Il y a deux façons de faire face aux turbulences et aux incertitudes de l'économie mondiale. On peut paniquer ou réfléchir. On peut réagir ou agir. On peut avoir le nez collé sur le présent ou essayer de transformer l'avenir.

Il y a deux façons de faire face aux turbulences et aux incertitudes de l'économie mondiale. On peut paniquer ou réfléchir. On peut réagir ou agir. On peut avoir le nez collé sur le présent ou essayer de transformer l'avenir.

Le mode panique, c'est celui des marchés avec leurs émois véhiculés jour après jour par certains médias, surtout télévisuels, où on nous parle, d'un ton grave, des «inquiétudes des marchés» et des soubresauts des cours boursiers. Et quand on est en mode panique, il y a toujours un événement quelque part dans le monde qui justifiera d'erratiques mouvements en dents de scie.

L'autre mode, c'est celui de l'analyse, pour comprendre la nature des problèmes auxquels nous sommes confrontés, et pour ensuite trouver des solutions, par exemple en prenant des dispositions pour mieux encadrer le système bancaire ou pour trouver le juste équilibre entre l'importance de soutenir la relance et la nécessité d'assurer l'équilibre des finances publiques. C'est ce que fait la Conférence de Montréal, qui réunit cette semaine dans la métropole des spécialistes du monde entier.

Laquelle de ces deux approches que je préfère? Je ne peux pas dire à quel point je suis tanné de voir que l'on continue à regarder l'économie à travers les yeux d'opérateurs dont le métier est de spéculer. Je croyais, bien naïvement, que le choc de la crise financière nous aurait appris à nous libérer de la dictature des marchés et à commencer à nous intéresser à l'économie réelle, la vraie.

Les exemples sont nombreux des distorsions qu'amène la logique spéculative. Regardez ce qui s'est passé vendredi dernier. Les chiffres du chômage sortent des deux côtés de la frontière. C'est la catastrophe aux États-Unis parce que les nouveaux emplois sont artificiels, assez pour que certains se demandent si les USA ne sont pas en train de retomber. Ça va bien au Canada, qui continue à rapidement récupérer les emplois perdus. Et qu'arrive-t-il au dollar canadien? Il baisse par rapport au dollar américain!

Pourquoi? La mauvaise tenue de l'économie américaine pousse les marchés spéculatifs à prévoir une pression moindre sur la demande du pétrole, ce qui provoque une baisse du prix du brut. Et le dollar canadien, qui suit le prix du pétrole, baisse aussi. Comme si le Canada n'était qu'un gros baril de sable bitumineux.

Un autre exemple encore plus fou: celui de la Hongrie. Un proche du premier ministre hongrois fraichement élu a déclaré la semaine dernière que la Hongrie était dans la même situation que la Grèce, un autre a affirmé que le pays était au bord de la faillite. Panique chez les cambistes, et l'euro plonge.

Car en fait, ce qui s'est passé en Hongrie ne justifiait pas la panique. Il s'agissait d'un jeu politique que l'on connaît bien ici. Le nouveau gouvernement conservateur, qui avait imprudemment promis des baisses d'impôt, ouvre les livres après la prise du pouvoir et découvre, avec stupeur, que la situation est pire que prévu. L'entourage du premier ministre en profite pour noircir le tableau.

Mais en fait, ce pays, soutenu par le Fonds monétaire international (FMI), avait amorcé des politiques d'austérité pour réduire son déficit à 4% du PIB en 2009, ce qui n'est pas excessif, et les mesures du nouveau gouvernement le ramèneront à 3,8%. Le patron du FMI, Dominique Strauss-Khan, affirme qu'il n'y a « aucun élément particulier d'inquiétude ». Et pour coiffer le tout, la monnaie de la Hongrie, ce n'est pas l'euro, mais bien le forint! Pour paraphraser la formule du Far West, on a transigé d'abord, et on a pensé ensuite.