Les Québécois ne sont pas apathiques devant les problèmes des finances publiques. La très forte réaction des lecteurs à notre appel de solutions en est une preuve éloquente, et c'est tant mieux.

Mardi, ma chronique faisait valoir que les compressions budgétaires simplistes, les hausses d'impôt et l'endettement ne sont pas les seules solutions qui s'offrent au gouvernement pour rééquilibrer le budget. Trouver des façons plus intelligentes de rendre les mêmes services doit aussi faire partie de l'équation.

Plus de 500 lecteurs nous ont donc transmis leurs suggestions, parfois très détaillées, par voie électronique ou par téléphone. J'ai lu les courriels de tous, les yeux m'en piquent encore. Nous cherchions avant tout des solutions originales. Quelques-unes des plus concrètes ont été résumées, sur lesquelles nous ne portons pas de jugement.

Plusieurs nous ont fait des suggestions connues, comme l'étalement des salaires des médecins spécialistes (540 millions) ou l'élimination des programmes de fécondation in vitro (70 millions par an), deux mesures que pourrait retenir le gouvernement libéral.

Parmi les autres suggestions déjà avancées, mentionnons l'imposition d'un ticket modérateur de 25$ dans la santé (environ 500 millions par an), l'élimination partielle ou totale des crédits d'impôt aux entreprises informatiques (293 millions), la diminution de 5% des subventions aux écoles privées (25 millions) ou l'instauration d'un péage sur les routes (1,0 milliard).

Des lecteurs ont ramené sur le tapis l'aide au projet de cimenterie de Port-Daniel-Gascons (350 millions sur plusieurs années) et le nouvel appel d'offres pour les éoliennes (qui provoquera une hausse des tarifs d'Hydro-Québec).

De son côté, le lecteur Jean-Pierre Gagnon nous a rappelé que le vérificateur général du Québec (VG) avait sévèrement critiqué la gestion chaotique des 400 millions de fonds accordés aux 3400 organismes communautaires dans le secteur de la santé. Selon le rapport du VG de 2008, le ministère de la Santé et les agences ne font pas de réévaluation des fonds accordés et de leur pertinence. Le VG avait donc fait 23 recommandations pour améliorer la situation.

Or, vérification faite, seulement 5 des 23 recommandations avaient été appliquées de façon satisfaisante lorsque le VG a fait un suivi, en 2011, pour un très faible taux de 22%.

«S'attaquer aux groupes communautaires semble inconcevable pour nos politiciens et les médias, dit le lecteur Jean-Pierre Gagnon. Certes, plusieurs organisations communautaires font de l'excellent travail, mais plusieurs auraient besoin de se faire surveiller de près. Aussi, je ne serais pas surpris que des enquêtes puissent découvrir des horreurs dans les finances de ces organismes».

Fait à souligner, quelques fonctionnaires qui nous ont écrit se sont dits ouverts à trouver des solutions. «Si on demandait en toute confidentialité aux fonctionnaires de dire si des postes sont de trop dans leur organisation de travail immédiat, il y aurait peut-être des révélations. Ils seraient enfin capables d'exprimer le fond de leur pensée sur le gaspillage et éviteraient l'intimidation syndicale et la colère du patron qui ne veut pas se faire couper son budget.»

Enfin, j'aimerais souligner l'initiative d'un groupe de jeunes auteurs de tous les horizons qui ont publié un livre intitulé Perspectives d'avenir pour le Québec.

Ce livre regroupe les textes de 12 doctorants, postdoctorants ou jeunes professionnels qui proposent des solutions pour traiter des enjeux cruciaux du Québec, notamment celui des finances publiques. Parmi les participants figurent Mathieu Bock-Côté et Laure Waridel, mais également l'urgentologue québécois Samuel Vaillancourt, qui travaille actuellement à Toronto.

«Je suis entièrement d'accord avec vous, m'écrit M. Vaillancourt, les solutions se trouvent dans les zones grises. Il est temps de calmer la confrontation et de stimuler la créativité, d'écouter et de demander des sacrifices et des idées de chacun.»