles qu'ailleurs, notamment en droit et en administration. Et elle compte aussi une proportion moins grande d'étudiants très forts que les universités de Montréal et McGill dans les trois programmes.

Autre observation : les étudiants de l'UQAM en administration et en droit sont plus forts qu'attendu.

Ces observations sont basées sur une comparaison des niveaux de cote R. Cet indicateur mesure la force des étudiants venant du cégep, basée sur leur moyenne générale, leur écart avec la moyenne et la force de leurs groupes. La cote R se situe généralement entre 15 et 40. Par exemple, à l'Université de Montréal, il faut avoir une cote R de plus de 34,95 pour entrer en médecine, de 32,12 en droit, de 26 en génie et de 23 en enseignement au primaire.

Cette cote R ne mesure pas le degré d'empathie des candidats en médecine ni les capacités de communication des futurs ingénieurs ou avocats. Elle trace tout de même un portrait significatif de la force des étudiants.

Appelée à commenter son faible classement, l'Université Laval explique qu'elle favorise l'accessibilité à l'enseignement supérieur. « Une grande majorité d'étudiants peuvent réussir s'ils sont placés dans des conditions adéquates d'encadrement et reçoivent le soutien nécessaire à leur réussite. Le taux de diplomation de nos cohortes et l'excellence de nos diplômés sur le marché du travail sont la preuve que notre approche porte ses fruits », m'écrit la porte-parole Andrée-Anne Stewart.

Administration

En administration, l'Université McGill est la plus exigeante. Elle accepte seulement ceux dont la cote R excède 30,8. Ce niveau minimal est bien plus élevé (environ 26,5) que les trois institutions suivantes : Concordia, HEC Montréal ou l'École des sciences de la gestion de l'UQAM. L'Université Laval vient beaucoup plus bas, avec une cote R minimale exigée de seulement 22.

Même constat pour les étudiants très forts. À McGill, près de 50 % des nouveaux venus du cégep qui se dirigent vers l'administration ont une cote R qui excède 32, contre 1,4 % à l'UQAM.

Fait à noter, toutefois, la cote R minimale à l'UQAM (25,5) n'est pas beaucoup plus basse qu'à HEC (26,5), et elle plus élevée qu'à l'Université Laval ou à l'Université de Sherbrooke.

Droit

Pour le bac qui conduit au titre d'avocat, la cote R minimale est beaucoup plus uniforme entre les universités qu'en administration ou en génie, variant essentiellement entre 30 et 32.

Encore une fois, McGill se démarque des autres par la grande proportion d'étudiants très doués. Ainsi, 49 % des nouveaux de première année en droit ont plus de 35 de cote R, comparativement à 3,3 % à l'Université Laval.

Il faut dire que dans la tradition anglo-saxonne, la formation en droit vient après l'obtention d'un premier bac. De plus, McGill reçoit beaucoup d'étudiants étrangers ou du reste du Canada. Ainsi, à l'automne 2018, seulement 39 étudiants en droit à McGill venaient directement du cégep sur une cohorte de 188 (1 sur 5).

Nos données sur les cotes R en droit et en administration portent à penser que l'UQAM compte un grand nombre d'étudiants de force moyenne dans ces deux facultés et moins d'étudiants qu'ailleurs qui sont soit faibles ou très forts.

La porte-parole Jenny Desrochers se dit heureuse de constater que l'UQAM se classe mieux que ce à quoi certains auraient pu s'attendre. « Nos étudiants en science po et droit gagnent depuis des années les concours canadiens de plaidoirie et les grandes simulations internationales des Nations unies », m'écrit-elle par courriel.

Génie

Par ailleurs, McGill a un sérieux concurrent pour l'attraction des étudiants les plus forts en génie, soit l'École polytechnique.

Ainsi, à l'automne 2018, 7,6 % des nouveaux inscrits à Poly venant du cégep y avaient une cote R de 36 ou plus, comparativement à 9,3 % à McGill.

En revanche, Polytechnique laisse entrer un plus grand contingent d'étudiants plus faibles. Par exemple, dans le cas du génie mécanique, la cote R minimale à Poly doit excéder 26, contre 32 à McGill. Est-ce à dire que Poly élague davantage qu'ailleurs après un an ?

« Le taux de rétention en première année est de 86 %. C'est bien mieux qu'à l'époque où il y avait un tronc commun pour tous les étudiants, qui n'existe plus aujourd'hui », m'explique la porte-parole Annie Touchette.

Autre particularité : l'École de technologie supérieure (ETS) accepte des étudiants dont la cote R est de seulement 17,5, ce qui est très faible. Le porte-parole de l'établissement, Sébastien Langevin, rappelle que l'ETS est la seule école de génie qui offre des bacs conçus spécialement pour les diplômés de programmes techniques (DEC) des cégeps.

« Les moyennes pour les DEC techniques sont moins élevées que pour les DEC préuniversitaires. Nous avons mis en place une série de mesures pour favoriser la réussite, comme les ateliers d'aide à la rédaction, le mentorat pour l'aide aux mathématiques, la gestion du temps et du stress », explique-t-il.

Hier, le premier volet de notre dossier portait sur la gratuité des études de première année pour les étudiants brillants. Il s'agit des candidats du cégep qui obtiennent automatiquement une bourse parce que leur cote R excède un certain niveau, par exemple 32. La proportion d'étudiants qui bénéficient de telles bourses atteint parfois 1 sur 8.