Les environnementalistes sont en colère devant le refus du premier ministre du Canada de participer à un débat sur l'environnement. Il s'agit pourtant d'une priorité et d'une demande légitime des Canadiens, qui veulent connaître l'orientation de la politique canadienne en matière d'environnement, alors que la planète entière se mobilise pour contrer les effets des changements climatiques. La politique du silence de nos dirigeants est tout simplement inacceptable.

Certains scientifiques pleurent en silence les compressions importantes dans leur budget de recherche et développement, annoncées discrètement par le ministre du Développement économique du Canada. Plusieurs OSBL prient en silence pour que le gouvernement change de cap. Le couperet conservateur risque de faire disparaître des organismes de l'ombre qui font un travail remarquable en matière d'éducation et de diffusion de la science. Vous ne verrez pas ces scientifiques et ces éducateurs de science protester haut et fort. Ils ne marcheront pas dans la rue pour revendiquer leur droit d'exister. La raison en est fort simple: ils négocient toujours avec le ministre Jean-Pierre Blackburn, et ceux qui osent dénoncer la situation -et j'en suis un- se font rabrouer sévèrement par Ottawa. On ne s'attaque pas au messager, qui peut en prendre, mais on s'empresse de contacter les dirigeants de ces organismes menacés pour leur signifier qu'une mauvaise publicité risque d'altérer le climat des négociations. La politique du bâillon est inacceptable.

Certains expliquent ces comportements par une montée de la droite, phénomène d'une époque qui se vérifie ailleurs sur la planète. C'est peut-être un peu gros, mais un écart important semble se creuser entre les valeurs nouvelles exprimées par les citoyens et les intentions de vote. Je ne voudrais surtout pas influer sur la position de votre X dans l'isoloir. Pour tout vous dire, je m'en fiche un peu. Je n'aime pas les campagnes électorales. Peut-être parce que j'aime les gens vrais. Si les libéraux ou le NPD détenaient le pouvoir et que leur politique environnementale devenait la risée sur la scène internationale, je réagirais aussi. Je n'appartiens à aucune famille politique.

Valeurs environnementales

Mais, aujourd'hui, en matière de respect des valeurs environnementales qui nous sont si chères, je suis inquiet. Inquiet de constater que, dans notre système électoral, il n'y a qu'une période où les citoyens peuvent exprimer leur approbation ou leur désaccord quant aux valeurs que nous défendons. Une seule consultation populaire qui permet d'évaluer les politiques de nos dirigeants. Et nous y sommes. Il n'y en aura pas d'autre avant longtemps. Vous pouvez bien voter bleu, rouge, vert ou jaune, c'est votre droit le plus légitime, mais nous devons exiger, tous ensemble, le respect de nos valeurs profondes.

En matière d'environnement, oubliez les campagnes de peur et prenez le temps de bien analyser les propositions qui sont sur la table. Utilisez la force de votre vote pour exiger des engagements fermes en matière d'environnement. Parlez à vos candidats et faites-leur comprendre que votre appui est conditionnel au respect des valeurs auxquelles vous croyez. Je sais, comme plusieurs d'entre vous, je suis un peu désabusé devant les promesses et les manipulations électoralistes. Mais le désintérêt et l'abandon des valeurs qui nous sont chères sont aussi inacceptables.

En environnement, l'intention prime l'action depuis plusieurs années. On nous annonce des plans, on négocie, mais rien ne se passe. Le temps joue contre nous, et le seul moyen mis à la disposition des citoyens pour exprimer leur désir de changement réside dans ce petit X qui déterminera l'orientation de ce pays pour les prochaines années.