La semaine dernière, les marchés boursiers étaient sur le mode panique. Les indices dégringolaient, les analystes spéculaient sur les causes de la débarque, bien des médias en remettaient. Le degré d'inquiétude était assez élevé pour que certains se demandent si on n'était pas en train de revivre un autre 2008. Décidément, on n'apprendra jamais.

La Bourse n'est pas l'économie. Ce ne sont pas les marchés financiers qui font l'activité économique. On ne peut pas non plus se servir des états d'âme des opérateurs de ces marchés comme grille de lecture de la réalité économique. D'ailleurs, les émois ont été de courte durée.

Après des baisses importantes qui, par exemple, ont ramené, mercredi l'indice Standard&Poor's 500 à 8% en dessous de son sommet de la mi-septembre, les hausses modestes les deux jours suivants ont semblé calmer le jeu. Ce à quoi on a assisté, ce n'est pas à un tsunami comme en 2008 et en 2009, mais à une correction boursière presque normale, provoquée par de mauvaises nouvelles économiques, des mouvements transactionnels typiques du mois d'octobre, le tout renforcé par une foule de facteurs disparates, une pincée de Moyen-Orient, une touche d'Ebola.

Le plus étonnant, selon moi, ce n'était pas la chute de 8% des indices boursiers, mais plutôt les hausses spectaculaires qui l'ont précédée. En un an, entre le 19 septembre 2013 et le 19 septembre 2014, le jour où il atteint un sommet historique, le S&P 500 a grimpé de 16,8%. Sur deux ans, sa progression a été de 37,7%. C'est presque un miracle dans le contexte économique difficile que nous connaissons. Ce qui a crevé la bulle boursière, la semaine dernière, c'est le principe de réalité.

Et maintenant, parlons du vrai problème. Il n'est pas à la Bourse. Il n'est pas spectaculaire: il ressemble plus à une maladie chronique qu'à une crise cardiaque. Ce problème, c'est que nous ne sommes pas complètement sortis de la crise qui a frappé la planète il y a cinq ans. Nous devons composer avec ses séquelles, et nous n'arrivons toujours pas à vraiment revenir à la normale.

C'est ce que nous disait l'Organisation de coopération et de développement économiques à la mi-septembre et le Fonds monétaire international à la mi-octobre. Les deux organismes ont revu leurs prévisions économiques à la baisse. Encore une fois, le message, c'est que le retour à une croissance normale ne sera pas pour cette année, mais peut-être pour l'an prochain.

Il y a des pays qui vont relativement bien, comme les États-Unis, où l'on assiste à une accélération de l'activité économique et de l'emploi. Le Canada s'en tire, avec la meilleure performance du G7 après le Royaume-Uni, quoique la chute des prix du pétrole pourrait toucher l'industrie, qui soutient un peu artificiellement son économie. Mais la zone euro reste enlisée, avec la France au bord de la stagnation, tandis que l'Allemagne, en principe le moteur du continent, devra se contenter d'une croissance de 1,5%.

Le Japon reste comateux tandis que la situation reste stable dans les grandes économies émergentes comme la Chine, mais on n'y décèle pas une vigueur nouvelle qui injecterait de l'adrénaline au reste de la planète. On peut traiter la chose sur le mode catastrophiste, comme l'a fait étonnamment le Globe and Mail ce week-end, en parlant de «Global economy breakdown» - un effondrement de l'économie mondiale.

Il n'y a pas d'effondrement, mais plutôt une absence de décollage. Et pourquoi la machine ne reprend-elle pas? Pas assez d'investissements, un chômage et un endettement élevés qui réduisent la demande, des États privés de moyens, l'austérité, dans certains cas mais pas dans tous, puisque les pays qui vont le mieux sont justement ceux qui ont fait le ménage.