Année après année, le Vérificateur général (VG) nous dévoile des histoires d'horreur sur nos sociétés publiques. Rares sont celles passées au crible qui s'en sortent indemnes.

Année après année, le Vérificateur général (VG) nous dévoile des histoires d'horreur sur nos sociétés publiques. Rares sont celles passées au crible qui s'en sortent indemnes.

Or cette année, une organisation s'est particulièrement démarquée pour la qualité de sa gestion, en l'occurrence la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ). Tant et si bien que le VG, au terme de ses vérifications pointilleuses, dit n'avoir aucune recommandation à formuler. Impressionnant !

Les travaux du VG portaient plus particulièrement sur les mesures d'évaluation de la performance de la SAAQ et les comparaisons avec les entités d'autres juridictions, appelées étalonnage. Une loi prévoit spécifiquement que les sociétés d'État doivent se doter de mesures de comparaisons de leur performance, question d'avoir des cibles pour s'améliorer.

L'exercice n'est pas toujours simple pour la SAAQ, dont le mandat de couverture publique des accidentés de la route, entre autres, trouve peu d'équivalents ailleurs. La SAAQ doit également gérer les questions d'immatriculation, promouvoir la sécurité routière, assurer la surveillance du transport routier, percevoir les droits d'immatriculation et acquitter les demandes d'indemnités, notamment. L'organisation compte 3486 employés et son budget avoisine les 250 millions.

En 2009, la SAAQ avait 17 indicateurs pour évaluer sa performance historique, mais aucun n'était comparé à ceux d'autres organisations. Or, en 2014, le nombre d'indicateurs est passé à 21, et 11 sont comparés à ceux d'ailleurs. Et pour chacun, des cibles d'amélioration sont fixées.

Le VG ne reprend pas les données des indicateurs, mais voici tout de même la comparaison que fait la SAAQ dans son plus récent rapport annuel. En 2014, le taux de décès sur les routes était de 4,1 par 100 000 habitants au Québec, en baisse constante (5,2 en 2012 et 4,8 en 2013). En comparaison, le taux est de 5,5 pour 100 000 habitants dans l'ensemble du Canada, 10,3 aux États-Unis, 5,1 en France, 2,8 en Grande-Bretagne et 2,7 en Suède.

Autre comparaison : les conducteurs de véhicules lourds du Québec se conforment davantage aux normes qu'ailleurs au Canada, selon ce qui ressort d'une vérification uniformisée partout (opération Roadcheck). La proportion de conducteurs de véhicule mis hors service est de 2,0 % au Québec, contre une moyenne de 2,4 % ailleurs.

Autre exemple : la SAAQ est loin devant concernant la PAS, soit la prestation autonome de services (par exemple, le prélèvement bancaire automatique). Quelque 63 % des clients de la SAAQ utilisent la PAS, comparativement à 26 % pour la moyenne canadienne et 43 % pour les pays européens.

Les indicateurs financiers sont également favorables. Le coût d'administration de la SAAQ est le plus bas des cinq sociétés comparées, soit 16 % des indemnités versées (23 % ailleurs), et le coût de l'assurance automobile au Québec est le plus bas au Canada (776 $ contre une moyenne de 1090 $ pour les 12 provinces et territoires comparés).

Enfin, notons que, depuis trois ans, la SAAQ présente des surplus annuels (11,4 millions en 2015). De plus, le Fonds d'assurance automobile, destiné au paiement des indemnités, a un excédent cumulé de près de 2,0 milliards en 2015, en croissance constante depuis cinq ans.

Bien sûr, tout n'est pas parfait. La SAAQ pourrait améliorer son taux d'absentéisme ou encore le taux de décès routiers, mais le plus important est d'avoir des indicateurs clairs et des objectifs pour les améliorer.

En réponse au VG, la SAAQ précise que « les efforts déployés (pour mesurer et améliorer la performance) ne visaient pas uniquement à répondre aux exigences de la loi. Ce qui était plus significatif était de faire de la performance un élément structurant dans la culture d'entreprise ».

Bravo, donc, au conseil d'administration, à la PDG Nathalie Tremblay et à son équipe !

DISCRIMINATION ETHNIQUE À QUÉBEC

Donnez au nom étranger d'un CV une consonance plus locale et vous augmenterez les chances de cette personne d'être embauchée. Ce constat, vérifié à Montréal, à Vancouver, aux États-Unis et en Europe, explique entre autres pourquoi les immigrants, surtout de minorités visibles, ont plus de difficultés à se trouver une place au soleil en terre d'accueil.

Or, une nouvelle étude, cette fois pour la région de Québec, vient confirmer la tendance. Les chercheurs Simon Brière, Bernard Fortin et Guy Lacroix ont testé la discrimination à l'embauche d'une candidate maghrébine dans la région de la Capitale-Nationale. Ils ont essentiellement envoyé deux candidatures pour des postes de secrétariat, l'un pour Valérie Tremblay (50 CV) et l'autre pour Samira Benounis (50 CV). Les deux avaient un profil identique.

Résultat : ils ont constaté un écart significatif de plus de 10 points de pourcentage entre les entrevues d'embauche de Valérie et de Samira. Plus précisément, 10 des 50 employeurs ont demandé une entrevue à Valérie, contre seulement 5 pour Samira.

Le Québec n'est pas le seul endroit où se vit une telle discrimination. Par contre, l'écart de taux de chômage entre les immigrants et les natifs d'ici est nettement plus important qu'ailleurs au Canada. Les employeurs devraient enlever leurs oeillères. Pour des questions humaines d'abord, mais aussi dans leur propre intérêt, compte tenu du vieillissement de la population et de la pénurie de main-d'oeuvre qui se profile.