Le ministère des Finances du Québec a rendu public son plus récent rapport financier mensuel, qui porte sur le mois de février. Et ce rapport m'amène à vous parler de notre réseau de garderies, qui est sous pression.

D'abord, bonne nouvelle : après 11 mois sur 12, le gouvernement du Québec a un surplus budgétaire cumulé de 2,0 milliards de dollars. La somme est impressionnante, puisque le gouvernement projetait plutôt d'être à l'équilibre budgétaire pour cet exercice terminé le 31 mars 2016.

Elle l'est d'autant plus que ce surplus est calculé après un versement important au Fonds des générations, qui sert à rembourser la dette. Bien sûr, les données du dernier mois de l'année budgétaire - mars - ne sont pas encore compilées et, historiquement, mars est déficitaire. Selon toute vraisemblance, l'année se terminera plutôt avec un surplus d'un peu plus de 1,0 milliard. Il reste que la somme est appréciable.

Après 11 mois, le surplus de 2,0 milliards s'explique par une croissance des dépenses moins forte que prévu (1,0 % au lieu de 1,7 %) et une gestion rigoureuse des fonds spéciaux et des organismes autres que budgétaires. Les revenus sont également en hausse. Bref, un surplus de 2,0 milliards, dont une part est récurrente, c'est-à-dire qu'elle reviendra l'an prochain.

Les garderies et CPE, dans tout ça ? Avec un tel surplus, je ne peux pas croire que le gouvernement n'a pas quelques millions à accorder au réseau de garderies et de CPE, qui est sous pression. Après tout, c'est de nos enfants et donc de notre avenir qu'il est question.

Certes, le gouvernement doit exiger une gestion rigoureuse des dépenses de la part de tous. Et oui, il y a des CPE qui avaient du gras à couper. Mais sur le terrain, on entend trop d'histoires troublantes pour fermer les yeux : moins de viande aux repas, moins de sorties, moins de chauffage, éducatrices qui paient certains biens de leurs poches, etc.

N'est-il pas temps pour le gouvernement de jeter un peu de lest, d'autant que les clients que sont les parents ont vu leurs tarifs augmenter cette année ?

UN MÉDECIN QUI ABANDONNE

Mardi, je terminais ma chronique en disant espérer que l'abrogation des frais accessoires exigée par Gaétan Barrette n'inciterait pas certains médecins à fermer leurs cliniques. Or, un urologue de la région de Montréal m'écrit que c'est exactement ce qu'il a fait. Certes, il en avait marre de pratiquer de gros volumes de vasectomies, dit-il, mais son écoeurement était accru par le débat sur les frais accessoires.

« C'est exactement ce qui m'est arrivé. Après avoir fait individuellement pratiquement le plus grand nombre annuel de vasectomies au Québec pendant près de 25 ans, demandant toujours des frais accessoires en deçà de ce qui était demandé par mes collègues urologues, devant ce débat politique agressif concernant ces frais, jugeant que de toute façon, la vasectomie n'est, somme toute, pas un soin (selon moi, elle devrait être "désassurée"), j'ai cessé de pratiquer la vasectomie depuis plus d'un an tant au bureau qu'à l'hôpital.

« Je crois d'ailleurs que la multiplication des actes techniques au bureau fut causée par la fermeture sauvage de tous ces hôpitaux lors de la réforme Rochon en 1996, qui a notamment réduit l'accès aux plateaux techniques publics. C'est l'accès aux soins qui fut touché il y a 20 ans. Il ne faudrait pas l'oublier dans ce débat "anti-gros méchants docteurs"... »

LA RACE CANADIENNE

Lundi, j'écrivais sur la question 17 du recensement portant sur l'origine ethnique de nos ancêtres. J'expliquais que la suggestion « canadien » de Statistique Canada venait biaiser les réponses, puisque « canadien » n'est pas une ethnie, mais une nationalité.

Cette suggestion, placée notamment à côté de français, anglais, chinois, italien et micmac, écrivais-je, a pour effet d'occulter l'origine des deux peuples fondateurs de la Constitution, notamment les Canadiens français.

Or, j'apprends que Statistique Canada me donne entièrement raison dans son recensement de... 1921. À l'époque, on parlait non pas d'ethnies, mais de races, et la race canadienne désignait surtout les francophones, faut-il le rappeler.

Statistique Canada interdisait alors la réponse « canadien » dans sa question sur les origines raciales, « car l'objectif de la question est d'obtenir la plus lointaine déviation raciale possible de canadien ». L'organisme poursuivait en disant vouloir mesurer l'importance des deux peuples fondateurs et faisait valoir que si la « réponse "canadien" plutôt que "français" était acceptée, elle rendrait impossible une telle évaluation ».

Autre temps, autres moeurs, il faut croire. Pour les renseignements, merci à Ruth Dupé, professeure d'histoire économique retraitée de HEC Montréal.