Le décès de Paul Desmarais ramène sur la table l'importance d'avoir des gens d'affaires ambitieux au Québec.

Ces gens deviennent influents, créent des réseaux et ont des moyens. Ils peuvent ouvrir des portes à d'autres Québécois qui voient grand pour leurs affaires. Et, bien sûr, ils sont les piliers de notre économie. Certes, ils ne sont pas parfaits et soulèvent parfois la controverse, mais ils sont essentiels.

Pour devenir un Paul Desmarais, il faut certaines qualités. Du talent et de l'intelligence, bien sûr, mais aussi de l'ambition, un brin de folie et du flair. Paul Desmarais a commencé par redresser une entreprise de transport par autobus avant de diversifier ses affaires et d'en faire un conglomérat. Il savait acheter une entreprise négligée à bon prix et la revendre à prix d'or.

D'autres comme Alain Bouchard, d'Alimentation Couche-Tard, ou Serge Godin, du Groupe CGI, sont restés dans leur créneau, mais ont décidé d'être les «consolidateurs» de leur secteur plutôt que les «consolidés». Enfin, certains ont été des inventeurs, comme Joseph-Armand Bombardier.

Les écoles sont remplies de jeunes talentueux. Des ingénieurs, des comptables et des informaticiens, entre autres, sortent par milliers chaque année de HEC Montréal, de l'École Polytechnique ou d'ailleurs. De nombreux finissants des dernières années qui ont fait leurs classes sur le marché sont rendus dans la quarantaine.

Existe-t-il encore de ces jeunes loups exceptionnels au Québec? Où sont-ils? Que font-ils? Êtes-vous le prochain Paul Desmarais? Notre économie a besoin de l'audace et de la vision de ces gens d'affaires. Et les Québécois doivent leur ouvrir les portes et les valoriser.

Contrairement à certaines croyances, l'argent n'est pas la principale motivation de ces leaders. Leur premier moteur est le désir de bâtir quelque chose de grand qui les dépasse. Si jamais vous connaissez de ces perles rares, n'hésitez pas à nous écrire.

Sabia, la Caisse et les francophones

Que les temps ont changé. Il y a 25 ans, confier la tête de la Caisse de dépôt et placement du Québec à un anglophone aurait été une hérésie. Une telle nomination de la part du Parti québécois aurait été impensable.

Cette semaine, le renouvellement de mandat de Michael Sabia à la tête de cette institution-phare du Québec, avec l'assentiment du PQ, témoigne de l'évolution du Québec. L'homme a du mérite, faut-il dire, offrant des rendements intéressants et démontrant son attachement pour Montréal et pour le Québec et un respect certain pour notre langue et notre culture.

Bien sûr, le contexte politique et économique n'est pas propice à un changement de garde à la Caisse. Tout de même, sage décision de maintenir Michael Sabia en poste. En espérant qu'il continue à faire confiance au talent d'ici.

Victoire d'une PME contre le fisc

Vous vous souvenez de cette PME pas ordinaire de Laval qui distribue des tendons, des granules d'os et d'autres tissus humains? Mais oui, cette PME dont la survie était menacée par l'intransigeance de l'Agence du revenu du Québec?

Bonne nouvelle: après des mois de bataille acharnée, l'entreprise en question, Citagenix, a fait entendre raison aux autorités fiscales et n'est plus tenue de verser 1,1 million en arrérages de taxe de vente.

Rappelons les faits. Après vérification, le fisc avait soutenu que les produits distribués par Citagenix n'étaient pas détaxés. Conséquemment, il soutenait que l'entreprise aurait dû prélever des taxes auprès de ses clients - dentistes, hôpitaux, etc. - et les lui remettre. Environ 1,1 million de TPS et de TVQ étaient en jeu pour les années 2008 à 2012.

La réclamation bousculait sérieusement les activités de la PME de 28 employés puisqu'elle devait verser la somme sur-le-champ, même si elle avait éventuellement pu avoir gain de cause. En effet, contrairement aux règles qui prévalent pour l'impôt sur le revenu, les contribuables doivent d'abord payer la facture et contester ensuite quand il s'agit de la taxe de vente.

Le différend portait sur une interprétation technique de la loi, à ce point technique qu'aucune entreprise dans l'industrie n'avait prélevé de taxes pour ce genre de produits par le passé.

Reconnaissant l'imprécision de la loi, l'Agence du revenu du Québec, responsable du prélèvement de la TPS et de la TVQ, a transmis une lettre officielle à Citagenix le 25 septembre pour annuler la réclamation. Par contre, à l'avenir, Citagenix et ses concurrents devront prélever des taxes auprès de leurs clients. Un bulletin de l'Agence du revenu du Canada a d'ailleurs été publié pendant l'été.

«Ça vaut la peine de se battre. Et je peux vous dire qu'il y a certaines personnes compétentes à Revenu Québec qui comprennent l'impact de telles décisions», a dit Nicolas Bourgeois, vice-président de Citagenix.

Tant mieux parce que Citagenix est le genre de PME dont le Québec a bien besoin. L'entreprise vient d'ailleurs de gagner un prix MercadOr, à Laval, dans la catégorie Diversification de marchés. Elle a une filiale en Allemagne depuis janvier 2012 et exporte dans une douzaine de pays.