Qui dit campagne dit souvent nature. Et qui dit nature dit souvent environnement. Nos vertes vallées baignées par une chaude lumière d'automne, le gazouillis romantique des oiseaux qui agrémente nos randonnées en forêt, nos lacs, paisibles et inspirants, ou encore nos rivières, débordantes d'énergie naturelle, font partie de notre paysage et ils rehaussent notre qualité de vie. Nous y tenons, conscients du fait que l'environnement représente notre plus grande richesse, qu'il influe directement sur notre qualité de vie. L'environnement défie le temps et il représente le legs le plus précieux laissé en héritage à ceux que nous aimons, nos enfants. Le nouveau téléviseur HD, la dernière voiture ou même le compte en banque bien garni ne remplaceront jamais la qualité de vie et les valeurs sociétales respectueuses de toutes les formes de vie. Les produits de notre consommation sont éphémères. L'environnement constitue le plus grand héritage pour nos enfants, car il survit au temps.

 

Qui dit campagne électorale dit aussi souvent environnement. C'est le constat des derniers sondages, qui placent encore l'environnement dans le peloton de tête des priorités des Canadiens. En ce début de campagne, les sujets environnementaux ont supplanté tous les autres et ils ont occupé une large place dans les médias. Ce constat, mesuré par différentes firmes de sondage, n'est pas le simple reflet d'une tendance passagère. Cela traduit un réel désir de changement.

Au Canada aussi, on se soucie de l'environnement, comme le révèle l'indice Greendex, commandé par la National Geographic Society, qui établit que l'environnement est le problème le plus préoccupant des Canadiens. Alors, comment expliquer la disparité entre les valeurs des citoyens et les sondages qui placent les conservateurs en tête de liste, alors que ce gouvernement n'a même pas pu obtenir la note de passage (F-) pour l'évaluation de son programme électoral en environnement? Un sondage de la firme McAllister, en mars dernier, est révélateur: l'environnement demeure la priorité des Canadiens, et les changements climatiques sont en tête de liste des préoccupations.

Toutefois, même si une très grande majorité (79%) pense comprendre les enjeux du réchauffement planétaire, seulement 38% des répondants ont été en mesure de recenser correctement les causes des changements climatiques. Si une majorité de Canadiens n'arrivent pas à associer les émissions de CO2 à la principale cause du réchauffement, comment voulez-vous qu'ils s'y retrouvent dans le programme des conservateurs qui, conscients de ce fait, ont volontairement changé les règles internationales pour présenter leurs objectifs de réduction de GES, calculés à partir de nouvelles règles (leurs règles!)? Tous les autres pays parlent de réductions nettes. Au Canada, il s'agit plutôt de réductions basées sur l'intensité.

Pour donner un exemple clair, prenons la production de pétrole à partir des sables bitumineux. La réduction des conservateurs s'applique seulement sur la production d'un baril de pétrole. Or, si vous augmentez votre production, vous ne diminuerez pas votre bilan total de GES. Au final, vous risquez de polluer plus qu'avant! Les beaux objectifs de réduction s'envolent alors en fumée, perdus dans ce complexe stratagème politique qui a pour but de camoufler les réelles intentions de nos dirigeants. C'est désolant, puisque cette attitude n'est qu'une tactique pour tromper les citoyens. Pourquoi ne pas dire la simple vérité et prendre le temps de l'expliquer aux Canadiens, pour que leur choix politique représente leurs valeurs réelles et profondes? Je sais, c'est beaucoup demander en période électorale. Les promesses, toujours et avant tout!

LA SCIENCE EN BREF

Des baleines new-yorkaises

Des chants de baleines noires, de rorquals à bosse et de rorquals communs ont été enregistrés pour la première fois par les scientifiques de l'Université Cornell, au large de la ville de New York. «Si nous voulons diminuer les risques de collision avec les navires, il est important de connaître les routes migratoires de ces baleines, parmi les plus menacées sur la planète», a affirmé le chercheur principal de l'étude, le Dr Christopher Clark. Les hydrophones, disposés à moins de 25 kilomètres des côtes new-yorkaises, enregistrent les vocalises des différentes espèces de baleines. Cette étude permettra aussi, d'une part, d'évaluer si les bruits sous-marins ambiants influent sur le comportement des baleines et, d'autre part, d'orienter les politiques de trafic maritime dans ce secteur achalandé.

La ville, sans la voiture...

C'est demain que se tiendra l'activité «En ville sans ma voiture». L'événement annuel veut susciter la réflexion commune sur nos modes de transport, responsables de 47% des émissions de gaz à effet de serre et de 10% des maladies respiratoires dans la région métropolitaine de Montréal. Cette année, les organisateurs veulent promouvoir les modes de transport collectifs et actifs. Les effets de cette journée sont mesurables et ils étonnent: une baisse importante du bruit ambiant pouvant aller jusqu'à six décibels, soit environ la moitié du bruit d'une journée normale, a été enregistrée l'an dernier. Mais ce sont surtout les données sur la qualité de l'air qui démontrent bien l'impact positif d'un tel événement: baisse importante de monoxyde d'azote (83%) et de monoxyde de carbone (90%) enregistrée dans le périmètre fermé à la circulation automobile. Un air de santé!

L'auteur est biologiste, photographe et cinéaste. Il a été chef de trois missions à bord du voilier Sedna IV, dont la plus récente en Antarctique. Il signera tous les dimanches une chronique dans nos pages.