L'Abitibi, comme les autres régions ressources du Québec, est touchée par la crise qui a frappé l'industrie minière partout à travers le monde.

Cette mauvaise passe, que décrivait lundi Sylvain Larocque dans La Presse Affaires, n'est pas particulière au Québec. Elle affecte tous les pays dépendants de l'activité minière, par exemple l'Australie, et toutes les provinces canadiennes qui ont une vocation minière.

Au printemps, l'Institut de la statistique du Québec prévoyait que les investissements miniers, après avoir atteint un record de 4,82 milliards en 2012, baisseraient pour la première fois en neuf ans en 2013, pour se ramener à 4,1 milliards, un recul de 15%. Ce sera peut-être plus.

Mais il y a une particularité au Québec: en plus de la crise mondiale, le secteur minier a dû faire face à une crise politique. Après avoir dénoncé l'industrie minière en campagne électorale et promis de doubler les redevances minières, Pauline Marois a confié les ressources naturelles à Martine Ouellet, franchement hostile au monde minier, et a finalement déposé une nouvelle loi minière, actuellement discutée en commission parlementaire, qui rendrait le Québec moins accueillant.

Le gouvernement a partiellement reculé sur les redevances. Mais le mal était fait. Et le fond n'a pas changé, celui d'un gouvernement qui n'aime pas le monde minier.

Il n'est pas vraiment possible de départager, dans l'actuelle baisse des investissements, ce qui est attribuable au contexte mondial de ce qui pourrait être attribuable aux politiques québécoises. D'autant plus que ce n'est pas maintenant que se feront sentir leurs principaux effets. Les 16 mines en activité ne déménageront pas.

Les dommages des politiques minières désastreuses du gouvernement Marois, on les verra plutôt dans une dizaine d'années, car ce ne sont pas les mines d'aujourd'hui qui sont menacées, mais celles de demain.

Cela tient à la nature même de cette industrie qui, à cet égard, ressemble aux secteurs de recherche scientifique. Pour développer une mine, il faut d'abord trouver un site qui recèle des ressources exploitables et évaluer son potentiel. Cette étape, celle de l'exploration, est complexe et risquée. Il faut pas moins de 2000 projets d'exploration pour aboutir, des années plus tard, à un seul véritable projet minier!

Les investissements en exploration, en principe 690 millions cette année, représentent une part assez faible de l'investissement minier. Mais cette activité, souvent menée par des compagnies juniors, est cruciale pour l'avenir. Et c'est l'exploration qui, de loin, est la plus affectée par l'environnement politique.

Parce que si l'exploration se fait sur le terrain, elle se fait aussi sur les marchés financiers, parce qu'elle a besoin de capitaux et doit convaincre des investisseurs d'appuyer des projets extrêmement risqués. Cette chasse aux capitaux, elle se fait partout à travers le monde.

Et c'est là que les sociétés d'exploration ont de la misère. Déjà, le contexte est très difficile. En plus, il faudrait convaincre des investisseurs, souvent étrangers, de venir au Québec, là où on taxe plus, là où l'accueil est tiède, là où sévit une ministre qui est davantage une militante. Pourquoi ne pas aller ailleurs? Les capitaux sont très mobiles. Et nos géologues, appréciés à travers le monde, le sont hélas aussi.

Est-ce cela qui va arriver? On ne le sait pas encore. Mais mieux vaut corriger le tir et limiter les dégâts avant qu'il ne soit trop tard.