Les jours se perdent de plus en plus dans une nuit noire d'automne qui ne cesse de s'allonger. Depuis un peu plus d'un mois, depuis l'équinoxe d'automne, nous perdons peu à peu cette lumière vitale qui influe sur les cycles de tous les êtres vivants.

Certains pestent déjà contre le froid qui s'installe timidement, comme si notre mémoire sélective voulait oublier que notre pays est aussi d'hiver. Les premiers flocons précoces sont venus rappeler la valse incessante des saisons, étrange ébahissement qui nous frappe chaque année et qui évoque simplement le temps qui passe. La lumière céleste s'exprime de plus en plus en lueurs rasantes, embrasement lointain qui allonge les ombres de tout ce qui s'élève contre l'horizon.

 

Bon gré mal gré, l'automne s'installe. La grisaille des jours aussi, celle qui sonne souvent la dormance ou le départ. Elle provoque même la mort de certaines formes de vie. Ainsi va la vie, ainsi va la mort, quand le soleil ne se lève plus exactement à l'est et qu'il ne se couche plus directement à l'ouest.

J'ai toujours aimé les jours d'équinoxe, ces deux moments de l'année où le jour et la nuit sont approximativement de même durée. J'aime imaginer que ce passage du soleil à l'équateur uniformise le jour et la nuit pour distribuer de façon égale l'énergie naturelle de cette planète. Aux jours d'équinoxe, peu importe le pays, d'un cercle polaire à l'autre, la durée du jour égale celle de la nuit. Durant ces deux jours distants de six mois, le soleil distribue uniformément son énergie lumineuse, selon un équilibre qui a façonné et distribué les différentes formes de vie sur cette planète. Dans mon journal de bord de l'Antarctique, un certain jour d'équinoxe, j'écrivais: «N'est-il pas rassurant de savoir que l'énergie naturelle de cette planète peut se partager équitablement entre tous les pays du monde? Les guerres et conflits de ce monde découlent souvent d'un conflit d'énergie. Pour cette simple raison, nous devrions déclarer les équinoxes jours de paix obligatoire.»

De la guerre du feu entre les hommes d'hier jusqu'aux modernes conflits internationaux pour le contrôle du pétrole, en passant par le carnage des grandes baleines qui, de leurs huiles précieuses, éclairaient l'Europe d'une certaine époque, nous avons toujours établi les suprématies et les pouvoirs par la conquête de l'énergie. L'énergie, sous toutes ses formes et à toutes ses époques, a toujours représenté le pouvoir et l'argent. Aujourd'hui encore, rien n'a véritablement changé, comme une roue qui tourne sans fin. Une roue de fortune pour certains. Un cercle de misère et de souffrance pour d'autres. Qu'avons-nous retenu des leçons du passé et des erreurs d'hier?

Il y a eu le feu, éternelle source d'énergie qu'il fallait se disputer pour survivre. Puis le feu s'est donné à tous.

Il y a eu la graisse de baleine transformée en huile. Puis les hommes en ont abusé, chassant les derniers géants de la planète jusqu'aux confins de l'Antarctique, épuisant ainsi cette ressource que l'on croyait pourtant éternelle. Quand la ressource s'est raréfiée, il y a eu des guerres pour le contrôle de cette énergie.

Puis il y a eu l'or noir, le pétrole sans limites et abondant. C'est du moins ce que l'on a longtemps pensé, jusqu'à ce que les réserves diminuent, et que les lois du marché dictent les prix pour redonner aux propriétaires d'énergie leur pouvoir suprême. Et puis il y a eu les guerres, parce que le pétrole, devenu rare, ne peut se donner à tous.

Bientôt, très bientôt, nous tournerons une autre page de notre histoire en mettant en valeur de nouvelles formes d'énergie. À qui appartiendront ces nouvelles énergies et comment se partageront-elles entre les peuples de cette planète? À l'automne des jours de cette ère de pétrole, il est permis de rêver qu'une ère nouvelle saura inspirer une répartition juste et équitable de l'énergie de demain, mettant ainsi fin à des siècles de conflits entre les hommes pour le contrôle du feu, sous toutes ses formes.

LA SCIENCE EN BREF

La sixième grande extinction

La planète serait au milieu de la sixième grande extinction. Parmi toutes les espèces de plantes et d'animaux de la terre, 50% seraient en voie de disparition, selon des biologistes de l'Université de Santa Barbara. Les chercheurs tentent de déterminer quelles espèces devront être sauvées en priorité. Ils attribuent les raisons de ces disparitions massives d'espèces aux difficultés de cohabitation avec les humains qui contribuent à la détérioration des habitats essentiels aux plantes et autres animaux. La dernière grande extinction sur terre est arrivée il y a de cela environ 65 millions d'années et a probablement été causée par une collision avec une météorite. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'impact de l'homme sur la planète frappe fort...

Les impacts de l'extinction

La disparition d'une espèce entraîne inévitablement des répercussions sur l'ensemble d'un écosystème. Nous savons par exemple que plusieurs espèces de grenouilles sont de plus en plus menacées par une infection aux champignons qui fait rage un peu partout sur la planète. Mais des chercheurs viennent de prouver que le déclin des grenouilles touche aussi l'ensemble des espèces qui fréquentent les mêmes cours d'eau. Le mouvement des grenouilles dans un étang contribue au brassage de l'eau et diminue la sédimentation. «Nos études montrent que la diminution des grenouilles influe directement sur la productivité de tout l'étang, affectant ainsi toutes les autres espèces», affirme le biologiste Scott Connelly, responsable de l'étude.

Les cellulaires et la santé

Selon un éditorial de la revue scientifique Surgical Neurology, il est important de lancer de nouvelles recherches pour déterminer les liens directs entre l'utilisation des téléphones cellulaires et l'augmentation notée des risques de cancer du cerveau. Plus tôt cette année, un groupe de scientifiques suédois a publié les résultats d'une étude qui laisse entendre que les personnes qui ont utilisé leurs téléphones cellulaires sur une période de 10 ans ou plus ont montré des taux anormalement élevés de cancers du cerveau et du nerf acoustique, du même côté que celui utilisé pour téléphoner. D'autres études scientifiques n'arrivent cependant pas au même constat. C'est pourquoi les scientifiques demandent à leurs confrères de déployer des efforts supplémentaires pour répondre à cette question de santé publique.

L'auteur est biologiste, photographe et cinéaste. Il a été chef de trois missions à bord du voilier Sedna IV, dont la plus récente en Antarctique. Il signe chaque semaine une chronique dans nos pages.