Samedi, les membres du Parti québécois, pour une des rares fois de leur histoire, ont fait preuve d'unité lors de leur Congrès national à Montréal, en appuyant leur chef Pauline Marois sans équivoque, avec un vote de confiance de 93,08%, un score historique.

Samedi, les membres du Parti québécois, pour une des rares fois de leur histoire, ont fait preuve d'unité lors de leur Congrès national à Montréal, en appuyant leur chef Pauline Marois sans équivoque, avec un vote de confiance de 93,08%, un score historique.

Cette victoire n'aura pas été de longue durée. Le lendemain matin, les mêmes délégués donnaient une véritable gifle à leur chef, en adoptant une résolution qui consacrait un retour à l'interdiction totale de l'anglais dans l'affichage commercial, une radicalisation du dossier linguistique que Mme Marois aurait traînée comme un boulet.

Mme Marois et ses alliés ont réussi à colmater cette brèche, en convainquant les délégués de reprendre ce vote. Mais l'incident nous rappelle que ce parti, derrière l'unité de façade, reste profondément divisé, qu'il est difficilement contrôlable, que les purs et durs sont toujours capables de remporter des votes sur des enjeux majeurs et de semer la zizanie.

Cela n'enlève rien au fait que Mme Marois, avec ce vote de confiance, a réussi un tour de force qui révèle ses talents politiques, et que ce succès la mettra quand même davantage à l'abri des contestations internes.

Reste à savoir si cette victoire au sein de son parti fournit à Pauline Marois un tremplin pour s'imposer là où ça compte vraiment, auprès de l'électorat dans son ensemble, et si cela peut l'aider à surmonter l'absence d'enthousiasme qu'elle suscite. Et ça, c'est moins évident parce que les débats internes du PQ et les enjeux qui confrontent le Québec ne sont pas de même nature.

D'une part, si Mme Marois a réussi à obtenir ce vote de confiance, c'est moins grâce à son ascendant sur ses troupes ou à ses talents de tribun capable de soulever les foules que par le contrôle qu'elle a réussi à exercer sur son parti.

D'autre part, cette unité - fragile comme on l'a vu avec les tensions soulevées par la victoire de la résolution sur la langue - repose sur des compromis et des ambigüités qui viendront hanter Mme Marois lorsqu'elle devra affronter l'électorat.

La toile de fond qui définit la nature des débats au sein du PQ n'a pas changé. Il s'agit d'un parti qui se définit autour d'une idée, celle de l'indépendance, et qui doit composer avec le fait que cette option ne fait pas de progrès et ne semble pas capable de triompher. Le défi du chef, c'est de garder le parti uni quand la victoire n'est pas à portée de la main.

Le compromis proposé par Mme Marois consiste à s'affranchir des contraintes d'un calendrier référendaire et de repousser le référendum à un horizon sans doute lointain, et de combler le vide par une démarche souverainiste, - loi sur citoyenneté, constitution québécoise, et aussi une radicalisation linguistique, notamment en imposant la loi 101 aux cégeps.

Mais déjà, on a vu que ce compromis est assez ambigu pour mener à des interprétations divergentes. Si certains y voient une stratégie attentiste, pour Pierre Dubuc, par exemple, un des porte-paroles du courant radical, cela signifie: «Attachez vos ceintures, on s'en vient avec un troisième référendum».

Ce sera une tout autre affaire lorsque Mme Marois se présentera devant la population. Ce qui poussera bien des électeurs vers le Parti québécois, et ce qui pourrait mener ce parti à la victoire, ce ne sera pas son «projet de pays», mais la recherche d'un bon gouvernement, pas la souveraineté, mais l'intégrité.

Ces citoyens ne se contenteront pas de l'ambigüité que cultive le PQ. Ils voudront savoir avec précision où Mme Marois veut les mener, ce qu'elle veut vraiment dire quand elle parle de gouverner en souverainiste.