Toute sa vie tourne autour de la TRPV1. La quoi? La TRPV1. Non, ce n'est pas un nouveau formulaire de Revenu Canada, c'est l'une des protéines que décortique Rachelle Gaudet dans son immense laboratoire de l'Université Harvard.

Je sais, on est loin des potins de vedettes de cinéma, mais laissez-moi tenter de vous expliquer, le sujet est fascinant. Quand votre petit dernier met son doigt sur le rond brûlant de la cuisinière, que se passe-t-il? D'accord, il crie, mais dans l'infiniment petit, pourquoi la température change-t-elle la forme des molécules TRPV1 de son doigt? Et que peut-on en tirer comme enseignement?

C'est ce genre de questions qui occupent l'esprit de Rachelle Gaudet dans son laboratoire de la rue Oxford, à Cambridge. Son champ d'expertise s'appelle plus précisément la biologie structurale.

La vie est en quelque sorte un dialogue entre un très grand nombre de molécules. Certaines interactions provoquent des maladies. L'objectif de la biologie structurale est de déterminer la disposition des atomes d'une molécule donnée, comme la TPRV1, de voir comment cette structure influence ses fonctions et, ultimement, de comprendre comment les modifications de cette structure provoquent des maladies.

Rachelle ne travaille pas seulement sur la TRPV1, mais sur une demi-douzaine de molécules de protéines, incluant la TRPV4. Les chercheurs savent que certaines mutations de la TRPV4 créent diverses formes de maladies neuro-dégénératives. Parmi elles, citons des problèmes de développement des os.

En néophyte que j'étais, je croyais que le labo de Rachelle Gaudet avait la superficie d'un grand salon, disons 225 pieds carrés, avec quelques microscopes. Erreur! La dizaine de pièces du labo fait probablement plus de 2000 pieds carrés, avec des instruments hyper spécialisés, des chambres froides et une multitude d'étagères remplies de flacons. Plusieurs chercheurs travaillent pour Mme Gaudet.

Cancer

La soeur jumelle de Rachelle, Suzanne Gaudet, planche de son côté sur les cellules cancéreuses, sur la réponse de ces cellules à divers stimulants. Pourquoi la chimiothérapie en tue certaines et pas d'autres? Comment augmenter la proportion qui meurt?

«Nous sommes à identifier les points de vulnérabilité des cellules cancéreuses. Notre découverte, c'est qu'il y a plus d'un point de vulnérabilité et qu'il faudra plus d'un médicament ou d'un traitement pour guérir ou ralentir la maladie», dit Suzanne Gaudet, professeur associée au Dana Farber Cancer Institute.

En somme, les deux soeurs Gaudet passent l'essentiel de leur temps à faire de la recherche. Chacune enseigne aussi aux étudiants à raison de quatre heures par semaine, environ.