Un massacre dans un magazine satirique, puis dans une épicerie casher. Des décapitations en série, devenues si fréquentes qu'elles sont reléguées au rang de nouvelles brèves des journaux.

Un pilote brûlé vif. La guerre qui est en train d'emporter l'Ukraine. La Libye qui se liquéfie sous nos yeux. L'Égypte qui souligne le quatrième anniversaire de la chute du régime Moubarak par un nouveau carnage. Le mouvement de droite islamophobe PEGIDA qui se répand en Europe.

L'année 2015 n'a pas encore six semaines et elle a déjà apporté son lot de calamités. L'année qui l'a précédée a été, elle aussi, riche en horreurs. Quand on commente quotidiennement l'actualité internationale, je l'avoue: il y a des jours où l'on n'a pas trop envie de se lever.

En ce petit matin froid de février, je vous propose donc, à titre d'antidote au marasme général, un bref coup d'oeil sur ce qui ne va pas trop mal sur cette planète souvent désespérante.

D'abord, cette nouvelle passée un peu inaperçue, la semaine dernière, quand l'agence de presse officielle du groupe État islamique (EI) a annoncé son départ de la ville syrienne de Kobané, tombée sous le contrôle des combattants kurdes.

Après la chute de la ville irakienne de Falloujah, il y a un an, puis celle de Mossoul, en juin, rien ne semblait plus pouvoir arrêter la progression des djihadistes de l'EI, ces barbares qui sèment la terreur, la mort et la désolation sur leurs parcelles de territoire en Syrie et en Irak.

En septembre, le groupe EI a lancé une offensive contre Kobané, ville de 70 000 habitants, située dans le Kurdistan syrien, près de la frontière turque.

Les civils ont massivement fui devant l'avancée djihadiste. Les forces de l'EI sont entrées au centre de Kobané en octobre et ont placé la moitié de la ville dans leur étau. Depuis, Kobané s'est retrouvée au coeur d'une bataille d'une importance à la fois stratégique et symbolique. D'un côté, les djihadistes de l'EI. De l'autre, les combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), aidés par les frappes internationales.

Après quatre mois d'affrontements, le groupe EI a dû abandonner Kobané, où flotte aujourd'hui le drapeau rouge, vert et jaune des Kurdes.

Abou Bakr al-Baghdadi, leader du «califat» islamiste, a beau jurer qu'il va reprendre la ville, la réalité, c'est que le groupe EI vient de subir son premier revers, après un an de sanglante expansion. Il n'a pas encore perdu la guerre. Mais pour une fois, il a perdu une importante bataille. Il y a de quoi applaudir.

***

Autre bonne nouvelle, dans un tout autre coin du monde: la Colombie. Il y a cinq jours, les pourparlers ont repris entre les Forces armées révolutionnaires de Colombie, les fameuses FARC, et le gouvernement de ce pays, engagés dans une négociation susceptible de mettre un terme à une confrontation qui dure depuis plus d'un demi-siècle.

Plus de 200 000 personnes ont perdu la vie dans ce conflit, le plus ancien en Amérique latine. Et 5 millions de Colombiens ont été forcés de quitter leur foyer.

Or, en décembre dernier, les FARC ont décrété un cessez-le-feu unilatéral, après avoir fait leur mea-culpa auprès des civils qui ont souffert de cette guérilla.

Les négociations menées à La Havane ne sont pas encore terminées. Mais des accords partiels ont déjà été conclus sur un projet de réforme rurale, la réinsertion des ex-guérilleros dans la vie publique et la lutte contre le trafic de cocaïne. En fait, tout indique que la Colombie est sur la voie de la paix.

C'est une bonne nouvelle pour les Colombiens, bien sûr. Mais aussi pour tous ceux qui croient, envers et contre tous, qu'il n'existe pas de conflit insoluble. Même si, parfois, le chemin de la réconciliation peut être long.

***

Traversons l'Atlantique pour atterrir en Irlande, pays officiellement sorti de la cure d'austérité, quatre ans après avoir reçu une bouée internationale pour échapper à la faillite.

Cette année, les Irlandais auront droit à la fois à des baisses d'impôt et à des augmentations de dépenses publiques. Ils renouent avec la croissance, qui pourrait dépasser 3%. Et le déficit des finances publiques restera sous la barre des 3% prescrite par l'Union européenne. Le taux de chômage, lui, se dégonfle progressivement.

Le «tigre celtique» n'a pas encore retrouvé toute sa vigueur et bien des dangers se profilent à l'horizon. Mais c'est également la preuve qu'il y a une vie après l'austérité.

***

Vous voulez d'autres bonnes nouvelles? Oui, bien sûr, il y a le dégel historique entre La Havane et Washington. Un blocus hérité de la guerre froide se desserre progressivement, ouvrant la porte à une normalisation politique qui ne sera pas exempte de dangers, mais qui finira probablement par sortir Cuba d'un isolement anachronique. Il était temps.