Les États-Unis viennent d'élire leur 44e président, Barack Hussein Obama II, le premier Afro-Américain à accéder au poste le plus puissant de la planète. L'élection d'Obama a fait souffler un vent de changement et d'espoir sur la planète tout entière. Cette fois, le peuple a gagné. L'actuel règne américain, contrôlé par l'industrie pétrolière, vient d'être renversé par une volonté réelle de changement exprimée haut et fort par les gens de la rue. Du coup, les Américains nous ont fourni une occasion de rêver. Que signifie ce geste historique en matière d'environnement?

Pour les Canadiens soucieux de l'environnement, c'est un grand jour. Mais pour notre gouvernement conservateur, l'inquiétude est palpable. Au cours des dernières années, la politique environnementale canadienne a aussi favorisé l'industrie du pétrole et, cela est bien connu sur la scène internationale, le Canada a souvent joué les trouble-fêtes pour ralentir cette période de changement inévitable, réclamée par une majorité de pays dans le monde.

 

En calquant sa stratégie sur celle du gouvernement Bush, le Canada, appuyé jusqu'à tout récemment par l'Australie, formait une coalition réfractaire au changement en matière d'environnement. Les Australiens ont défait leur gouvernement parce que ce dernier refusait, entre autres choses, de ratifier les accords de Kyoto. Une autre victoire du peuple qui veut que l'on s'occupe des problèmes de la planète.

 

Les préoccupations environnementales du futur président américain ont aussi envoyé un message clair au reste du monde: la planète a un urgent besoin de changement. Cette nouvelle attitude à la Maison-Blanche est le résultat des pressions d'une majorité de citoyens du monde. La victoire d'Obama, c'est aussi la nôtre.

L'élection de Barack Obama entraînera une évolution inévitable de nos politiques canadiennes en matière d'environnement. Le Canada n'aura plus le choix. Il devra changer s'il veut éviter d'être isolé sur la scène internationale. Le gouvernement Harper a déjà mis en place un homme politique fort, capable de négocier ce changement. Le nouveau ministre de l'Environnement, Jim Prentice, ancien ministre de l'Industrie, en aura plein les bras. Ce juriste qui vit à Calgary, la ville du pétrole, connaît très bien l'industrie pétrolière et il tentera de gagner du temps, du moins en début de mandat. Mais les pressions de la nouvelle administration américaine et ce réel mouvement planétaire pour une planète plus respectueuse de l'environnement le rejoindront rapidement. À nous aussi, il est aujourd'hui permis de rêver.

Mais la tâche qui attend Obama est colossale. L'environnement n'est qu'une goutte d'eau dans la mer des défis qui l'attendent. Les objectifs sont tellement redoutables que les risques de déception sont réels. Mais profitons encore de ce «Yes We Can» avant de replonger dans une réalité qui saura bien nous rattraper.

Les premières bonnes nouvelles seront sans doute l'instauration d'une Bourse nord-américaine du carbone. Puis, les futures négociations sur un nouvel accord pour remplacer celui de Kyoto lanceront probablement le réel changement des politiques environnementales partout dans le monde. Il ne faut toutefois pas attendre beaucoup de la prochaine réunion des ministres de l'Environnement des pays de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui se rencontreront à la mi-décembre à Poznan, en Pologne. Il est trop tôt pour espérer un changement de stratégie de la part de notre gouvernement, et l'administration américaine demeure sous la coupe du président Bush.

Qu'on se le dise, il faudra du temps. Mais l'élection de Barack Obama nous redonne espoir. L'espoir enfin de rêver, nous aussi, ici et ailleurs, à un monde plus respectueux d'une planète qui appartient à tous les citoyens du monde. «Yes We Can»...

LA SCIENCE EN BREF

Québec vers Kyoto

Le Québec est premier de classe au pays pour ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Le document Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre en 2006 et leur évolution depuis 1990 montre que les émissions de GES n'ont augmenté que de 1,6% au Québec au cours des 16 dernières années. L'augmentation est minime si on compare le Québec à d'autres provinces canadiennes comme la Saskatchewan (63,6%), l'Alberta (36%) et la Colombie-Britannique (27,4%). Pour atteindre les objectifs du protocole de Kyoto, nous devons poursuivre nos efforts afin de parvenir à la réduction visée de 6% par rapport à 1990. Pour nous encourager encore un peu plus, disons-nous que le présent inventaire s'arrête en 2006, et que les effets escomptés des plans de réduction de GES de la ministre Line Beauchamp et de son prédécesseur, Claude Béchard, ne font pas encore partie de ce bilan de 2006. L'industrie québécoise est sur la bonne voie puisqu'elle a déjà atteint et même dépassé ses objectifs. L'agriculture doit faire des efforts supplémentaires, mais le nerf de la guerre demeure le transport, qui représente 40% de nos émissions de GES.

Bébé rhino se porte bien

Il ne reste probablement plus que trois ou quatre représentants de la population de rhinocéros blancs du Nord en nature, et seulement huit individus dans les zoos de la planète. Victime de braconnage et de la perte de son habitat par la déforestation, la sous-espèce de rhinocéros blanc du Nord est considérée comme étant en grand danger et pourrait s'éteindre rapidement si rien n'est fait pour la sauver. Or, voici que des scientifiques ont réussi une grande première: ils ont pu inséminer artificiellement une femelle à partir du sperme congelé d'un autre mâle. Le vieux Simba, un rhino de 38 ans domicilié dans un zoo anglais, se retrouve donc l'heureux papa d'un bébé rhino de 45kg qui vient de voir le jour au zoo de Budapest. C'est la première fois que les scientifiques réussissent à inséminer artificiellement une femelle rhinocéros à partir de sperme congelé. On doit le succès de cette opération à une nouvelle façon de congeler le sperme à des températures de - 196C. Cette grande première mondiale pourrait jouer un rôle déterminant dans la lutte pressante pour sauvegarder la biodiversité de la planète.

L'auteur est biologiste, photographe et cinéaste. Il a été chef de trois missions à bord du voilier Sedna IV, dont la plus récente en Antarctique. Il signe chaque semaine une chronique dans nos pages.

Photo: Jean Lemire