Au cours de la campagne électorale, «vous allez découvrir qui je suis», a lancé le chef du Parti libéral, Stéphane Dion, dimanche dernier, au premier jour des hostilités.

Surprenante déclaration de la part d'un chef de parti national en poste depuis maintenant plus de 21 mois, qui a joui depuis décembre 2006 d'un «exposure» médiatique de premier plan.

Mais pourquoi donc, rendu en campagne électorale, Stéphane Dion sent-il le besoin de dire qu'on le connaît mal et qu'on aurait avantage à découvrir qui il est vraiment? Pour une raison bien simple: parce qu'il est actuellement, selon tous les sondages d'opinion, un boulet pour son parti et qu'il voudrait qu'on le «redécouvre».

Mais s'il y a un autre Stéphane Dion qu'on gagnerait à connaître avant de se rendre aux urnes, qu'il se dévoile au plus vite. Parce que, s'il faut se fier aux courriels que nous recevons depuis des années (et dont la teneur n'a pas vraiment changé depuis qu'il est devenu chef de son parti), il y a longtemps que le Stéphane Dion première mouture est connu et que les opinions sont cristallisées à son sujet. Et, comme on pourra le voir dans les courriels suivants, il n'est pas beaucoup aimé.

«Cette élection permettra l'éradication du Parti libéral au Québec francophone. Le petit prof de science politique fera la démonstration que l'arrogance et le narcissisme ne peuvent se substituer à la sincérité. Dion récoltera ce qu'il a semé depuis 1996. Vaudrait mieux qu'il prépare son retour à l'enseignement bientôt.» (P. S. Lefebvre)

«Avec Stéphane Dion comme chef, le PLC s'en va directement à l'abattoir parce que le fédéralisme centralisateur qu'il prône n'est plus populaire. La très grande majorité des fédéralistes québécois prônent un fédéralisme décentralisateur et d'ouverture et ils voient en M. Dion un fédéraliste intransigeant. Si le Parti libéral ne se libère pas de son passé trudeauiste, les Québécois vont continuer de l'ignorer et il va tranquillement devenir un parti politique fantôme au Québec.» (Simon Leduc)

«Écouter et regarder Stéphane Dion en ce moment, c'est ressentir un énorme malaise. Même quand il monte le ton, on a envie de rire. Il est certes intelligent, mais pas assez pour avoir compris qu'il pouvait être un excellent ministre, mais pas un premier ministre. L'ambition tue son homme. Rien ne passe auprès de la population!» (Maryse Filion)

«Le PLC récolte aujourd'hui ce qu'il a semé. Dion est un continuateur de Trudeau et Chrétien.» (Jean Baril)

«Les malheurs des libéraux sont symptomatiques de l'écoeurantite aiguë des Québécois dans le sillage des abus de ce parti, qui ont culminé avec le scandale des commandites. Avec sa loi sur la clarté, Dion est encore vu, à tort ou à raison, comme l'un des piliers de ce déni des principes fondamentaux de la démocratie participative (la majorité simple).» (William Joseph MacEvoy)

Comme on peut le voir, les raisons sont multiples pour ne pas aimer Stéphane Dion. Quand ce n'est pas à cause de lui-même, de son style et de sa personnalité, on revient sur son passé et sur celui du PLC: époque Trudeau, loi sur la clarté référendaire, scandale des commandites, etc.

Ce n'est donc pas si surprenant que, malgré le nouveau look décontracté et les nouvelles lunettes, malgré le plan vert et malgré l'unité retrouvée (du moins en apparence) du PLC, Stéphane Dion se classe derrière Stephen Harper et Jack Layton à savoir qui ferait le meilleur premier ministre. Si Stéphane Dion pense vraiment qu'on va arriver à le voir sous un jour nouveau, qu'il se dépêche, car il a toute une côte à remonter...

pgagne@lapresse.ca