Combien de fois m'a-t-on demandé, comme on le demande certainement aussi à mes collègues journalistes, pourquoi les médias sont presque toujours négatifs? Pourquoi ils ne font pas plus d'efforts pour publier ou pour diffuser des bonnes nouvelles?

Il y a une réponse à cela, qui tient à la nature même d'une nouvelle, que l'on voit dans l'étymologie du mot. Une nouvelle, c'est ce qui est nouveau. C'est tout aussi vrai avec le terme anglais, news. Par définition, elle porte sur ce qui est différent, ce qui constitue un changement. Par exemple, si vous rentrez du travail en voiture en fin d'après-midi, ce n'est pas une nouvelle. Mais si votre véhicule percute un arbre, ça devient une nouvelle.

Une nouvelle, c'est une rupture dans la continuité des choses. Les médias ne reflètent pas le traintrain de la vie quotidienne, ils couvrent les disruptions et des distorsions de ce traintrain. Et ces ruptures ont plus de chances de constituer des mauvaises nouvelles que des bonnes.

Il ne s'agit pas d'un complot des médias pour vendre de la copie ou pour élargir leur auditoire. Cela reflète plutôt des comportements profondément ancrés dans la nature humaine. De quoi parlait-on, dans les magasins généraux de nos villages, ou sur le perron de l'église, il y a une centaine d'années? Des scandales, des crises, des événements spectaculaires.

Mais parfois, la rupture de la continuité va dans le bon sens. C'est ce qui me permet de parler d'une bonne nouvelle dont on a pris connaissance vendredi matin, les résultats de l'Enquête sur la population active de Statistique Canada. En mai, il s'est créé 95 000 nouveaux emplois au Canada. C'est la deuxième hausse en importance depuis 35 ans.

Derrière des chiffres, il y a un message. Cette embellie de l'emploi met fin, à l'échelle canadienne, à une stagnation de l'emploi depuis novembre dernier. Cela s'ajoute à d'autres signes qui indiquent que l'économie retrouve un certain rythme de croisière après l'essoufflement de la fin de 2012.

Derrière les chiffres, il y a aussi des êtres humains. Ces données sur l'emploi nous rappellent à quel point le Canada a été béni des dieux dans la crise qui a frappé la planète. La récession n'a pas entraîné des mises à pied massives et les emplois perdus ont rapidement été récupérés pendant la reprise.

Et c'est ainsi que même si l'évolution du PIB a été assez semblable au Canada et aux États-Unis, la récession a pris des formes différentes dans les deux pays, parce que notre économie n'a pas été ravagée par le fléau du chômage. On le voit encore aujourd'hui dans les pays en crise, comme la Grèce et l'Espagne, ou à un degré moindre la France. Plus que l'austérité, c'est le chômage qui nourrit la colère et le désarroi.

Il y a cependant un bémol à apporter à cette bonne nouvelle de l'emploi au Canada. En proportion, la croissance de l'emploi au Québec en mai, 20 100 nouveaux postes, est comparable à celle du Canada. Mais ce gain ne réussit pas tout à fait à combler les pertes d'emploi des derniers mois. Avec 4 042 600 emplois en mai, on est encore un peu en dessous des 4 049 700 de janvier.

Et cela semble mettre fin à la période réjouissante pour notre ego où notre taux de chômage était plus bas que celui de l'Ontario. Les trajectoires se sont inversées. Pendant que le taux de chômage au Québec est passé de 7,1 % à 7,7 % depuis le début de l'année, il a baissé de 7,7 % à 7,3 % dans la province voisine.

Ce qui me ramène à mon propos du début. Même quand la nouvelle est bonne, comptez sur les journalistes pour trouver la petite bête!