Demain, je me lance de nouveau dans mon sport extrême: le Marathon de Montréal. Ne riez pas. Je sais de quoi je parle: ce sera mon sixième. Mais mon dernier remonte à plus de 20 ans.

Un sport extrême? Je vous rappelle que le premier marathonien, un certain Philippidès, est mort d'épuisement après avoir couru la quarantaine de kilomètres séparant les deux villes grecques de Marathon et d'Athènes. Ce serait arrivé le 13 septembre en l'an 490 avant Jésus-Christ. Quelle date est-ce demain?

Et quel était le métier de ce Philippidès? Journaliste. C'est lui, le messager qui a rapporté aux Athéniens la nouvelle de la victoire des Grecs sur l'armée perse lors de la légendaire bataille de Marathon.

Quelque 2497 années plus tard, soit au début de 2008, l'agence Associated Press rapportait qu'un marathonien avait été tué... par une flèche au Kenya. Si jamais, demain, vous voyez le long du parcours du marathon un badaud armé d'un arc, veuillez s'il vous plaît lui dire que la chasse à l'homme n'est pas encore ouverte!

Bon an mal an, des manchettes rapportent que des coureurs perdent parfois la vie pendant des courses de longue distance. D'ailleurs, un coureur de 51 ans est décédé récemment d'une crise cardiaque lors du Marathon des Deux Rives, dans la région de Québec.

Je préfère l'histoire de mon ami Kees Vanderheyden. Il doit sa récente résurrection aux dizaines de milliers de kilomètres qu'il a parcourus durant sa vie de jogger. Son coeur de marathonien l'a sauvé du choc septique qu'il a subi en mai. Après deux semaines de coma artificiel et un bombardement de médicaments, il est revenu à la vie. Il reprend son boulot la semaine prochaine.

Qu'est-ce qui m'a poussé à vouloir courir le marathon de demain?

Début mai, je croise Foglia sur la «Main». Pas de mauvaise pensée: La Presse a une entrée boulevard Saint-Laurent. Il me dit: «Salut, jeune homme. Cours-tu encore?» Chaque fois que je croise Foglia, quatre fois l'an, il me pose toujours la même question. Pour une rare fois, je lui ai répondu non.

«Ah, pourquoi?

- Parce que je joue beaucoup au tennis. Je manque de temps. »

Il a fait la moue.

Fin mai, lors d'une réception, je rencontre le scénariste Pierre-Yves Bernard. Je lui dis: Cou'donc, as-tu suivi une cure de rajeunissement? «Non. Je m'entraîne. Je cours. Tu devrais t'y remettre, toi aussi.» Il venait de courir le Marathon d'Ottawa. Après avoir passé trois ans dans les bars enfumés de Montréal (Minuit, le soir) et une année à s'envoyer en l'air (Dans une galaxie près de chez vous 2), monsieur l'auteur cause santé maintenant

Début juin, à la suite d'un match de tennis, je monte sur le pèse-personne: 185 livres.

Je conteste le résultat. Je monte sur une autre machine. Même chiffre. Encore une erreur

Depuis plusieurs mois, England (Diane, ma femme) ne ratait jamais l'occasion de me rappeler que j'arrondissais de plus en plus. Tu manges trop. Tu te bourres de pain, de boissons gazeuses, de dessert. La vieille rengaine. Même Yan et Katia (nos deux grands enfants) se sont mis de la partie pour exercer de la pression sur le poids du bonhomme.

Mi-juin, ça va faire. J'annonce à la famille que j'ai repris l'entraînement en vue de courir le prochain Marathon de Montréal et de maigrir.

«Mais t'es fou!» me disent-ils en choeur. Un peu... Mon programme d'entraînement se résume à courir quotidiennement aussi longtemps que j'en ai le goût et ainsi accumuler le plus de centaines de kilomètres possible. Ça joue généralement autour d'une heure. Au retour à la maison, je le complète avec une courte séance d'exercice physique.

Une parenthèse. Avant de me perfectionner en finances et de devenir journaliste, j'ai exercé durant une courte période, au début de la vingtaine, un autre métier: éducateur physique. J'ai donc puisé dans ce qu'il me restait des connaissances acquises durant mes années de B.Sc. éducation physique (kinésiologie) pour redécouvrir qu'on avait quelque 640 muscles à traîner Oh boy!

Maintenant, tu as beau avoir de l'expérience (cinq marathons) et une certaine connaissance de la mécanique humaine, cela ne te met pas à l'abri de la gaffe. Deux exemples.

Il y a un mois et demi, je teste le bonhomme. Le défi: courir sans arrêt jusqu'au «Pain de sucre» du mont Saint-Hilaire à partir du pied de la montagne et redescendre le plus rapidement possible. Test réussi. Mais le lendemain matin, vive douleur au talon du pied gauche. Je poursuis quand même mon entraînement, en clopinant.

Coup de chance. Je croise au supermarché mon sportif ami vétérinaire Jacques Dupuis, et il me chuchote la solution qu'il avait trouvée pour régler semblable blessure. Et Pitou Girard a retrouvé le bon pas.

Autre super gaffe. La semaine dernière, je suis en vacances à Naples, en Floride. Un de ces midis, je décide de me taper un long parcours. Soleil de plomb. Il fait 102 degrés Fahrenheit (genre 38,8 Celsius). Pour la première fois de ma longue vie de joggeur, j'ai craqué. Après une heure et demie, j'étais fini. Plus capable de courir. Je suis revenu à l'hôtel en marchant Et j'ai bu de l'eau. Elle était tellement bonne.

Le marathon de demain, c'est tout un événement familial. Fiston revient de Los Angeles de nuit pour «m'assister» au départ. Ma fille Katia va courir son premier «5 km course». Après la course de sa mère, Maïna, du haut de ses «3 ans, 5 mois et 7 jours», à cet âge-là, la précision est importante, va amener la tribu familiale le long du parcours.

J'attends avec impatience son premier «Let's go Mimi».

Ma question de nobody: pourquoi avoir ajouté une distance de 195 mètres aux 42 kilomètres du marathon. Ça me bogue, ces 195 mètres Heureusement que j'ai 22 livres en moins à traîner!