Il y a eu la tentative d'attentat contre le métro de New York en septembre. L'explosion ratée dans un avion en route pour Detroit, le jour de Noël. Une poignée d'attentats déjoués au printemps et à l'automne 2009. Et finalement, cette auto farcie d'explosifs par un beau samedi de mai, en plein Times Square.

Cette multiplication d'essais ratés annonce-t-elle quelque chose de plus gros? Faut-il en conclure que, près de neuf ans après les attentats du 11 septembre 2001, la menace d'une attaque terroriste majeure plane de nouveau sur les États-Unis?

 

Pas du tout, répond Andrew McGregor, expert torontois affilié à la Jamestown Foundation, un centre de recherche spécialisé en matière de terrorisme.

Quand il passe en revue les attentats des derniers mois, y compris celui de Times Square, Andrew McGregor est frappé non pas par leur nombre, mais par leur amateurisme.

Ce que l'on sait actuellement de la composition de la bombe de Times Square - gaz propane, feux d'artifice, boîte de fertilisants - l'incite à conclure qu'elle ne pouvait causer de dégâts majeurs. «On dirait que ces gens n'avaient jamais fait ça, qu'ils n'avaient aucune expérience», dit-il. Avant d'ajouter que les «vrais» fabricants de bombes prennent la peine d'ajouter une charge d'objets métalliques, par exemple des clous qui, projetés par le souffle de l'explosion, décuplent la puissance de l'engin. Apparemment, ce n'était pas le cas ici.

«De deux choses l'une: ou bien ces gens ne savent pas comment fabriquer des bombes, ou bien ils ne veulent pas vraiment tuer», tranche Andrew McGregor.

Selon la première hypothèse, ceux qui ont bricolé la bombe de Times Square n'auraient pas de liens avec quelque organisation terroriste «professionnelle» que ce soit. Ils n'auraient fait qu'improviser un acte isolé. Selon la seconde hypothèse, leur intention était davantage de faire peur que de faire mal.

Andrew McGregor porte le même regard sur d'autres incidents récents, comme la fameuse tentative ratée contre le métro new-yorkais, et plusieurs autres projets terroristes qui ne sont restés que ça: des projets. Manque de professionnalisme, coups foireux: ce qui le porte à penser que ces tentatives ne portaient pas l'empreinte d'Al-Qaeda.

Deux jours se sont écoulés depuis la découverte de la voiture suspecte à Times Square. Un groupe terroriste pakistanais, Tehrik e-Taliban, a revendiqué cet attentat. Mais ce n'est encore qu'une hypothèse parmi d'autres, d'autant moins probable que cette organisation a déjà revendiqué, par le passé, d'autres attaques - qu'elle n'avait pas commises.

Établie à Washington, la Jamestown Foundation publie Global Terrorism Analysis, qui scrute l'activité terroriste partout sur la planète. Et Andrew McGregor est l'un des principaux responsables de cette publication.

L'activité terroriste est-elle en hausse ou en baisse dans le monde? «Ça dépend où, répond-il. Au Pakistan, elle est en hausse. Mais aux États-Unis, elle est quasi inexistante.»

Il peut paraître étrange de dresser un constat aussi optimiste au moment même où une voiture piégée vient d'être trouvée à un endroit aussi emblématique et bondé que Times Square. D'autant plus qu'il manque encore beaucoup d'éléments pour tirer des conclusions définitives.

Prenons l'hypothèse d'Andrew McGregor pour ce qu'elle est: une invitation à ne pas paniquer. Et à ne pas annuler ses vacances aux États-Unis cet été.