Je voudrais commencer l'année d'une façon différente. Avec des bises pour Pauline Marois. Pas parce la Fée des étoiles m'a transformé en péquiste militant pendant les Fêtes. Par souci d'équilibre, je voudrais aussi faire une accolade à Jean Charest.

Je voudrais commencer l'année d'une façon différente. Avec des bises pour Pauline Marois. Pas parce la Fée des étoiles m'a transformé en péquiste militant pendant les Fêtes. Par souci d'équilibre, je voudrais aussi faire une accolade à Jean Charest.

Pourquoi ces effusions? Pour rappeler, dans cette période où règnent le cynisme et la désillusion, que nos politiciens, de toutes les couleurs, ne méritent pas le traitement dont ils sont l'objet. Ils méritent aussi notre respect, et même notre affection. D'où les bises et l'accolade.

L'image du monde politique qui semble prévaloir, que nous renvoient les sondages, c'est celle d'une caste minée par la corruption et l'incompétence, à qui l'on fait moins confiance qu'à des vendeurs d'autos d'occasion. C'est injuste et caricatural.

Je ne suis pas un chroniqueur politique. Mais j'ai côtoyé des politiciens depuis des décennies, assez pour devenir proches de plusieurs d'entre eux, des deux côtés de la barrière. Ce que j'ai vu, c'est d'abord et avant tout des hommes et des femmes sincères, qui croient à ce qu'ils font, qui sont soucieux du bien commun, qui voudraient améliorer les choses, et qui sont convaincus qu'ils y parviendront mieux que leurs adversaires.

Bien sûr, ils ne font pas que donner. Ils retirent des avantages de leur vie politique, la notoriété, l'excitation du jeu politique, le plaisir du pouvoir, le sens du devoir accompli. Mais à quel prix! Le métier de politicien est épuisant, assez pour miner la santé, pour affecter la vie familiale. Il exige des sacrifices financiers pour ceux qui occupaient déjà des postes de responsabilité. C'est un métier dur, où il faut affronter les critiques, de plus en plus brutales, la cruauté des médias, et maintenant le mépris. Une carrière si ingrate que de moins en moins de gens veulent se lancer dans une carrière politique.

Les politiciens ne sont évidemment pas parfaits. On peut souvent leur reprocher leur cynisme, leurs décisions à courte vue, les calculs politiques partisans, leur double discours. Certains d'entre eux sont incompétents, d'autres, plus nombreux, ne sont pas à la hauteur des enjeux.

C'est pour ça qu'il faut critiquer les politiciens. Soit parce qu'ils font mal leur travail, prennent les mauvaises décisions, qu'ils font preuve d'incompétence. Soit parce qu'on n'est pas d'accord avec leurs choix et leurs orientations. Le débat et l'affrontement des points de vue sont au coeur de la démocratie. Mais on a oublié que l'on peut critiquer dans le respect.

Il semble y avoir une disproportion entre le degré de mécontentement des citoyens envers les politiciens et les fautes qu'ils leur reprochent. On veut chasser Jean Charest. On ne veut pas de Pauline Marois. Ce qui nous mène à la situation surréaliste où le politicien le plus populaire, Amir Khadir, est celui pour lequel les gens ne voteront pas et qui n'exercera jamais de fonction de responsabilité.

On peut dire que tout cela s'explique par le fait que les politiciens ne sont pas à la hauteur des attentes. Mais les politiciens n'en sont pas les seuls responsables. Cela dépend aussi beaucoup de la façon dont les citoyens définissent leurs attentes. Ce n'est pas propre au Québec, comme on le voit avec la raclée qu'a subie Barack Obama.

Nous sommes dans une période de mutation, qui exige de gros changements. En partant, les politiciens, ici et ailleurs, sont pris en sandwich entre ceux qui trouvent qu'ils vont trop loin et ceux qui pensent qu'ils n'en font pas assez. Ils doivent composer avec le syndrome «pas dans ma poche». Ils se font accuser de manquer de franchise, mais paient très cher quand ils disent la vérité. Difficile d'avoir la cote, quand la mission est impossible.