Depuis le début, le dossier d'un stade multifonctionnel à Québec a été marqué par la précipitation. D'abord par la personnalité du maire Régis Labeaume, un politicien fonceur et pressé. Ensuite, parce que le premier ministre Charest a allongé 200 millions à toute vapeur, sans analyse et sans condition.

Depuis le début, le dossier d'un stade multifonctionnel à Québec a été marqué par la précipitation. D'abord par la personnalité du maire Régis Labeaume, un politicien fonceur et pressé. Ensuite, parce que le premier ministre Charest a allongé 200 millions à toute vapeur, sans analyse et sans condition.

Le psychodrame que nous offre la commission parlementaire s'inscrit dans cette même logique de précipitation. Le maire, qui aime que ça aille vite, vite vite, demande à l'Assemblée nationale d'aller vite, vite, vite, en adoptant un projet de loi 204, pour qu'il puisse continuer à aller vite, vite, vite.

Ce projet de loi privé, présenté par la députée péquiste Agnès Maltais, a pour but de protéger la Ville de Québec contre des contestations de la légalité de son entente avec Quebecor média pour la gestion du futur stade. Cela revient à demander à l'Assemblée nationale d'internaliser le sentiment d'urgence qui caractérise le mode de gestion du maire.

Le maire ne gagnera pas sa cause tout de suite, parce qu'au moins un député, Amir Khadir, refusera le consentement unanime nécessaire pour que cette loi soit adoptée ce printemps. L'exercice ne sera pas inutile, même si les travaux de la commission ont laissé sans réponses les questions que soulève ce projet, à cause de la complaisance des députés des deux grands partis et des délais d'intervention ridiculement courts. Mais cela a permis de voir les failles dans l'engrenage dans lequel le maire veut impliquer l'ensemble du Québec.

M. Labeaume affirme que cette incertitude légale retarde les travaux de construction, ce qui coûterait 2,2 millions par mois. Ce n'est pas le cas. Le litige possible porte l'entente entre la Ville et Quebecor sur la gestion de l'amphithéâtre une fois qu'il sera fonctionnel. Rien n'empêche la Ville d'amorcer les travaux de construction dès maintenant. Les fonds, publics, sont déjà disponibles. La position du maire est d'autant plus inacceptable que si le gouvernement du Québec injecte 200 millions, c'est pour doter la capitale d'un équipement collectif, pas pour aider une entreprise à acheter un club de hockey ou à subventionner indirectement le désir des gens de Québec de retrouver leurs Nordiques.

Le second élément d'urgence, c'est que si cette loi n'est pas adoptée à la vapeur ce printemps, Quebecor ne signera pas son entente avec la Ville avant la date butoir du 7 septembre, tant qu'il y aura cette épée de Damoclès judiciaire. On a le plus grand mal à croire que Pierre-Karl Péladeau ne puisse attendre quelques mois pour ficeler un projet portant sur un quart de siècle.

Le troisième élément d'urgence, c'est qu'il n'y a pas de temps à perdre pour obtenir une franchise de la Ligue nationale. Le maire s'est dit amer de voir Winnipeg retrouver un club pendant qu'il est obligé de parader en commission parlementaire. L'exemple de Winnipeg montre au contraire que le succès repose sur la patience.

Cette même précipitation explique le déroulement de la négociation et son dénouement. Le mode classique de l'appel d'offres n'est sans doute pas, comme le dit M. Labeaume, la meilleure façon de choisir un partenaire dans un dossier de ce type. Mais la Ville, pressée, n'a pas tenté de clarifier les zones grises de la Loi sur les cités et villes, et a placé le gouvernement devant un fait accompli. La crise actuelle est le produit d'un travail mal fait.

Est-ce à dire qu'il faut laisser la justice suivre son cours, et attendre des années que les tribunaux tranchent le litige? Pas nécessairement. Mais si le maire Labeaume veut que l'on régularise une entente faite dans la confusion, il doit la soumettre à un examen sérieux, complet, qui se fera sans précipitation.