Le Conseil du patronat a publié mercredi une étude qui montre que le Québec accuse des retards dans plusieurs domaines déterminants pour sa capacité de créer de la richesse. Au terme de cet exercice de comparaison avec les autres grandes provinces canadiennes et les pays de l'OCDE, l'organisme attribue la note C à la Belle Province.

Le Conseil du patronat a publié mercredi une étude qui montre que le Québec accuse des retards dans plusieurs domaines déterminants pour sa capacité de créer de la richesse. Au terme de cet exercice de comparaison avec les autres grandes provinces canadiennes et les pays de l'OCDE, l'organisme attribue la note C à la Belle Province.

Dans une société polarisée comme la nôtre, la réaction était prévisible. Le CPQ est un organisme patronal, son étude et ses conclusions sont donc arrangées avec le gars des vues pour promouvoir son agenda néo-libéral. Fin de la discussion. Retournons à nos moutons et continuons à nous trouver bons. Et pourtant, quand on regard bien l'étude, on constate que ses conclusions sont pas mal moins prévisibles qu'on aurait pu croire.

Le fait que le Québec accuse un retard de niveau de vie par rapport à ses voisins et partenaires est maintenant bien établi. J'ai personnellement contribué à cette réflexion. Le point de départ de mon livre, Éloge de la richesse, c'était cet écart de richesse, dont j'ai voulu démontrer l'existence et expliquer l'origine. Depuis, la chose été abondamment documentée.

L'important maintenant, c'est de pousser les choses un peu plus loin, pour dépasser le constat et s'attaquer aux causes. C'est ce qu'essaie de faire cette étude, le Bulletin de la prospérité, en analysant des variables qui peuvent contribuer à la prospérité. Le CPQ en propose 20. Elles portent beaucoup sur le marché du travail et l'éducation, mais aussi sur l'innovation, sur les finances publiques. Il est à noter que les variables choisies reflètent assez bien le consensus des spécialistes. Les préoccupations traditionnelles de l'organisme - fiscalité, lois du travail, réglementation - sont également présentes, mais elles ne dominent pas l'échantillon.

Dans plusieurs cas, le Québec ne fait pas très bonne figure. On ne devrait pas s'en étonner. Si son niveau de vie est bas, sa performance en ce qui a trait aux déterminants de ce niveau de vie ne peut pas être impressionnante. Cela étant dit, la note C attribuée par le CPQ est trop sévère, ce qui peut s'expliquer par la méthode de notation.

Dans les cas où le Québec est comparé à l'Alberta, l'Ontario et la Colombie-Britannique, le CPQ a donné la note A au premier, B au second, etc. Comme le Québec se retrouve souvent quatrième sur quatre, il ramasse pas mal de D. Cela ne respecte pas les conventions habituelles de notation, où un D est proche de l'échec. Or, le fait que le Québec soit dépassé par ces autres provinces ne signifie pas nécessairement que sa performance est mauvaise.

Le problème, ce n'est pas que le Québec aille très mal - nous ne sommes pas en Grèce -, mais plutôt qu'il pourrait, et devrait, aller beaucoup mieux.

Il n'en reste pas moins que ces comparaisons sont utiles. Elles nous disent essentiellement qu'il y a un énorme travail à faire pour augmenter le niveau d'éducation - décrochage, scolarité postsecondaire des adultes, formation en emploi -, pour l'intégration des travailleurs plus âgés et des immigrants, pour encourager l'entrepreneuriat, pour mieux utiliser la technologie, pour nettoyer les finances publiques.

Cet exercice ne mène pas le CPQ à une charge contre un gouvernement qui serait responsable de tous nos maux. Les faiblesses qu'il identifie montrent assez bien que nous faisons face à un problème sociétal. Plusieurs des solutions qui se dégagent naturellement interpellent les entreprises - pour la formation, l'innovation, l'intégration des immigrants. D'autres mèneraient à une intervention accrue de l'État, comme en éducation.

Tout cela n'est pas nouveau, diront certains. Mais ce n'est certainement pas mauvais de le répéter, et surtout de le faire en s'appuyant sur des données.