En mathématiques, les adolescents québécois sont carrément les meilleurs en Occident. Pour l'ensemble de leurs résultats scolaires, qui portent aussi sur les sciences et la lecture, ils sont les dixièmes au monde.

Ces affirmations sont tellement en porte à faux avec nos perceptions de notre système d'éducation qu'on a du mal à y croire. C'est pourtant vrai. Ce sont les résultats d'une enquête extrêmement sérieuse de l'OCDE, le Programme international pour le suivi des acquis des élèves, le PISA.

Et ce n'est pas non plus le fruit du hasard. Depuis que le PISA a été lancé, en l'an 2000, le Québec «pète des scores». Cette énorme enquête, réalisée tous les trois ans dans 65 juridictions, mesure les aptitudes de jeunes de 15 ans, et donc notre secondaire 4, à qui l'on fait passer de solides examens.

 Avec une note de 536 en mathématiques, les Québécois se classent au sixième rang mondial, et ne sont dépassés que par Shanghaï, Singapour, Hong Kong, la Corée et Taipei, ex aequo avec le Japon. Le Québec est donc devant tous les pays d'Europe et d'Amérique. Il dépasse aussi le Canada, inquiet de son 13e rang. Assez pour justifier un long éditorial du Globe and Mail qui souligne l'exception québécoise. 

Voilà le genre de nouvelles qui devrait faire les manchettes. Parce que ce sont de bonnes nouvelles, chose assez rare. Mais aussi parce qu'elles nous forcent à jeter un autre regard sur notre système d'éducation. Notons qu'en 2012, ce sont des enfants de la réforme pédagogique qui étaient évalués. 

En lecture, le Québec se retrouve légèrement sous la moyenne canadienne, 520 contre 523, ce qui le place un peu plus bas dans le classement mondial, au 8e rang, derrière les tigres asiatiques, la Finlande, l'Irlande et le Canada. Le Québec reste néanmoins parmi les meilleurs, bien devant la France et la Belgique avec leur 508. Étonnant? Cela s'explique par le fait que l'enquête mesure la compréhension de textes plutôt que les talents stylistiques. 

C'est en sciences que ça va moins bien. Une note de 516, huit points de moins qu'il y a trois ans, au 18e rang mondial, assez loin derrière la moyenne canadienne de 525. 

Ce mauvais résultat en sciences affecte la note globale du Québec pour les trois disciplines. Avec 1572, il se situe au 10e rang mondial, dépassé par quatre pays occidentaux, le Canada, l'Estonie, la Finlande et le Liechtenstein. C'est remarquable, mais en 2009, le Québec était au 6e rang.

Notons aussi que trois provinces canadiennes font mieux que le Québec et le dépassent dans le classement mondial: la Colombie-Britannique, 1608, l'Alberta, 1585, et l'Ontario, 1573. En 2009, le Québec était au second rang canadien. 

Le fait que quatre provinces canadiennes se retrouvent dans le «top 10» mondial, avec des systèmes d'éducation indépendants, nous dit quelque chose. Il y a des éléments communs qui contribuent à ces résultats. Mon hypothèse, c'est que l'État-providence canadien, dont le Québec est une variante, crée un certain équilibre social, qui se reflète dans le PISA - le pourcentage d'élèves peu performants est faible au Canada.

Il y a enfin une leçon à tirer de ces résultats. Le système d'éducation québécois est clairement un des meilleurs au monde. Pour l'améliorer, nous ne sommes pas dans les déchirements existentiels, mais dans le «fine tuning». Donner un coup de barre en sciences, multiplier les efforts pour devenir les meilleurs en lecture au Canada, en raison de l'importance de la langue pour le Québec. 

Et surtout, travailler d'arrache-pied pour s'attaquer à quelque chose que le PISA ne mesure pas: le décrochage.