Quand la fameuse maison des Gladiateurs, à Pompéi, s'est effondrée le mois dernier faute d'entretien, plusieurs y ont vu le signe de tout un régime sur le point de s'écrouler, miné par les scandales et les rivalités politiques.

Silvio Berlusconi a pourtant réussi à se maintenir à flot, hier, dans un vote de confiance qu'il a gagné par trois toutes petites voix. Mais la victoire pourrait être de courte durée pour le chef du gouvernement italien, qui aura de la peine à gouverner en s'appuyant sur une aussi faible majorité. Et pour qui la perspective d'élections avant la fin de son mandat, qui arrive à échéance en 2013, paraît également risquée.

Après avoir battu des records de longévité dans un pays traditionnellement instable, le richissime Cavaliere semble donc condamné à plus ou moins brève échéance. Et franchement, le jour venu, il n'y aura pas de quoi pleurer.

Il y a bien sûr ses pathétiques frasques avec des starlettes pas toujours majeures, dont la dernière, jeune Marocaine de 18 ans, incarcérée pour son implication dans un vol, a pu recouvrer la liberté grâce à l'intervention de son «papi».

Il y a son célèbre «mieux vaut aimer les belles femmes qu'être gai», déclaration avec laquelle Silvio Berlusconi a doublé son arrogance de macho d'une bonne couche d'homophobie. Il y a la vingtaine de poursuites dont il a fait l'objet pour corruption, fraude fiscale ou financement politique illégal, dans lesquelles il a souvent été condamné en première instance -pour ensuite gagner ses causes en appel ou par prescription.

Il y a enfin la grossièreté qui colorait non seulement ses fréquentations féminines, mais aussi sa manière de gouverner, au point de ridiculiser ses propres fonctions et de ternir l'image de son pays.

Mais au-delà du don Juan impénitent et du politicien peu scrupuleux, l'histoire de Silvio Berlusconi est aussi une histoire d'espoirs déçus. Celui qui voulait gérer l'Italie comme une entreprise a présidé au déclin de son pays, devenu l'un des plus endettés d'Europe, avec un taux de chômage de 25% chez les 15-24 ans. Le pays ne parvient même pas à vider ses poubelles, comme en font foi les déchets qui continuent de s'amonceler à Naples. Ni à trouver un abri convenable pour les survivants du séisme de L'Aquila, survenu il y a plus de 18 mois.

Comme l'écrit un éditorialiste du Corriere della Sera, il y a longtemps que le gouvernement de Silvio Berlusconi a cessé de gouverner. Mais le vrai drame de l'Italie, c'est que l'opposition y est si divisée qu'on ne voit pas qui pourrait gouverner à sa place, le jour où il n'aura plus le choix de tirer sa révérence.