Il veut restaurer l'abjecte technique de simulation de noyade, parce que « la torture, ça marche, croyez-moi les gars ». Il veut construire un mur à la frontière américano-mexicaine et refiler la facture... au gouvernement du Mexique.

Il a reçu le soutien de David Duke, un dirigeant du Ku Klux Klan, et fait celui qui n'a jamais entendu parler du mouvement prônant la suprématie blanche.

Il veut fermer les portes de son pays aux musulmans, et peut-être même créer un registre pour ceux qui s'y trouvent déjà. Il a appelé à des représailles contre « les familles des terroristes ». Il a traité les Mexicains de criminels et de violeurs, il s'est moqué des handicapés, et il a même réussi l'exploit d'envoyer promener le pape.

Dans une de ses assemblées électorales, ses partisans ont attaqué un manifestant noir tandis que d'autres hurlaient : « Tuez-le ! Brûlez-le. » Dans une autre, Trump a lui-même appelé les gardes de sécurité à confisquer le manteau d'un protestataire qu'ils poussaient vers la sortie. C'était en plein hiver, au Vermont...

Ses discours racistes, son nationalisme revanchard, son agressivité et sa spectaculaire performance depuis le début des primaires américaines ont valu au candidat milliardaire des comparaisons peu flatteuses. Tout particulièrement celle avec un certain Adolf Hitler.

On ne compte plus les voix qui associent la superstar de la course à l'investiture républicaine au Führer. Déjà qu'un vieil article de Vanity Fair l'accusait de garder un recueil de discours de Hitler à côté de son lit, voilà que la soeur par alliance d'Anne Frank, Eva Schloss, lui reproche publiquement d'agir comme le chef nazi. Une ex-gouverneure du New Jersey, Christine Todd Whitman, l'accuse d'employer le même genre de rhétorique que celle qui a permis à Hitler de se hisser au pouvoir.

Le blogueur Adam Ted Brown énumère les cinq raisons qui font ressembler Donald Trump à Adolf Hitler. Le commentateur Glenn Beck évoque lui aussi le nom qui commence par H. Tandis que l'écrivain George Packer lui accole sans hésiter l'étiquette de « fasciste ». Et que le journaliste Chris Hedges le compare plutôt à l'Italien Benito Mussolini...

Bien sûr, Donald Trump ne prône pas l'extermination des musulmans, il n'a pas écrit l'équivalent de Mein Kampf et il ne dispose pas d'une armée de bandits pour casser des bras et fracasser des vitrines.

Mais lui aussi, comme Hitler, a été largement sous-estimé avant d'amorcer sa fulgurante ascension. Lui aussi a construit sa popularité en montrant du doigt les étrangers responsables, selon lui, de tous les maux de l'Amérique. Et lui aussi prétend rebâtir la grandeur d'un pays qui se sent en perte de vitesse...

Comment donc un homme qui s'attire de telles épithètes peut-il voler si haut dans les sondages et ravir l'un après l'autre les États engagés dans les primaires ? Pour le politologue Matthew MacWilliams, de l'Université du Massachusetts à Amherst, la réponse à cette énigme se résume en un seul mot : autoritarisme.

Dans un sondage réalisé en décembre, il a fait le constat suivant : au-delà de leur appartenance sociale, de leur sexe ou de leur profession, le trait le plus souvent rencontré chez les partisans de Donald Trump c'est qu'ils soutiennent l'exercice d'une autorité forte et sans faille, autant dans l'éducation des enfants qu'en politique.

PHOTO ANDREW HARNIK, ASSOCIATED PRESS

Donald Trump a prononcé un discours, lundi, à l’Université d’État de Valdosta, dans la ville du même nom, en Géorgie.

Joint au téléphone, Matthew MacWilliams explique que le repli autoritaire constitue souvent une réponse à la peur. Selon lui, la surprenante montée de Donald Trump a suivi les attentats de Paris et la fusillade de San Bernardino... « Un autre attentat pourrait suffire pour propulser Trump à la présidence. »

Cité par le magazine allemand Spiegel dans un long article sur Donald Trump, l'essayiste américain George Packer associe plutôt le candidat républicain à des populistes de droite contemporains, tels que Marine Le Pen et le premier ministre hongrois Viktor Orban. « C'est un isolationniste qui prétend résoudre les problèmes en passant outre les règles de la démocratie. »

Selon lui, c'est la crise économique de 2008, suivie par une croissance extrêmement inégalitaire, qui a créé aux États-Unis le terreau où le discours belliqueux de Trump peut se répandre à la vitesse grand V.

« Les mouvements fascistes construisent leur base non chez les personnes actives politiquement, mais chez les inactifs, les perdants qui sentent, souvent avec raison, qu'ils n'ont pas voix au chapitre », écrit Chris Hedges.

Poussés par leur sentiment d'impuissance, les partisans de Donald Trump gobent sans les remettre en question les promesses du milliardaire, qui s'engage à leur redonner « les emplois volés par la Chine et le Mexique » et à renvoyer manu militari 11 millions d'immigrants illégaux.

Désignez un voleur, de préférence étranger, engagez-vous à le punir - et tout le monde sera content...

Non, Donald Trump n'est pas Hitler. Mais il ne faut pas le sous-estimer pour autant. Il est de la graine de dictateur. Et sa campagne pour la Maison-Blanche « est une campagne pour une Amérique brutale et impitoyable » écrit l'hebdomadaire Spiegel dans un article intitulé : « L'homme le plus dangereux de la planète... »

Hitler ou pas, Donald Trump fait peur.