Face au refus du gouvernement Harper d'allonger 185 millions de dollars pour financer la construction d'un nouvel amphithéâtre, le maire de Québec, Régis Labeaume, a accouché d'un plan B.

Face au refus du gouvernement Harper d'allonger 185 millions de dollars pour financer la construction d'un nouvel amphithéâtre, le maire de Québec, Régis Labeaume, a accouché d'un plan B.

Le plan A prévoyait que le gouvernement du Québec et celui du Canada fournissaient chacun 185 millions, tandis que la ville et le secteur privé de la Capitale ajouteraient une cinquantaine de millions. Dans le plan B, la part du Québec passe à 200 millions, celle de la ville à 187 millions, et le reste proviendra du milieu, grâce au groupe «J'ai ma place».

Bien des inconnues entourent encore ce projet et son financement. Mais ce plan B est certainement préférable à la première mouture, ne serait-ce que parce que les citoyens de Québec supporteront une bien plus grande partie des coûts et des risques, ce qui est la moindre des choses, puisqu'ils en seront les principaux bénéficiaires.

Mais avant de parler de chiffres, il faut reposer les questions de fond. Québec a-t-elle besoin d'un amphithéâtre multifonctionnel et est-il normal que les pouvoirs publics le financent en quasi-totalité? La réponse est oui aux deux questions.

Un stade de ce genre est un équipement collectif précieux, qui peut jouer un rôle important pour la culture, les loisirs, la cohésion sociale, le développement économique, notamment à travers le tourisme, une industrie majeure pour la capitale.

Et contrairement à des villes américaines de même taille, pour qui la seule utilisation d'un stade est sportive, Québec est un centre culturel capable d'attirer des événements et des spectateurs. Un tel stade, à Québec, ne sera pas un éléphant blanc.

Il est vrai, on le voit dans le débat actuel, qu'un tel projet n'est pas rentable et qu'il ne peut se faire sans financement public. Mais avec ce raisonnement, il n'y aurait ni salles de spectacles, ni théâtres, ni musées, ni équipements sportifs pour nos jeunes.

Le plan présenté hier comporte encore bien des failles. La première est l'absence d'Ottawa dans le montage financier. Au départ, l'idée du maire Labeaume d'exiger autant d'argent du fédéral que du provincial était simpliste. On devrait être assez adultes pour comprendre qu'Ottawa ne pouvait pas allonger 185 millions à Québec sans tenir compte des besoins d'autres villes. La demande initiale était irréaliste. Mais la stratégie actuelle, envoyer promener le gouvernement Harper, est peut-être politiquement rentable, mais elle est puérile.

Le second bémol, c'est la complaisance béate du premier ministre Jean Charest. Il avait déjà promis 185 millions sans poser de questions, il rajoute un autre 15 millions sans broncher, comme si l'argent pousse aux arbres et surtout, comme s'il n'avait aucune gêne à acheter des votes à Québec avec l'argent des contribuables.

Et des questions, il y en a. Le modèle proposé par le maire Labeaume est celui d'un stade purement public, où on ne demande pas au privé de participer au financement et d'être copropriétaires. La contribution interviendra par la suite, du côté des revenus, soit par le biais des commandites, soit par location. Ce concept se défend très bien. Mais la viabilité de tout le projet dépendra de ces éventuels revenus, dont on ne sait rien, et pour lesquels le gouvernement du Québec, du moins officiellement, n'a exigé aucune garantie.

Il y a un autre bémol, et c'est la façon dont le maire Labeaume réussira à soutenir une aussi grande part du financement. Le maire jure qu'il y parviendra sans hausser les taxes - sauf les frais d'utilisateur de 4$ par billet vendu au stade - avec une démonstration assez nébuleuse sur les bienfaits d'une meilleure gestion de la dette. Difficile de ne pas être sceptique. Mais ce problème, c'est celui des contribuables de la ville de Québec, et ce sont eux qui devront décider s'ils sont prêts à suivre leur maire.